Chapitre 20 : Règlement de comptes

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Mais il ne veut pas en rester là, il veut au moins qu'ils s'expliquent tous les deux.

Au moins se poser réellement et sérieusement une fois pour remettre correctement les pendules à l'heure. Il ne sait pas si ça marchera.

Mais il ne veut plus souffrir de ce qu'ils ont perdu.

Il se rend compte au fond de lui qu'il y a beaucoup de remords, et qu'il aurait aimé grader ce lien finalement si fidèle et précieux ...

Qu'il a grandement brisé.

Cela le travaille tout le voyage, il doit se décider.

Un coin de sa tête espère d'abord vainement que Pierre abordera le sujet, puisque c'est lui qui parlait d'en discuter ...

Mais rien.

En plus, ils ne sont que tous les deux ...

... l'occasion est trop belle, comme offerte sur un plateau d'argent.

Ils entament la dernière heure du voyage, ils roulent entre Évreux et Rouen, dans leur Normandie natale. 18h15, il sait qu'il lui reste peu de temps. Esteban se lance en restant prudent dans sa formulation :

« Pierre ... écoute s'il te plaît ... maintenant qu'on est que tous les deux ... depuis déjà quelques heures ... j'aurai aimé qu'on rediscute de tout ce qui s'est passé ... »

Le concerné fronce d'abord les sourcils, et regarde droit devant lui :

« Esteban ... je pense que ce serait mieux qu'on en parle plus tard et ... »

« Non ! » je le coupe calmement, et il retourne ses yeux vers moi : « Pierre, il faut vraiment en parler maintenant ! Cela fait un mois qu'on repousse cette conversation à plus tard ! Tu me l'as demandé, j'ai accepté. Mais on ne peut pas faire ça indéfiniment, car on va continuer puis après on ne le fera jamais ! »

Le Normand a bien veillé à utiliser le « on », considérant qu'ils doivent mettre les points sur les I ensemble, et pas séparément. Il veut montrer qu'il y tient beaucoup, car c'est vraiment ce qu'il ressent.

Le Rouennais soupire et répond :

« On arrête la bagnole quelque part où on sera tranquille. »

Le conducteur hoche la tête et sort de l'autoroute. Ils empruntent des petites routes de campagne bien secrètes. Dans un chemin, Esteban arrête la Mercedes et ils sortent : Pierre va s'adosser à un arbre, bras croisés et Esteban à sa voiture.

18h30.

Ils prendront leur temps.

Pierre relève la tête, semblant passablement agacé, et déclare :

« Alors, allons-y ! »

PDV Pierre :

« Commençons par le commencement, le karting ! » j'ajoute plus sèchement.

« Que je t'ai fait découvrir à tes 7 ans ... » je l'entends murmurer.

« On s'en fout, c'est pas le sujet - et puis j'en avais déjà fait à 6 ans avec toi, donc tu te trompes - c'est le temps qui compte ... puisque tu t'es montré moins sympa avec moi dès cette période-là ! »

« Arrête, on ne faisait que de se tirer la poire tous les deux vers nos 12 ans ... »

« Ouais, ouais, c'était surtout tu me faisais la gueule quand je finissais devant toi, tu m'ignorais complètement lorsque je te disais quelque chose, mais dès que c'était l'inverse, tu ne te gênais pas pour me parler en vantant ton super-talent ! Mais dans tous les cas, tu pouvais parler normalement aux autres ! »

Tout n'est pas perdu...[Formule 1]Where stories live. Discover now