13 Dragon Riders (1.08) : Trahisons

Chapitre II : Espion et messager

Le matin se levait sur Gargaoro, et Firo fut réveillé par les serviteurs du palais qui toquèrent à sa porte. Jusqu'à présent, il s'était toujours levé quelques heures avant le début de leur ronde, mais la nuit mouvementée qu'il venait de vivre avait quelque peu bouleversé ses habitudes.

Il enfila rapidement des vêtements choisis au hasard, but un grand verre d'eau fraîche et se rinça le visage avant de sortir de ses appartements. Les membres du personnel, intrigués de le voir encore dans son logis à une heure aussi tardive, le saluèrent timidement avant de se mettre au travail.

Firo descendit les longs escaliers jusqu'au pied de la colonne de Brakmore, d'où il se dirigea directement vers une salle qu'il connaissait parfaitement. En effet, depuis qu'il se trouvait sur la planète, à chaque fin de matinée avait lieu le même rituel : le roi Galistène, sa famille, ses conseillers et les dirigeants Alliés invités se réunissaient dans cette grande pièce pour discuter de l'avancement de la guerre et d'autres intrigues politiques. Firo retrouva ainsi tous les habitués de cette assemblée lorsqu'il entra avec la plus grande discrétion possible dans la salle. Ils étaient tous installés autour d'une immense table courbée, décorée de chandeliers dorés et de verres remplis de lanctan – unespécialité Garosienne, dont le goût s'apparentait à celui d'un thé froid sucréet parfumé d'arômes de cerises. Quant au souverain du pays, il se trouvait aucentre de l'assistance, place qui lui était attitrée et d'où il pouvait dirigerles discussions.

Il devait y avoir une bonne vingtaine de personnes dans la pièce et, malheureusement pour lui, la plupart remarquèrent le retard de Firo. Les Maîtres Dragonniers, postés à l'un des coins de la table et faisant face aux ministres et émissaires de Galistène, lui indiquèrent un fauteuil de libre sur lequel il put venir s'asseoir.

En s'approchant, Glam et Ayga le dévisagèrent, un petit sourire perché sur leur bouche. Firo ne put s'empêcher de sombrer dans un grand embarras et, comme pour l'achever, Glam lui lança :

« Salut ! Bien dormi, cette nuit ?

— Bah, c'est que... heu... hum, oui, bien dormi, bégaya-t-il. »

Il se dépêcha de poser ses fesses sur son siège, et fixa obstinément ses doigts qu'il avait machinalement entrelacés sur le bois poli de la table. Les deux princesses, de leur côté, gloussèrent discrètement, tandis qu'Enrick leur lançait un regard à la fois curieux et réprobateur.

Firo ignorait totalement pourquoi Glam lui avait fait un tel coup : peut-être était-ce pour le tester sur sa capacité à garder un secret, peut-être était-ce pour le taquiner... ou peut-être était-ce même sans aucune arrière-pensée, et dans ce cas son amie l'avait gêné involontairement. Quoi qu'il en fût réellement, Firo demeura incapable de se concentrer sur le débat qui avait lieu à ce moment. Par chance, le roi Galistène s'adressait davantage à ses sujets qu'aux Alliés, lesquels écoutaient assez distraitement les différents arguments.

Puis, sans que Firo n'eût vraiment compris comment il en était arrivé à ce sujet, le souverain s'adressa finalement à Glam :

« Et de votre côté, Princesse Glam, comment se déroulent les travaux de traduction avec la jeune Layla ?

— Eh bien... commença-t-elle, semblant chercher ses mots pendant quelques instants. Pour ne rien vous cacher, la quantité de travail est réellement énorme. Nous avons pu traduire une partie de trois des cinq cent vingt-cinq documents que vous nous avez fournis, mais...

— Je ne voudrais en aucun cas vous mettre la pression ou critiquer votre façon de travailler, Princesse, coupa gentiment Galistène. Mais à ce rythme, les Darklidians auront largement le temps de nous vaincre avant que nous ne découvrions quoi que ce soit d'intéressant !