Chapitre 21

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                                               Joanne

Vendredi 5 novembre.

Je glisse un dernier cahier dans mon sac et lève les yeux vers la rue qui s'étale devant ma fenêtre. Le ciel, recouvert d'épais nuages sombres, laisse à peine deviner les prémices d'un nouveau jour. Un vent froid s'engouffre entre les branches des arbres et emporte avec lui de nombreuses feuilles jaunies qu'il va répandre sur les trottoirs détrempés.

Derrière la vitre ruisselante de pluie, un homme brave courageusement les éléments pour sortir son chien. Parapluie vissé au-dessus de la tête, il marche d'un pas pressé tandis qu'au bout de la laisse, le canidé trottine allégrement en reniflant les débris qui jonchent le sol.

Je suis des yeux le couple et sens soudain la stupeur m'envahir en reconnaissant la silhouette qui traverse la rue d'un pas vif. Ethan...

Paré de son épais blouson de footballeur, le jeune homme, capuche sur la tête et mains dans les poches, s'engage sur l'allée qui mène à ma maison.

Il est venu... !

En entendant la sonnette retentir, je me détourne de la fenêtre et pensive, m'appuie contre le bureau. Ai-je vraiment envie de retourner au lycée?

Si ça ne tenait qu'à moi, je resterais planquée au fond de mon lit à attendre que les siècles s'écoulent. Mais Ethan a raison. Je ne peux pas rester enfermée ici toute ma vie. Je dois affronter Enzo même si je suis terrifiée rien qu'à l'idée...

-Joanne ? Appelle mon père en toquant contre la porte. Je peux ?

-Oui, entre. Je réponds en me redressant.

-Il y a un jeune homme pour toi... M'informe-t-il en pénétrant dans la pièce alors que je passe mon manteau. Ethan, je crois.

-Oui, j'arrive.

J'attrape mon sac et me dirige vers la porte quand il m'arrête d'une main sur l'épaule. Etonnée, je lève la tête vers lui et croise son regard sombre.

-Vous vous... fréquentez ?

Sous ses airs bourrus, je devine qu'il est excessivement mal à l'aise. Moi aussi d'ailleurs !

-Hein ? Mais papa, c'est mon binôme de biologie !

-Oui, je sais. Seulement ta mère, qui le trouve charmant, m'a dit qu'il était déjà venu plusieurs fois ici et... comme c'est un garçon...

-Papa, Andrew vient quasiment tous les jours ici et personne ne s'en inquiète !

-Andrew n'a rien à voir avec le jeune homme qui est dans l'entrée ! Rétorque-t-il en fronçant les sourcils. C'est comme comparer Superman avec une crevette !

J'éclate de rire devant la comparaison et de décide de le rassurer.

-Papa ! T'as rien à craindre, Ethan est juste un copain. Et encore, à peine.

Il m'observe une longue seconde puis hoche la tête, satisfait.

-Bien. Tu peux aller retrouver Clark Kent dans ce cas. Mais avant... mets tes baskets. Conseille-t-il en sortant de la pièce.

-Mes baskets ? Je répète en baissant les yeux vers mes pieds. Ah oui ! Merci Pa' !

 Ah oui ! Merci Pa' !

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