Un dieu de feu et de haine

Start from the beginning
                                    

Comme Sasuke l'avait promis, le feu commença à baisser dans ses nerfs abusés au bout de deux heures. Le soleil avait presque atteint son zénith, elle sentait sa chaleur débilitante sur la peau exposée de ses bras, de l'arrière de ses cuisses. Elle étouffait. Même les larmes sur ses joues lui donnaient l'impression de taillader sa peau. Mais petit à petit, ces sensations faiblissaient, s'adoucissaient. Quand elles franchirent la limite du tolérable à nouveau, les muscles d'Hitomi se dénouèrent. Elle roula sur le flanc, les membres parcourus de spasmes épuisés, et croisa un instant son regard. Elle était sans doute désormais la seule personne au monde assez brave, assez confiante ou assez stupide pour regarder un porteur de Sharingan droit dans les yeux.

Sasuke avait encore un peu changé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Quelque chose en lui avait évolué, transformant un peu de sa rage en quelque chose de plus paisible. Il remua légèrement, juste assez pour que son ombre se place sur elle, sur son visage, et protège ses yeux abusés du soleil. Elle battit lentement des paupières en signe de reconnaissance, un signe qu'il avait appris à identifier des années plus tôt, alors qu'ils n'étaient que des Genin et qu'elle passait un temps infini avec ses chats.

— Est-ce que tu veux quelque chose à boire ? À manger ? Partir d'ici ? Qu'est-ce que tu fais ici, Hitomi ? N'importe lequel des ninjas dans la région donnerait sa vie sans hésiter pour une chance de te capturer et de te ramener à Kabuto.

N'importe lequel, sauf lui. Un violent frisson la traversa comme la foudre. Elle força sur ses bras pour se redresser et sursauta quand il posa les mains sur elle pour l'aider, même si la décharge de douleur dont elle se souvenait si bien ne vint pas. Il veillait à ne pas toucher sa peau avec la sienne, redoutant sans doute la même chose. Il soutint son bras, l'assista dans chaque lente, douloureuse étape du processus qui lui permit de se lever.

— On doit... Parler, articula-t-elle d'une voix pâteuse et rauque. En sécurité. À l'abri des oreilles indiscrètes.

Un sourire faible et épuisé naquit sur ses lèvres ensanglantées quand il acquiesça. Elle ne se souvenait pas avoir mordu, pourtant. Ses souvenirs étaient toujours brumeux sous la substance créée par Sasori : elle ne se souvenait que de la douleur, brûlante, dévastatrice, et de l'agonie qui s'imposait dans chacune de ses pensées.

— D'accord. Je vais t'aider à marcher, viens...

Il y avait quelque chose qu'elle ne parvenait pas à identifier dans la voix de Sasuke au-delà de la sollicitude et de la préoccupation. Elle n'avait pas la force de s'en soucier, là, tout de suite. Elle ferma les yeux et se laissa guider sans même prendre la peine de veiller à ne pas trébucher. Elle était bien trop épuisée pour ça, le fantôme de la douleur embrassant encore ses nerfs. Elle avait frôlé la mort, encore une fois. Les shinobi étaient ceux qui enduraient. Elle n'aurait pas dû ressentir de surprise ou de véritable peur, mais elle avait été terrorisée face à Sasori. Si cela lui donnait une idée de ce qu'elle allait ressentir avec Kakuzu... Elle ne serait probablement jamais capable de l'affronter.

Quand elle rouvrit les yeux, elle réalisa qu'ils se trouvaient dans une grotte, pas si différente de celle qui l'avait abritée durant sa nuit aux côtés d'Hoshihi. Elle ne se souvenait pas avoir perdu connaissance... Mais cela ne l'étonnait pas. Son esprit ne voulait pas s'accrocher au monde conscient. Il voulait la paix, le silence et une privation sensorielle qui compenserait la surstimulation qu'elle venait de traverser. Elle sourit à Sasuke en guise de salut et se redressa en position assise avec son aide.

— On est en sécurité ici. T-tu te souviens des contrats d'invocation qu'on avait trouvés quand on était enfants, sur les terres de mon clan ?

Surprise par le léger tremblement de sa voix, elle acquiesça. Il n'avait pas été intéressé à l'époque : les béliers avaient toujours été les compagnons de son père et les faucons avaient un caractère aussi fier et indépendant que le sien. En plus, il n'avait pas eu assez de chakra à l'époque... Mais maintenant, réalisa-t-elle en sondant rapidement ses réserves, il ne souffrait plus de ce genre de problème.

Quelque chose s'achève, quelque chose commence - Partie 2 : ShippudenWhere stories live. Discover now