67 : Rétablissement et confidences.

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Bon évidemment, mon après-midi dans une chambre d'hôpital japonais relevait plus de la découverte du système de santé local que de véritablement une urgence médicale. Une fois que j'ai eu ma dose d'adrénaline, ma respiration est devenue sans gêne, et même si les ambulanciers ont insisté pour me placer en observation, au bout d'une heure, tout est revenu à la normale, mais je reste quand même assise sur un lit d'hôpital dans l'attente que l'on me libère. Peut-être en fin de soirée, quand ils verront qu'il ne vaut pas la peine de davantage s'inquiéter. Même si j'apprécie leur principe de précaution, je n'oublie pas que mon statut de sportif international à l'aube des jeux olympiques d'hiver a forcément joué un rôle pour que l'on se montre autant prévoyant. Bon, peut-être le fait que j'ai failli y passer en m'étouffant, mais c'est autre chose. Heureusement, Morten est intervenu à temps.

— Hans t'a dit si je pourrais bientôt sortir ? demandé-je à Ulrick.

Il sourit, sans doute amusé par mon impatience digne d'un petit enfant. Lui, ce serait peut-être le parent qui implorerait l'hôpital de me garder une semaine parce que « on ne sait jamais », mais personnellement, j'en ai déjà marre d'attendre. Je vais bien maintenant.

— Je ne sais pas, il parlait avec un médecin tout à l'heure, et il alternait les coups de téléphones à je-ne-sais qui. Mais je suis sûr qu'il nous dira vite.

Je hoche la tête, essayant de prendre mon mal en patience. Ulrick attend avec moi en silence, comme il en a l'habitude et comme on s'en acclimate bien.

— Tu peux me passer mon pull, s'il te plait. J'ai froid.

Ulrick est sorti de ses pensées et attrape mon habit sur le dossier derrière lui, et que l'on avait dû m'enlever le temps de ma prise de sang. Je l'enfile, réconfortée par la laine chaude qui vient à nouveau m'envelopper. Je sens ensuite les index d'Ulrick caresser mes joues, monter sur mes oreilles, avant d'attraper doucement les mèches blondes emprisonnées dans mon col pour les libérer. C'est peut-être stupide, mais je trouve ça mignon. Ulrick, il a toujours des petits gestes doux envers moi. Ce sont des petites attentions dont il n'est pas obligé d'exécuter, mais qu'il fait souvent. Libérer mes cheveux du col de mes vêtements, toujours garder une de mes écharpes dans sa voiture parce qu'il sait que je finis par avoir souvent froid quand on part en escapade, faire des salades de fruits en enlevant spécialement les morceaux de raisin dans mon bol parce qu'il sait que je n'aime pas ça, me ramener des fleurs quand il revient de chez Chris et passe devant la boutique de plantes sur le chemin du retour, parfois des chocolats parce qu'il sait que dans ce cas-là, on le partagera devant un film (où je m'endormirai à la moitié). Aimer vraiment quelqu'un, c'est sans doute ça. Se souvenir de tous les petits détails auquel il est sensible, et en faire son habitude. Et ça rend encore plus amoureux.

La porte s'ouvre justement sur nous, avec une désinvolture à la Cynthia, mais qui laisse au contraire découvrir la silhouette de Morten.

— Excusez-moi, j'aurais dû toquer, je suis désolé.

— Non, t'inquiète, en rigole Ulrick.

— J'étais avec Hans, et il voulait te parler Ulrick. Il faudrait que tu ailles le voir.

— Ok, pas de soucis.

— Il est en bas, près de la réception aux fauteuils orange et aux grosses fougères. Je surveille Freya en attendant.

— Je n'ai plus trois ans, je n'ai pas besoin d'une surveillance de tous les instants, leur rappelé-je.

— C'est pour ton bien, me fait Ulrick. Allez mon ange, au lieu de râler, profite de ce petit monde autour de toi. Tu veux que je te ramène un jus multi fruits du distributeur ? Sinon, je prendrai à la Cranberry.

ArOù les histoires vivent. Découvrez maintenant