Chapitre 13 - Spin Off

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Mercredi 9 novembre

Vicky sentait son estomac se retourner à mesure que les couloirs de l'hôpital défilaient. Devant lui, une feuille à la main, Mickaël avançait, imperturbable. Ses cheveux plus courts lui donnaient un air davantage strict. Mais l'absence de ses boucles brunes n'entachait en rien le franc sourire qui habitait son visage.

En face d'une chambre, un surveillant pénitentiaire tapotait sur son téléphone. Assis sur une chaise de plastique, il ne s'aperçut de la présence de Mickaël que lorsque ce dernier lui brandit la feuille presque sous le nez.

— Autorisation du juge.

Il n'attendit aucune réponse et avança vers la chambre. La main sur la poignée, il prit tout de même le temps de se retourner vers Vicky.

— Si tu veux bien rester là, s'il te plait.

Vicky ne s'était pas attendu à cela. Il ne comprenait pas bien l'intérêt pour lui de se trouver ici s'il ne pouvait pas rencontrer Gabriel, mais il acquiesça, comme toujours. Il se détourna de la porte pour montrer sa bonne foi. Et lorsqu'elle se referma, l'envie d'y coller l'oreille pour tenter d'écouter se réveilla. La présence du surveillant l'en empêcha. Ce dernier ne lui adressa pas un regard, si bien que Vicky se mit à tourner en rond.

Une fois de plus, il se retrouvait à observer le ballet des soignants qui évoluaient au gré des bips de scopes et de pousse-seringues électriques. Il ne ressentait plus rien. Même si les structures des hôpitaux différaient, même si les couleurs pâles des murs se succédaient, il lui semblait qu'une seule et unique immense entité supervisait ces lieux. Les odeurs de désinfectants et d'antiseptiques couplées aux plateaux-repas servis en chambre imbibaient l'air. Il ne comptait plus le nombre de passages aux urgences effectués à cause de sa mère. Et puis il avait eu Leï. Il avait fini par s'habituer à cette ambiance. Si la plupart des gens – et Leï n'y faisait pas exception – détestaient les hôpitaux, Vicky préférait en retirer le meilleur.

Les gens ont peur de la maladie et de la mort... Mais après tout, s'il n'y avait pas d'hôpitaux, il n'y aurait nulle part où se soigner, nulle part où guérir. Nulle part où se sauver de la mort. Même si certains y meurent, d'autres y naissent. Et d'autres fêtent leur sortie alors... je ne crois pas que je devrais détester tout ça. Ça me fait peur, mais ce sont les seuls à m'aider quand je ne sais plus quoi faire avec Maman... Et ils ont sauvé Leï... Ils ont...

La porte s'ouvrit et Vicky releva la tête en même temps que le surveillant. Mickaël prit soin de la refermer derrière lui et son attention se braqua droit sur Vicky. Il lui fit signe de s'approcher. Vicky jeta un rapide coup d'œil à l'agent pénitentiaire qui était retourné à son écran, insouciant.

— Je n'ai pas le droit de vous laisser seuls, murmura Mickaël.

Vicky dissimula sa déception du mieux qu'il le put. Cela ne devait pas être suffisant, car Mickaël jucha un sourire sur ses lèvres.

— Donc officiellement, je ne vous laisse pas seuls. Je vais juste chercher un coca pour Gabriel.

Vicky comprit le message et se retint d'éclater de joie. Mickaël tapota son épaule et se pencha pour que seul Vicky l'entende.

— Mais vas-y doucement d'accord ? murmura-t-il. Je pense que ça lui fera plaisir de te voir. Ne me fais pas regretter de te faire confiance...

Vicky hocha vivement la tête. Il n'était tout à coup plus très certain d'avoir envie de faire face à Gabriel. Mais il le devait. Il avait supplié Mickaël, leur référent à tous deux.

— Tu veux quelque chose ? s'enquit ce dernier, le porte-monnaie dans la main.

Vicky refusa poliment. Il attendit que Mickaël s'éloigne et posa la main sur la poignée. De l'autre, il toqua. Il ne sut s'il entendit une réponse vague ou si le bruit venait d'ailleurs. Dans le doute, il poussa la porte, les joues roses et la gorge sèche.

La Lumière noire - (L&V) T.1 + T. 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant