Nous sommes les Sauveurs [Here's Negan I Prequel The Walking Dead]

IX. A la recherche du Sanctuaire

Darius le menait aux chambres situées au premier étage, Negan le suivait dans l'immense corridor, méfiant. La guerre était déclarée entre les deux hommes, il ne restait plus qu'à attendre le premier coup de feu. L'ambiance morbide de la situation se reflétait sur les murs, tachés de sang. Les victimes de l'épidémie avaient été touchées de plein fouet, les occupants de l'hôtel s'étaient entre déchirés :

- Tu n'essaierais pas de me baiser par hasard ? jeta t-il perfide avec un soupçon d'ironie déplacée. C'est que je n'en vois pas la foutue sortie de ce satané couloir... Le plus vieux se retourna, illuminé par cette sournoiserie qui lui allait tant. Le brun se figea, il eut la désagréable impression de voir son reflet.

- Ne t'en fais pas Negan, je ne vais pas te la faire à l'envers... Pas aujourd'hui. On est presque arrivés, tu vas enfin pouvoir voir tes nouveaux quartiers !

- Jusqu'à ce que tu tentes de me buter... Il pila pour approcher une main faussement conciliante à son épaule.

- Pas avant de t'avoir montré ta nouvelle chambre... déclara t-il d'un ton solennel en levant la clef à hauteur de son visage.

Le voir jouer avec lui le faisait fulminer de rage. S'il n'arrivait pas à prendre l'avantage verbalement, il ne lui restait plus que la force brute. La frustration ressentie alors que l'autre le toisait amusé, le força à lâcher un sourire terriblement enjôleur, camouflant la tension funeste qui l'habitait. S'il ne tuait pas, il ne lui restait plus que l'art de la séduction pour apaiser les âmes. Pour apaiser son âme. Darius lui répondit en levant un sourcil, il ouvrit la porte sur une grande chambre lumineuse. L'homme entra, tandis qu'il restait derrière à l'écart :

- Voilà où tu pourras te reposer et trouver un peu de tranquillité...

- Un endroit où je pourrais réfléchir à comment me débarrasser de toi. Contrarié, l'aîné ria amèrement.

- Aussi oui, je te l'accorde...

Ils restèrent silencieux, Negan inspectait son nouvel environnement :

- Tu n'entres pas ? se tourna t-il vers l'intéressé qui restait sur le pas de la porte.

- Entrer dans cette chambre avec toi reviendrait à signer mon arrêt de mort, je préfère attendre encore un peu que les choses se compliquent. Il y a un certain challenge qui se crée, lorsque l'on côtoie son ennemi... Surtout lorsque l'on sait que l'on peut y passer à n'importe quel moment !

Son ricanement moqueur en disait long sur ses motivations. Negan s'empressa de se vautrer sur le lit, savourant un matelas bien plus confortable que la dureté du sol qui l'avait accueilli ces derniers temps. Darius partit comme si de rien n'était, l'esprit habité par la compétition. Si tout cela n'était qu'un jeu, il n'y aurait qu'un gagnant et le prix de la défaite serait la mort.

Il patientait, immobile sur le dos, les mains derrière la nuque. La batte de baseball reposait près de lui. Tout était calme dans ce lieu désormais sécurisé, toutefois, l'homme s'y sentait étrangement mal à l'aise. Les murs étaient en parfait état, recouverts d'une tapisserie jaunie. Les meubles en bois étaient anciens, mais question décoration, il ne ferait pas le difficile. Un souvenir assez drôle lui revint en mémoire, et il se surprit à rire seul dans la pièce. Lucille et ses talents de décoratrice. Lucille et ses manières lors de chaque ménage de printemps. Combien de fois était-il rentré chez lui, sans reconnaître le lieu après qu'elle ait changé les meubles de place ?

Néanmoins, ce passé était révolu, ce n'était que des souvenirs. Il fallait les oublier pour ne pas les laisser dévorer l'être détruit qu'il était à présent. Les claquements de dents des cadavres résonnèrent soudainement, puis apparurent leurs faces déchiquetées aux yeux inanimés. Le film se répétait souvent. Quand le silence prenait de l'importance, il sombrait dans ce quotidien tristement macabre. Les cris. Le sang. L'odeur. La mort.