由美 18. Lueur

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ー Bonjour, Hatsu.

Après avoir refermé la porte, nous prîmes toutes une chaise et nous installâmes à ses côtés. Comme à mon habitude, je glissai ma main dans la sienne et sentis avec soulagement le maneki neko en bois.

ー Je trouve qu'elle a bonne mine, aujourd'hui, déclara Kana en se penchant sur elle.

ー Moi je trouve qu'elle est comme d'habitude, siffla Suki. Pâle et grimaçante.

ー Toi, ne commence pas.

Je vis du coin de l'œil que Kana se retenait de l'étrangler. Avec amusement, je regardai donc à mon tour Hatsu.

ー Arrêtez de vous disputer, fit Tsubaki en croisant les bras. Elle n'aimerait pas ça.

Les deux filles hochèrent la tête et arrêtèrent de se battre. À la place, elles se fusillèrent plutôt du regard.

Hatsu... Je me mis à caresser tendrement son front. Comment te sens-tu ? Es-tu prête à revenir parmi nous ? Je t'attends encore. S'il le faut, je t'attendrais des années. Les filles se mirent à parler entre elles, mais je ne les écoutai pas, comme souvent. Je passai ma main dans ses cheveux et les ajustai un peu sur l'oreiller, soucieuse de son confort.

ー Je vais chercher quelque chose à boire, déclara soudain Kana en se levant.

ー Moi aussi, fit Tsubaki.

ー Moi aussi, répéta Suki.

Surprise, je leur adressai un regard interrogateur. Kana me lança alors :

ー Tu veux quelque chose ?

Je lui répondis en secouant la tête, puis elles partirent de la chambre. Aussitôt, le calme retomba autour de moi.

Je me remis à regarder Hatsu qui semblait dormir sur le lit. Des images me revinrent en mémoire.

ー Hatsu, murmurai-je, tu te souviens du matsuri l'été dernier ? Il faisait chaud et il y avait beaucoup de monde. C'est là qu'on s'est tenues la main pour la première fois. Tu te souviens ?

Le sourire aux lèvres, j'observai son visage éteint, espérant une réponse.

ー Bientôt, il va y avoir un autre matsuri, continuai-je. Les temps se sont rafraîchis depuis mais si tu es là pour me serrer contre toi, ce n'est pas grave.

Devant son absence de réaction, mon sourire disparut. Hatsu, je veux qu'on y aille ensemble, à ce matsuri. Hésitante, j'approchai encore ma main de son visage. Je t'en supplie, ouvre les yeux. Je veux te voir dehors, loin de cet hôpital. Je veux entendre de nouveau ta voix et sentir ta main dans la mienne. Je veux... Mes doigts effleurèrent le masque qui la maintenait en vie et qui dissimulait la moitié de son visage. Je veux t'embrasser.

ー Je t'aime, chuchotai-je.

Une brise légère vint soulever les fins rideaux de la chambre d'hôpital. Elle m'apporta le parfum des roses que je lui avais amenées il y avait quelques jours. Aujourd'hui, les pétales tombaient uns à uns. J'allais devoir en acheter d'autres.

Le silence retomba dans la chambre lorsque le vent se calma. Seul le bruit régulier du moniteur parvenait à mes oreilles, un bruit qui m'était bien familier désormais.

« Je serai pour toi
Fleur de jasmin
Parfumant tes nuits. »

Ses haiku me revinrent en mémoire... Fermant les yeux pour me concentrer, j'entrouvris les lèvres et tentai de me souvenir de l'ordre dans lequel Hatsu me les avait chantés, ce soir-là.

Kimi no kiaiWhere stories live. Discover now