Chapitre 18 _ Epilogue

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Il papillonna des yeux, sortant doucement du sommeil. La seule lumière qui lui parvenait était celle de la ville qui se diffusait dans la pièce depuis les fenêtres de sa chambre d'hôpital. La première fois qu'il s'était réveillé, le bruit incessant des machines l'entourait et la lumière du jour l'avait aveuglé comme s'il avait regardé le soleil sans lunette. Cette fois, seul le bruit du respirateur et de l'électrocardiogramme pouvait se faire entendre. L'odeur d'antiseptique parvenait jusqu'à ses narines, chatouillant son odorat. Il prit plusieurs grandes respirations saccadées avant d'éternuer le plus silencieusement qu'il le pouvait ( ce qui n'était pas aisé ). Un tiraillement naquît dans son poumon mais sans aucune autre gêne apparente. Les médecins l'avaient prévenu : il avait survécu, dieu sait comment, mais il aura des séquelles visibles autant qu'invisibles. Les racines auront laissé des traces permanentes principalement sur son torse et dos et plus légèrement sur les autres zones touchées, mais les conséquences principales seront respiratoires et vocales. Il ne pourra pas chanter avant deux à trois semaines minimum, il devra pratiquement repartir de zéro pour son endurance et la conséquence la plus importante était sur sa capacité physique. Ayant perdu beaucoup de poids et de muscles, il lui faudra un mois minimum - en mangeant de bonne quantité aux repas - et beaucoup de séance de musculation avant de pouvoir retourner sur scène. Et malgré tous les aspects négatifs, il ne pouvait empêcher un sentiment de chaleur se répandre dans tout son corps. Il s'amusait à écouter et sentir son cœur battre, envoyant le sang à un rythme régulier jusqu'au bout de ses doigts, résonnant dans ses oreilles comme les tambours d'un orchestre. Il était en vie. C'était ce qui lui importait le plus, car il avait réussi. Il était passé à autre chose et la maladie était partie. Pouf ! Disparue ! Désagrégée ! Plus de pétales. Plus de feuilles. Plus de sang. Plus de malaise. Plus rien. Libre. Il était libre.

Il sentit un mouvement à coté de lui tandis que quelque chose écrasait progressivement de plus en plus sa main. Il se redressa légèrement dans le lit pour pouvoir connaître l'identité de la personne écrasant sa pauvre main. Il perçut dans la pénombre une tête blanche qui reposait sur le rebord du lit, un bras servant d'oreiller tandis que l'autre était étendu pour saisir sa main. Un sourire naquît sur son visage. Malgré le fait qu'il ne pouvait distinguer son visage, il devinait parfaitement l'identité de la personne assoupie. Peu de personnes, en dehors de sa mère, dans son entourage avait de si petites mains. Il le vit changer de position pour en trouver une plus confortable. C'est à ça qu'il sut qu'il était éveillé, ne serait-ce que partiellement ( il avait le sommeil léger mais ne bougeait que peu quand il dormait dans ce type de condition ). Il préféra ne pas le déranger et le laisser se rendormir. Il savait qu'il l'avait veillé au point d'avoir des poches noires sous les yeux quand il était toujours au verge de la mort ; il méritait bien de se reposer au moins quelques heures. Mais il essaya tout de même de dégager sa main dans laquelle il pouvait sentir son sang fourmiller de la pointe de ses doigts jusqu'à son coude, remontant progressivement jusqu'à son épaule. Mais alors qu'il arrivait enfin à se dégager de la prise ferme du plus jeune, sa main se refit faire prisonnière presque aussitôt, plaquée sur le matelat.

« Bouge pas. »

Il pouffa en entendant la voix ensommeillée d'Hongjoong percer le quasi silence de la pièce. Il grommela encore une ou deux autres choses tout en tournant sa tête dans sa direction. La seule chose qui lui indiqua qu'il avait les yeux à demi-ouverts était les reflet des lumière de la nuit qui venaient pailleter son regard.

« Tu éternues trop fort. »

Il haussa des épaules. Ce n'était pas de sa faute si ses narines le chatouillaient lorsqu'il prenait de trop grandes inspirations. Mais il abandonna de se séparer de son emprise. C'était en quelque sorte rassurant de savoir qu'il y avait quelqu'un, de ressentir la chaleur d'un autre corps dans cette pièce froide et impersonnelle. Hongjoong s'était porté volontaire pour le veiller malgré que les autres insistaient pour prendre sa place, mais tête de mule qu'il était, il n'en avait pas démordu. Ses parents - qui avaient été prévenus dès son admission à l'hôpital - étaient retournés dans la chambre d'hôtel qu'ils avaient pris pour être au plus proche de lui. Lui-même avait essayé de le convaincre de rentrer pour aller se coucher mais au fond, il était content qu'il ait refusé ; de la compagnie était toujours appréciable dans la solitude de ce lieu. Il fut prit d'un frisson, la pièce s'étant nettement rafraîchie depuis le début de la nuit, causant aux fourmillements de remonter jusqu'en haut de son bras et donc de le secouer vivement et involontairement. Hongjoong grogna de nouveau alors qu'il avait refermé ses yeux à la recherche de sommeil.

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