Abruti de gui

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Trois semaines que Remus l'ignorait. Trois longues semaines qu'Eilya subissait son indifférence. Il ne la regardait même plus. La résiliant au stade de vulgaire inconnue. Elle avait réussi à surmonter cela, bien que les crises de larmes de se comptaient même plus. Du moins elle pensait l'avoir surmonter. Mais ce qui l'avait véritablement étouffé, l'avait véritablement achevée, c'était les innombrables tentatives de Remus pour changer de partenaire de ronde. Comment pouvait il se comporter de la sorte ? Comme si elle ne représentait rien. Qu'elle n'avait jamais rien été à ses yeux ? Et à chaque nouvelle tentative de sa part, il lui semblait qu'il lui crevait le cœur encore un peu plus, s'obstinant à la rejeter comme un vulgaire jouet dont il se serait lassé.

L'écho de sa douce voix semblait se mourir lentement dans ses souvenirs, ne devenant qu'un étrange silence, ne représentant qu'un pâle reflet de ces lueurs d'autrefois. Car même si ils se revoyaient pour leurs rondes, se croisaient dans les dédales du château, Remus s'obstinait dans son mutisme, laissant ce si terrible silence creuser un peu plus le fossé qui s'était installé entre eux.

Pourtant elle sentait ses regards insistants dès qu'elle avait le dos tourné. Plusieurs fois elle l'avait senti la suivre, lorsqu'elle traversait un couloir isolé. Elle savait que c'était lui. Elle se plaisait à croire qu'il veillait en quelque sorte sur elle. Un vulgaire songe destiné à panser son cœur. Car même si elle sentait sa présence, jamais elle ne le voyait. Elle avait beau se cacher et attendre, jamais Remus n'apparaissait, la laissant désespérément seule dans ce couloir abandonné. Et inévitablement les larmes venaient, lui faisant cruellement prendre conscience de la profondeur de sa détresse. Une idiote. Voilà ce qu'elle était. Et c'était éreintée qu'elle tombait dans les bras de Morphée, comme assommée par trop de larmes.

Puis elle avait fini par comprendre que cela ne servait à rien. Que cela ne servait à rien d'attendre après un fantôme. Car après tout qu'avait il été exactement ? Une lumière dans sa vie ? Oui. Assurément il l'avait été. Mais une lumière qui ne lui avait jamais montrer un quelconque sentiment tendre partagé. Cela avait toujours été Eilya qui avait initié leurs moments, leurs caresses. Elle s'était bercée d'illusions comme une vulgaire adolescente en mal d'amour. Car en fin de compte n'était ce pas exactement ce qu'elle était ? Elle avait fondu pour le premier garçon à lui avoir témoigné de l'intérêt. Le premier à l'avoir fait sortir de cette solitude que Sirius avait causé. Alors elle était fatiguée d'attendre qu'il daigne lui parler. Non. Plus jamais elle ne se ferait avoir.

Une larme silencieuse roula alors sur sa joue, la faisant sortir de sa torpeur. D'un geste hésitant, elle effleura du bout des doigts cette unique goutte, comme elle même étonnée par cette tristesse qui ne la quittait plus. Et dans cette minuscule larme, cette si petite part d'elle même, elle vit son reflet. Le reflet d'une pauvre fille se délectant dans sa souffrance apparente. Les cheveux en vrac, les yeux rougis.

Pitié. Elle se faisait pitié. Et prise d'une subite prise de conscience, elle releva digne la tête, le regard droit. N'était elle pas une serpentarde après tout ? La dissimulation ne faisait elle pas partit des valeurs prédominantes de sa maison ?

Si.

Le regard dur, elle essuya cette unique larme d'un geste rageur. Elle n'était certainement pas une de ces minettes qui pleurait leur cœur brisé dans un torrent de larmes. Non elle valait mieux que cela. Elle était Eilya Connors. Une serpentard aussi chiante qu'immature !

Eilya entra dans les toilettes les plus proches, se regardant d'un air digne dans la glace du lavabo. Remus ne voulait plus lui parler ? Okay, pensa t-elle en attachant ses cheveux dans une coiffure soignée. Qu'il l'ignore ! Elle l'attendrait ! Elle attendrait que Remus daigne se sortir les doigts du cul ! Sur ce, elle repartit la tête haute, se promettant de ne plus se lamenter sur son malheur.

Les serpentards ne sont pas tous des abrutis [Terminée]Where stories live. Discover now