31 : Vingt ans.

4.1K 433 157
                                    

Quand j'ouvre les yeux au petit matin, je m'aperçois qu'Ulrick est déjà réveillé. Il est allongé face à moi, un immuable air sérieux sur le visage. Mes lèvres s'étirent en un sourire, alors que je viens doucement effleurer sa paupière gauche, avant de glisser mes doigts le long de sa cicatrice, tout en silence, et finir par caresser sa joue.

— Tu n'es pas parti au petit matin, murmure-t-il doucement.

Mon dieu, sa voix rauque et ensommeillée de bon matin pourrait me rendre folle. Il pourrait me dire n'importe quoi avec, je l'écouterais des heures durant. Je ne plaisante pas. Il pourrait lire à voix haute une notice de micro-onde avec sa voix matinale, je serais en extase (c'est à peine exagérer).

— Apparemment non.

— Cela me permet de te souhaiter un bon anniversaire, Freya Iversen.

Je souris, le rouge aux joues. Vous avez un Ulrick quasiment nu, avec une voix grave qui vient vous souhaiter vos vingt ans, vous ? C'est un indispensable pourtant.

— Merci beaucoup.

Ulrick sourit à son tour, avant de se pencher vers moi et d'embrasser avec une lenteur absolue mes lèvres. Puis-je dire que c'est la meilleure façon de commencer la journée de ses vingt ans ? Oui. Mais il me rendrait folle. J'esquive rapidement un regard vers le réveil, indiquant qu'il est huit heures passées. Freya, lève-toi...

Ulrick éloigne son visage de quelques centimètres, sans doute après avoir senti que je ne répondais plus à ses lèvres contre les miennes.

— Tout va bien ?

— Oui. C'est juste qu'il faudrait que je rejoigne ma chambre. Connaissant Cynthia, elle est bien capable de débarquer à l'improviste pour me faire une surprise d'anniversaire.

— Je croyais que tu n'avais dit à personne que c'était ton anniversaire ?

— Je ne l'ai pas dit. Mais tu connais Cynthia...

— Pas faux, admet Ulrick avec un sourire. Vas-y vite, au cas où elle t'ait préparé des stripteaseurs.

Je quitte donc sa chambre à pas feutrés, sans un mot, dans un silence trop précieux qui constitue un peu notre secret. 

Je rejoins la pièce qui est censée me servir de chambre à Prague, sélectionne quelques vêtements dans ma valise, et entre dans ma salle de bain après avoir bien écouté au travers des murs que Cynthia ne se dirige pas vers ma pièce. Mais l'isolation est bien faite, alors je pars me changer. La seule chose qui me surprend, alors que j'enfile mon pull, c'est la sonnerie de mon portable. Je finis d'enfiler les manches avec maladresse, gesticulant un peu comme les pingouins qui courent sur la banquise, avant d'attraper mon téléphone :

— JOYEUX ANNIVERSAIRE FREYA ! hurle la voix de Maja.

— Joyeux anniversaire mon cœur, fait à côté celle de ma mère, un peu plus maîtrisée, mais tout autant joyeuse.

— Merci beaucoup ! C'est trop gentil de m'avoir appelée ! Je vous aime tellement !

— Vingt ans ma chérie, ça passe tellement vite.

— Maman, tu lui dis ça chaque année, et c'est pareil pour moi.

On éclate de rire suite à la remarque de Maja, avant que ma mère ne reprenne :

— Ça se passe bien pour l'instant ? Ton hôtel est bien ?

— Oui, la chambre est super moderne, et les lits trop confortables. Et hier, on a pu visiter Prague, c'est super joli. On fera probablement ça aussi aujourd'hui.

ArOù les histoires vivent. Découvrez maintenant