Chapitre V : Les secrets de Brakmore

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« Je me doutais bien qu'il y avait eu une effraction ici. Mais j'aurais tout de même pensé qu'il s'agissait d'un criminel, d'un espion, enfin n'importe qui sauf vous ! réprimanda Stanuas, une pointe de satisfaction se faisant étrangement entendre dans le timbre de sa voix.

— Écoutez, nous vous avons expliqué ce qui était en train de se passer, nous... tenta de répliquer Glam.

— Peu importe la raison, vous nous avez trahis ! gronda Enrick, tenant Layla par les épaules tandis qu'elle semblait toujours en transe. Je n'aurais jamais cru ça possible de vous, je suis déçu !

— Je ne comprends pas, pourquoi ne pas nous en avoir parlé ? ajouta Gao, incrédule. Surtout si, comme vous dites, vous n'avez dérobé, détruit ou même consulté aucun document, qu'est-ce qui vous a empêché de venir nous prévenir que Layla avait ce genre de crises ?

— Gao, commença à plaidoyer Ayga, tu sais très bien qu'avec tout ce que la petite a vécu, Glam ne voulait pas la brusquer et ne faisait confiance en personne...

— Eh bien désormais, cet avis est réciproque ! tonna Stanuas. Et dire que vous m'auriez fait douter ce matin, pendant la réunion ! Mais je comprends mieux pourquoi vous vouliez que cette petite prenne du repos : c'était votre prétexte pour pouvoir vous introduire dans la salle des archives ! D'ailleurs, Seigneur Enrick, réveillez-la donc ! Nous verrons bien si son somnambulisme est réel ou s'il s'agit encore d'une invention de la part de ces traîtres ! »

À ces mots, le roi d'Azuris se plaça bien face à la jeune fille, toujours en train de marmonner dans son mystérieux langage. Ses yeux étaient fixes et grand ouverts, totalement immobiles, alors que tout son corps était à l'inverse déséquilibré au moindre mouvement un peu trop brusque de la part d'Enrick. Il vint s'accroupir devant elle, posa une main le plus délicatement possible sur sa joue, et commença à faire balancer sa tête d'un côté puis de l'autre pour tenter de la réveiller.

Assistant à cette manœuvre, Glam, très inquiète, gémit, et tira même tellement sur les mains des gardes qui la retenaient qu'elle s'en dégagea un bras. Firo et Ayga, quant à eux, étaient trop honteux et ébranlés par les événements pour prêter attention à cette scène. La princesse cherchait à regagner de l'estime en scrutant le sol et les pieds qui passaient dans son champ de vision alors que le jeune homme à ses côtés tentait d'échapper au regard accusateur et rempli de larmes de déception de son frère.

Finalement, après plusieurs secousses de plus en plus brusques, la petite somnambule finit par fermer les yeux. Son corps sembla alors se liquéfier, s'écroulant sous son propre poids alors que le moindre de ses muscles cessait de fonctionner. Enrick dut faire preuve de réflexes particulièrement vifs et d'une grande dextérité pour empêcher Layla de s'effondrer totalement, et ainsi éviter qu'elle ne se blesse d'une quelconque manière. Il savait que si tel avait été le cas, absolument rien n'aurait freiné Glam pour le lui faire regretter. C'est donc avec une douceur maladroite qu'il posa la frêle silhouette blonde au creux de ses mains. La jeune fille récupéra peu à peu de sa vigueur, ses membres se rigidifiant les uns après les autres. Ses yeux s'ouvrirent à nouveau et furent tout d'abord aveuglés par la clarté de l'environnement, avant de se poser sur le visage d'Enrick.

Une soudaine terreur s'empara alors de la petite blonde. Elle se dressa d'un bond sur ses jambes, décochant par mégarde un formidable coup de tête au prince qui l'étreignait. Celui-ci poussa un gémissement de douleur et s'attrapa le nez avec ses mains, tandis que Layla se dégageait et tenta de s'enfuir. Elle fut rapidement maîtrisée une nouvelle fois par deux gardes qui s'étaient avancés, mais cela n'entama pas pour autant sa soudaine vitalité, animée par la peur.

Elle se tourna de nouveau vers Enrick, toujours meurtri par la rencontre percutante avec sa boîte crânienne, et lui hurla dessus :

« At ta mésost ! At ta mésost ! At ta mésost !

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