Une minute [larry]

Partie cinq

A son arrivée à la résidence, au beau milieu de la nuit, Harry avait cru que le peu de personnes qu'il avait croisé étaient au courant pour ce qu'il s'était passé avec Louis. Comme si c'était écrit sur son front qu'il avait passé la moitié de la nuit à embrasser un garçon. La couleur que prenaient ses joues à chaque fois qu'il y pensait cependant, pouvait laisser croire qu'il était tombé amoureux. Heureusement pour lui, à une heure aussi avancée, tous les couloirs étaient plongés dans la pénombre et personne n'aurait pu voir l'air sur son visage, ni même peut-être le reconnaître. Alors sur ce point, tout allait bien et Harry avait pu aller se coucher paisiblement, avec des papillons plein le ventre et des souvenirs tout frais dans la tête.

Néanmoins, le réveil—à treize heures— fut lui, bien plus violent que ce qu'il avait espéré. Il aurait aimé se réveiller avec un message de Louis alors qu'il n'avait pas pensé à prendre son numéro de téléphone. Quel idiot. Sinon, non, Harry ne vivait pas dans un conte de fées. Ce qui le poussa à ouvrir les yeux pourtant si bien endormis sous la couette, furent les tambourinements de Nora contre la porte de sa chambre.

Il se leva péniblement, enfila son t-shirt qui traînait au sol puis se dirigea en direction de l'entrée de la pièce. Le poing de son amie contre la porte fit un boucan pas croyable. Ainsi, il se dépêcha davantage et finit par lui ouvrir la porte. Nora, droite sur ses pieds sur le seuil avait un air préoccupé sur le visage. Elle au moins, avait l'air d'être plus fraîche et matinale que Harry.

— Excuse-moi de te déranger pendant ton sommeil, j'avais deviné que tu devrais toujours être en train de dormir, mais il faut absolument que tu viennes voir ce que les jardiniers ont trouvé il y a quelques minutes.

Harry s'habilla en quelques secondes puis rejoignit ensuite Nora qui l'attendait dans le couloir.

En marchant à ses côtés, il put sentir à quel point elle était tendue et cela le stressa. Que pouvait-il s'être passé pour que Nora soit dans cet état là ? Il balaya tout de suite la dizaine de potentielles réponses qui se bousculaient déjà dans son esprit car, ils arrivèrent déjà dans le hall de l'immense maison. Harry accéléra inconsciemment le pas au côté de la jeune femme afin d'arriver plus vite dehors.

Ensemble, ils descendirent les marches en pierres qui menaient au jardin extérieur. Enfin, jardin fut un faible mot pour décrire la propriété qui s'étendait des kilomètres au loin. Le sentier possédait donc le jardin, l'espace commun de la plupart des résidents où travaillaient plusieurs jardiniers, et puis plus loin, il y avait une épaisse forêt que Harry n'avait jamais osé découvrir. Il savait par contre ce qui la composait à cause de toutes les histoires qu'il avait entendu dessus, comme l'existence d'un bassin dans lequel se déversait une cascade.

Nora mena Harry au niveau de l'orée de la forêt, là où se bousculaient déjà un tas de jeunes. Autour d'eux, plusieurs conversations furent échangées et Harry ne réussit qu'à entendre qu'un morceau de chaque et se perdit parmi toutes ces voix. Il se contenta de garder le silence et de suivre Nora au milieu des chemins broussailleux et rempli d'herbes sauvages. L'odeur des sapins s'infiltra aussi dans son nez, ainsi que plein d'autres senteurs qu'il ne daigna pas renifler proprement. Les voix graves qui se faisaient entendre un peu plus loin entre les arbres attirèrent plus son attention, et son anxiété aussi. Harry sentit son coeur s'agiter et son angoisse monter d'un cran. De plus, Nora ne dit rien, ne se retourna même pas vers lui pour vérifier qu'il la suivait toujours. Elle marcha juste sans jamais s'arrêter.

Les pas entre eux et l'agitation plus loin se réduisaient progressivement. Bientôt, Harry reconnut plusieurs hommes et femmes portant des tenues de pompiers et d'infirmiers, ainsi que des personnes hautement placées.

Ils s'approchèrent le plus possible, jusqu'à ce qu'une femme d'une quarantine d'années les arrêtent poliment.

— Regarde.