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Les rideaux étaient mal tirés, le soleil projetait un de ses rayons sur le sac où je rangeai mes patins. Était-ce un hasard ? Je ne croyais pas aux coïncidences, pour moi, c'était un signe. Que signifiait-il ? Je ne le saurai sans doute jamais, mais cette pensée me fit sourire. J'étais allongée dans le noir, et je regardais les photos accrochées au mur. L'une d'entre elle représentait mes parents et moi pendant nos vacances à Saint Tropez. Celle d'en dessous montrait ma mère, souriante. Elle tenait un bouquet dans un bras, moi dans l'autre et elle avait ses patins aux pieds. Elle était tellement joyeuse ! J'étais toute petite mais je me souvenais très bien de cette période. Aujourd'hui, tout cela avait disparu, il y avait un gouffre entre moi et mes parents : on ne se comprenait plus. Tout comme avec Candice. Je décrochai du mur la photo de nous deux jouant sur un toboggan. Nous devions avoir huit ans, pourtant nous nous considérions déjà comme des surs. Ça me faisait tellement mal quand on se disputait. Surtout à propos de la danse sur glace. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle ne me soutenait pas. J'avais vraiment envie de lui parler de tout ce qui m'était arrivé ces dernières semaines. Alors que j'imaginais la tête de ma meilleure amie lorsque je lui annoncerai que je m'étais lancée dans la compétition, on frappa à ma porte.

- Entrez, lançai-je en raccrochant la photo au mur.

Ma mère passa la tête par l'entrebâillement de ma porte.

- Qu'est-ce que tu fais dans le noir ? me demanda-t-elle en allumant ma lampe.

Je me couvris les yeux, aveuglée par la lumière.

- On t'attend pour le petit-déjeuner, dit-elle. Habille-toi et rejoins nous !

Ma mère referma la porte derrière elle. Je me levai et m'habillai.
Aujourd'hui était censé être un jour de fête. Et oui, nous étions le trente et un Décembre ! Mais rien d'exceptionnel pour moi ce soir, nous allions seulement regarder un film en pyjama sur le canapé et nous nous coucherions à vingt-deux heures. Comme toutes les soirées de fêtes. Ou plutôt, comme toutes les soirées de fêtes depuis que ma mère avait renoncé à sa carrière de patineuse.
Je finis de boutonner ma chemise et allai rejoindre mes parents dans la cuisine.

- Alors, vous avez prévu de faire quoi avec Candice cet après-midi ?

Je m'attendais à cette question. C'est vrai, à mes douze ans déjà, on sortait se balader en ville le trente et un Décembre. Mais bon, ce n'était pas prévu cette année. Bien sûr, je ne pouvais pas le dire à mes parents, sinon ils me demanderaient la cause de notre dispute et je devrais leur avouer que je m'entrainais à la patinoire. Et ça, c'était impossible ! Je ne préférais même pas penser à la tête qu'ils feraient s'ils l'apprenaient.

- Euh, on va se balader au parc, mentis-je en me servant du jus d'orange.

J'enfilai mon manteau sous l'il attentif de ma mère.

- Tu rentres à quelle heure ? me demanda-t-elle.

Je me tournai vers elle.

- Je ne sais pas, je t'enverrai un message, répondis-je.

- D'accord, dit-elle. Mais couvre-toi bien, je ne voudrais pas que tu sois malade pour la rentrée. Et ne faîtes pas trop les folles !

- Oui maman, lâchai-je avec lassitude.

J'ouvris la porte et sortis. J'allais passer l'après-midi seule à errer tel un chat abandonné. Je mis mon casque sur mes oreilles et actionnai ma playlist Spotify. Le quartier était désert, je ne voyais que les nombreuses voitures garées chez mes voisins, les coffres plein à craquer de choses en tout genre. Tout cela annonçait un immense repas en famille.
Je marchais dans les rues, en pensant à ma fin de journée qui allait être ennuyeuse à mourir, lorsque quelqu'un posa sa main sur mon avant-bras. Je relevai la tête et souris.

Un vent glacialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant