𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏

Depuis le début
                                    

Je me suis rapidement levée. "Pourquoi n'y a-t-il qu'à moi qu'arrive ce genre de chose ?", grognais-je avant de repartir à l'inverse de la direction par laquelle j'étais arrivée cette après-midi. La nuit était paisible, l'odeur des feuilles humides s'intensifiait au fur et à mesure que je m'avançais au cœur de la forêt.


Je me sentais nerveuse. Mes yeux scrutaient l'épaisse rangée d'arbres qui s'étendait devant moi. Écoutant avec attention mon entourage, j'ai même cru entendre un bruissement de feuilles derrière moi.



Les yeux grands ouverts, j'ai immédiatement tourné la tête vers la source du bruit. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. J'ai repris mon souffle puis j'ai continué ma route sur le petit chemin forestier. J'accélérais de plus en plus mes pas. Peut-être que c'était stupide de se sentir anxieuse sans aucune raison particulière, outre le fait que j'étais seule, la nuit, dans une forêt qui ne m'inspirait décidément pas confiance. J'étais bel et bien une peureuse.



À ma droite, j'entendis le bruit d'une branche qui s'était craqué. Cela ne voulait dire qu'une seule chose... quelque chose était là. C'était un signe très clair qui disait à mon esprit, déjà apeuré, de me cacher ou de courir. 



Une autre branche se brisa.


Le bruit ressemblait de plus en plus au son d'un corps lourd qui était traîné à travers la forêt plutôt qu'un bout de bois mort qui venait d'être cassé. Je tendis l'oreille pour essayer de mieux entendre ce qui se passait autour de moi. Près de l'endroit où je me trouvais, on entendait le son de l'eau qui coulait, une rivière. Je ne l'avais pas remarqué à mon arrivée, mais elle devait se trouver près de là où je m'étais assoupie. Je me suis rapproché.


J'ai maladroitement marché sur une pierre, ce qui m'a fait trébucher au sol. Par surprise, j'ai lâché un petit cri. Mon menton baignait dans l'eau, le froid prenant peu à peu possession de mon corps.


J'ai eu du mal à trouver la force de me relever de là où j'ai atterri. Je sentais une certaine douleur au niveau de ma jambe qui n'annonçait rien de bon. Sans attendre, je regardai autour de moi, à la recherche de quoi que ce soit qui pourrait m'aider à me relever. Je n'ai pas eu besoin de me tourner pour sentir une forme tapie derrière moi. Les sons pas devenaient de plus en plus clairs et effrayants. J'étais déjà apeurée, mais là, je sentais déjà la crise cardiaque arrivée. Des pas lourds, plus rapides et irréguliers, m'ont suivi.



"Mmaannger~" une voix rauque pouvait se faire entendre à seulement quelques mètres de là où je me trouvais. Mes yeux ont presque sauté de leurs orbites. L'angoisse s'empara définitivement de mon corps.


Je ne mourrai sûrement pas comme ça !


Ce n'était plus le moment de rester tétanisée comme cela. Je regardai autour de moi et vis une branche assez pointue, je l'attrapa. Sans me soucier de ma jambe blessée, je me leva et lança de toutes mes forces le bâton vers la source du bruit. Je suppose que j'ai vraiment frappé quelqu'un, du moins quelque chose, en entendant le bruit qui s'ensuivait.



Devant moi s'était avancée une créature à l'allure monstrueuse. La branche, que je tenais dans mes mains, il n'y a même pas une minute, était maintenant enfoncée dans la poitrine de l'animal. Un sang rouge et épais coulait à flot de la blessure. Le corps de la bête, à la tête de bœuf et aux cornes courbées vers le haut, tomba au sol dans un bruit sourd. Sa langue sortait même de sa bouche immonde.



J'ai cru vomir quand j'ai réalisé pourquoi cette monstruosité devait s'avancer à une telle vitesse. Son corps était celui d'une araignée à six pattes, des griffes tranchantes à chaque extrémité. Je pouvais sentir une légère odeur de métal et de terre autour de moi. Du sang.



"Laisse-moi te manger!~hehehe"



Même sans signe de vie apparent et avec des pupilles teintées de sang, les mots luttaient au fond de sa gorge pour sortir, dans un ton bas et rauque.



"Laisse-moi te tuer!~hehehe"



Un de ses yeux clignait encore légèrement des paupières, et me regardait d'un air absent. En effet, même si la blessure que je lui ai infligée était mortelle, son corps continuait de trembler. Mais ses spasmes s'arrêtèrent quand un liquide noir et visqueux jaillit de sa bouche.









Je levai la tête vers le haut, la brise d'air frais caressait ma peau souillée. L'adrénaline redescendait peu à peu et je commençais à sentir de nouveau la douleur dans ma jambe. J'ai commencé à me mettre à genoux, puis je me suis relevée pour me remettre à courir vers l'inconnu, en forçant mes muscles à utiliser le peu d'énergie qui me restait. Tout en répétant une courte prière dans ma tête.



Je courais comme si ma vie en dépendait, espérant trouver un signe de vie le plus rapidement possible, ou du moins trouver quelque chose qui pourrait me ramener jusqu'à chez moi.








Corrigé le 6/08/23

𝘞𝘐𝘛𝘏 𝘠𝘖𝘜 ❦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant