Chapitre 8 - Spin Off

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Mercredi 1er septembre

Vicky jouait avec les bords de sa chemise. Au moindre bruit, il relevait la tête. Finalement, à force de froisser le tissu, il s'obligea à poser les mains sur ses cuisses, mais le stress prit le relais. Il secouait ses jambes quand la porte s'ouvrit enfin sur Mickaël. Vicky se leva si brusquement que sa chaise percuta le mur derrière lui. Mickaël lui jeta un sourire avant de s'écarter. Et celui de Vicky naquit aussitôt.

Il fit le tour de la table et se précipita dans les bras de sa mère.

—  Mammina !

—  Mio bambino...

Ornella entoura son fils. Elle le serra si fort que les sanglots de Vicky éclatèrent avant même qu'elle ne prononce le moindre mot. Un mois qu'elle ne l'avait pas vu. Elle n'aurait même pas dû avoir le droit de le rencontrer, mais parce que Vicky se comportait bien, les dix minutes d'appel hebdomadaire s'étaient transformées en quelques minutes de visite.

—  Je vous laisse, je reste à côté si besoin... murmura Mikaël d'un ton si bas qu'il doutait que l'un des deux l'eût entendu.

Il referma la porte sur l'intimité de cette petite famille, touché mais confiant.

Vicky pressa sa mère avec un peu trop de force peut-être, mais Ornella ne s'en plaignit pas. Elle caressait ses cheveux noirs et le laissait profiter d'elle. Malgré sa grande taille et sa maturité, Vicky restait son enfant, son petit, son bébé.

—  Pardon, maman ! Pardon... Je suis désolé... Je...

Ornella appuya sur l'arrière de la tête de Vicky avec délicatesse. Elle le maintenait contre son épaule, cherchait à calmer le torrent d'émotions trop longtemps contenues.

—  Chhhht... Andrà tutto bene, mon grand bébé d'amour... (ça va aller)

La poitrine soulevée par quelques hoquets, Vicky fut incapable de s'exprimer avant une longue minute. Il profitait de sa mère, de son parfum, de celui de sa lessive, les yeux fermés.

—  Je suis content de te voir... parvint-il à articuler.

La faiblesse dans sa voix brisa le cœur d'Ornella. Mais elle resta forte. Elle le devait, pour lui. Elle replaça une mèche des cheveux de son fils avant de s'écarter pour lui faire face. Les mains en coupe autour de ses joues, elle lui redressa le visage et essuya le pourtour humide de ses yeux.

—  Parle-moi, mon bébé. Comment tu te sens ? Comment c'est ici ?

Vicky tourna la tête. La petite salle de réunion n'offrait aucune vue sur la vie à l'intérieur du CEF. C'était une salle quelconque, bardée de murs à la peinture pastel, de plusieurs tables accolées et de chaises. Ni plus ni moins.

Vicky invita sa mère à s'asseoir - il sentait ses jambes flageoler - et prit une profonde inspiration, cherchant à revenir à ses premiers jours.

—  Ça va. C'était... dur au début. Mais maintenant je parle avec les gars. Et mon éducateur est très sympa. Après...

Vicky s'empêcha de se plaindre. Il culpabilisa, conscient de se trouver en ces lieux uniquement par sa faute. Il ne voulait pas accabler davantage sa mère, encore moins en ce jour où il la revoyait pour la première fois depuis plus d'un mois.

—  Parle, mon grand.

Ornella avança la main sur la table et Vicky la saisit aussitôt. Sa mère referma son autre main sur la sienne et l'invita à continuer, d'un tendre sourire.

—  Je me suis battu, parce que tous les gars ne sont pas sympas, et puis on ne sait pas trop pourquoi les autres sont là au début. Et... C'est compliqué parce que d'un côté je ne veux pas trainer avec des gens qui ont fait des sales choses, et en même temps je suis comme eux, si on regarde bien. Mais je me dis que c'est ma faute alors...

La Lumière noire - (L&V) T.1 + T. 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant