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Je me récitai en boucle chaque pas de la chorégraphie dans ma tête. Les couples passaient les uns après les autres et la pression augmentait.
Louca, qui se tenait debout à mes côtés, me chuchota :

- Ne t'en fais pas Iris, nos dizaines de séances d'entraînement n'ont pas disparu en une nuit.

Il avait sans doute raison, néanmoins je ne pouvais m'empêcher de paniquer. Mes progrès au niveau technique avaient été, d'après les mots de Christelle "remarquables". Après les heures passées avec Louca dans la forêt, nos entraînements s'étaient considérablement améliorés. Christelle avait cessé de me crier dessus, quant à Louca et Samuel ils ne cessaient de me complimenter. Je m'étais rendue compte de mes surprenants progrès, ma manière de patiner n'était plus la même, j'avais l'impression de donner du sens à mes pas. Pourtant, la performance d'Emma au dernier tournoi me remettait une nouvelle fois en question. Sa précision, son équilibre et sa légèreté étaient impressionnantes. Elle avait tout d'une star de la glisse.

- Iris Leblanc et Louca Martin ? nous dit une femme. C'est à vous !

Mon partenaire me prit la main et nous nous sommes élancés sur la piste sous les applaudissements du public. Je n'aurais jamais cru ressentir ça de ma vie, mais l'adrénaline de la compétition s'était emparée de moi. Je ne voulais pas spécialement gagner, je voulais juste offrir un beau spectacle à tous ces gens. Bien sûr, cela serait une reconnaissance magnifique de notre travail si on s'emparait d'une médaille d'or! Mais, nous n'étions pas les seuls à nous être améliorés. Tous les couples s'étaient entraînés dur, le niveau était élevé. Avant de nous mettre en position je touchai au collier que Louca m'avait offert. "Il ne t'arrivera plus rien" m'avait-il dit. Je pris une profonde inspiration et glissai le pendentif entre ma peau et ma robe. Je sentais le froid du médaillon d'argent sur mon coeur.
Nous nous mîmes en position de départ. Notre programme libre commença. Une fois de plus. Mais ce n'était pas lassant, au contraire. S'améliorer de jour en jour, vouloir aller toujours plus loin dans les chorégraphies, glisser à en être complètement épuisée...j'en avais tellement rêver et aujourd'hui me voilà sur cette piste, à ce tournoi. Je mesurais la chance que j'avais, c'était incroyable.
Nos figures s'enchaînaient les unes après les autres. Quand Louca me prenait par la taille je m'abandonnais à ses bras, perdue dans un monde de glace. Ces instants magiques avec lui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.
Dernière note de musique et notre programme fut terminé. Louca me serra contre lui avant de saluer la foule. Puis, sous les applaudissements, nous quittâmes la piste.
Christelle nous tendit nos protèges-lames et nous félicita chaleureusement. Nous enfilâmes des vestes de survêtements et nous nous assîmes sur un banc, pour attendre nos résultats sur ce programme libre.

- C'était pas mal, dit Christelle. On reverra quelques petites choses mais je pense que nous aurons quand même un bon classement.

Les résultats mirent encore quelques longues secondes à arriver, les juges avaient de toute évidence du mal à se mettre d'accord. Louca prit ma main dans la sienne, nos regards se croisèrent et nous nous sourîmes. Je posai ma tête sur son épaule et fermai les paupières. Je n'arrivais pas trop à savoir quelle relation nous avions tous les deux. En dehors de la glace, nous étions d'excellents amis ça, c'était certain. Mais à la patinoire, nous étions plus que des partenaires. C'est difficile à expliquer, c'est comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Comme si nous ne pouvions plus patiner l'un sans l'autre.
Soudain, le commentateur annonça nos résultats. J'ouvris les yeux et levai la tête. Nous étions de nouveau troisième, mais nos points se rapprochaient de plus en plus du score des deuxièmes. Christelle gardait les sourcils froncés. Je savais qu'elle pensait déjà aux prochains entraînements, tandis que nous rigolions comme deux enfants. 
Puis, nous attendîmes patiemment la fin du tournoi. Je me suis approchée de la rembarde pour assister au spectacle de plus près. Ce genre de compétition,  j'en avais déjà vu à l'époque où ma mère patinait encore. Mais tout cela s'était terminé trop tôt à mon goût. Depuis, j'y étais retournée deux ou trois fois grâce à Samuel.

Un vent glacialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant