La Lumière noire - (L&V) T.1 + T. 2

Chapitre 3

L'adolescente laissa échapper un soupir. Le plaisir qu'elle exhalait vint bientôt s'écraser contre la paume de son partenaire.

— Shht... l'exhorta-t-il.

Leï accueillait ces gémissements contrôlés comme son propre plaisir, comme un dû, bien qu'il ne connût pas cette fille depuis plus d'une semaine. Aucun des deux ne s'en souciait. Il ne lui avait rien promis – sa réputation le précédait – et elle l'avait dragué, certaine qu'il ne dirait pas non. Elle se savait jolie ; ils prenaient leurs précautions. Rien de plus, rien de moins. Et même s'ils ne disposaient que d'un quart d'heure, le temps d'une récréation, il ne la lâcha pas tant qu'elle n'aurait pas obtenu ce qu'elle était venue chercher.

— T'es bien meilleur que mon ex, commenta-t-elle en se rhabillant.

Il lui sourit sans rien répondre. Ses yeux bleus brillaient pourtant, plein de ces pensées amères qu'il gardait pour le reste du monde en dehors de ces moments de luxure. Ce silence dérouta l'adolescente. — Est-ce qu'il y a moyen qu'on se revoie ? demanda-t-elle, repositionnant correctement son soutien-gorge.

— Tu m'verras sûrement dans les couloirs, ouais !

Il réajustait son jean et se décida à déverrouiller la porte des toilettes. Il se montrait fidèle à lui-même, cette partenaire-ci ne ferait pas exception à la règle. Sans un mot de plus, elle sortit la tête haute, imperméable aux rires des garçons qui la regardèrent passer.

— T'as encore fait des tiennes Le Roi ? s'amusa un terminale.

— Eh, laissez Landry, d'accord ? Il essaye de battre son record, répondit un autre, tout sourire.

— Ouais. Heureusement que c'est pas le tien de record. Parce que celui-là je l'avais dépassé à seulement douze ans, répliqua l'intéressé.

Un large sourire aux lèvres, Leï se lavait les mains, le regard rivé sur le miroir où se reflétaient ses camarades de classe. Les rires fusèrent comme chaque fois qu'il ouvrait la bouche pour laisser échapper quelque sarcasme.

— Pouh, Sammy qui vient de se prendre un direct là !

— Je vous emmerde ! répondit ce dernier.

Il passa un bras autour des épaules de Leï, conscient que malgré sa vie sexuelle variée, ce garçon-là ne supportait que peu le contact physique.

— T'as de la chance que je t'aime bien, Landry. Parce que sans quoi, je te casserais ta petite gueule d'ange là. Je te prendrais en un contre un à moto et je te roulerais dessus à la fin.

Tout sourire, Leï se dégagea de son emprise et secoua ses mains mouillées sur lui.

— Ah, mais tu fais chier ! s'exclama Samuel, essuyant son visage de sa manche.

— Je t'en prie. Prends-moi et passe-moi dessus. J'attends que ça !

Sa réponse déclencha une nouvelle salve de rires.

— T'es qu'un enculé !

— Je t'ai déjà dit que c'est pas une insulte si c'est vrai, Sammy chéri. Allez, bisous.

Les rires goguenards lui parvinrent, même une fois sorti du local. La plaisanterie s'effila pourtant bien vite hors de ses lèvres. Ne restait que son habituel air placide.

***

— P'tain, finir par une heure de maths, frère. C'est quel genre de malédiction ?

— Allez, courage. Tu as une heure de perm pour t'y faire.

Victorien tapotait l'épaule de Diego dans une vaine tentative de le revigorer pendant qu'une cohue d'élèves se bousculait pour sortir de la salle, libérant ainsi les lieux.