Partie deux

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Comme convenu dans sa tête la veille, Harry passa le début de matinée à la bibliothèque du domaine, plus précisément dans la section archives. En général, cet endroit était celui qu'il évitait le plus parce qu'il lui donnait la chair de poule. Cette énorme pièce sombre presque entièrement remplie de meubles en bois et d'épais tapis en velours aurait été parfaite pour un tournage de film d'horreur. Étagères, tables, chaises, bureaux, livres...tout semblait contenir à l'intérieur un esprit maléfique.

Tout comme lui, personne n'osait vraiment y aller, à l'exclusion de ceux qui avaient besoin de quelque chose. Il se demandait comment la bibliothécaire et les deux assistants faisaient pour travailler quasiment tous seuls dans un endroit aussi lugubre. Personne ne croisait jamais les deux autres jeunes de toute façon et personne n'allait l'air de s'interroger à leur sujet. Harry non plus d'ailleurs. Remonter l'allée principale de la bibliothèque lui donnait déjà assez de frissons pour en plus se préoccuper de l'attitude mystérieuse des gens autour.

Ses idées n'étaient pas très claires et son esprit fort embrouillé en raison du peu de sommeil qui l'habitait actuellement. La nuit avait été plutôt courte. Il était à l'affût du moindre bruit qui se fit entendre autour de lui et sursauta quand un lit tomba au sol dans un son sourd et résonnant. Sa tête se tourna en direction de l'écho, où se trouvait finalement une fille qu'il connaissait de vue seulement. L'air expressif sur son visage fut désolé et gêné de lui avoir visiblement fait peur. De loin, Harry lui sourit et pressa le pas. Il sentit son coeur tambouriner dans sa poitrine tout en traversant la longue pièce. Être enfermé entre ces quatre spécifiques murs avait le don de faire monter d'un cran son anxiété.

La salle des archives contenant tous les dossiers des enfants de Copenhague se trouvait au fin fond de la bibliothèque, dans une pièce bien plus angoissante et sinistre que celle-ci. Harry s'y était rendu une seule fois auparavant, et il était accompagné d'une personne haut placé. En temps normal, il n'avait pas vraiment le droit d'y entrer sans permission. Voire pas du tout. Il espérait du fond du coeur que personne ne s'en apercevrait. Il n'osa pas imaginer ce qui lui arriverait si quiconque découvrait ce qu'il avait prévu de faire, surtout pour une telle situation. Si ce garçon n'était pas sur sa liste, c'est qu'il y avait une bonne raison.

Là où il se rendit, il n'y avait aucune lumière naturelle. Il compta alors actuellement beaucoup sur la torche de son téléphone, en espérant qu'une fois arrivé en bas de l'ancien escalier, la lumière fonctionne. Car évidemment, la pièce se trouvait au sous-sol, auquel cas cela n'aurait pas été drôle. Alors il descendit, prêt à sentir la vie quitter son corps à tout moment. Les marches sur lesquelles se posèrent ses pieds grincèrent violemment et menacèrent de se briser sous son poids à tout moment. Avec un boucan pareil, quelqu'un allait forcément se rendre compte de sa présence. Il se faufila rapidement dans le couloir étroit en tâtonnant sur les murs dans l'espoir de tomber sur l'interrupteur. Il le trouva finalement à mi-chemin, chose totalement étrange selon lui. Au moins désormais, une faible ampoule grésillante illuminait le couloir jusqu'à la porte au bout. Peut-être qu'au final, il aurait préféré rester dans le noir complet.

Il ne traîna pas. En quelques secondes à peine, il eut atteint la porte. Après avoir enroulé ses doigts autour de la poignée froide, il appuya dessus et ouvrit la porte. Une forte odeur de renfermé vint s'immiscer dans ses narines. Ce fut terrible à sentir. Plus vite il ressortira de là, mieux ce sera. 

La pièce, plongée dans le noir complet, était simplement meublée d'un bureau, et de dizaines de boîtes en acier dans lesquelles se trouvaient tous les dossiers. Tous les enfants de Copenhague. Son affaire allait peut-être prendre un peu plus de temps qu'il ne l'avait prévu. C'est pourquoi il se mit au travail sans tarder.

À l'aide de la lumière sur son portable, Harry éclaira chaque étiquette collée dans le coin gauche des boîtes. Elles étaient toutes répertoriées par quartiers, puis ensuite, à l'intérieur, classée par rues. Alors il chercha. Frederiksberg, Østerbro, Vesterbro... Indre By ! La voici. Le centre-ville de Copenhague se nommait Indre By. Et ce garçon habitait à Nyhavn, qui était à la fois le nom du canal, ainsi que du port et des immeubles qui les entouraient.

Une minute [larry]Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα