Partie 5

173 27 41
                                    

Nous étions le 10 mai, 23h45. Aphrodite, Héphaïstos, Arès le surdoué shooté aux chips et moi-même attendions depuis dix minutes sous la trappe en métal qui menait au dehors. Nos sacs étaient faits depuis quatre jours et les trois chiens d'Arès tournaient en rond à mes pieds pendant que Héphaïstos jouait de l'harmonica.

Aphrodite se repoudrait le nez devant son miroir de poche et Arès faisait des sudokus sur son portable. Décidément, il avait changé ! Arès n'aurait jamais fait de sudokus dans son état normal.

Dans quinze minutes, nous serons libres, pensai-je. Quinze minutes. Quinze petites, minuscules, microscopiques minutes.

Rongée par l'impatience, je ne cessais de vérifier ma montre. Après que j'ai jeté un millième coup d'œil au cadran en suppliant les aiguilles de bouger plus vite, Arès lança par dessus la ballade à l'harmonica de Héphaïstos :

- Arrête de stresser. Ça me stresse. Et pourquoi tu stresses, d'abord ?

- Je stresse parce qu'on ne sait pas ce qui s'est passé dehors. Si ça se trouve, les mortels ont provoqué une guerre atomique ou bien ils sont tous morts ! Ils ont peut-être établi des petites communautés souterraines isolées, ou ils ont élu un président du monde ou...

- Stooooop!!! m'arrêta Aphrodite. Athéna, calme toi ma vieille...

- Je suis pas vieille.

- ... Il n'y a aucune raison de se faire un sang d'encre. Les mortels sont tout à fait responsables et capables de survivre sans nous. En plus, comment auraient-ils pu faire une guerre sans Arès ? Tu as vu beaucoup d'humains assez psychopathes pour ça ?

Je m'apprêtais à répliquer que oui, j'en connaissais pas mal, mais elle m'arrêta en levant un doigt.

- Non ! Écoute...

- C'est vrai que Heph joue bien de l'harmonica, répliqua-je ironiquement.

- Pas ça ! Tu n'entends rien ? Il y a une espèce de cloche...

Je tendis l'oreille et, dès que Héphaïstos eut cessé de nous martyriser les tympans avec sa musique, le gong ! qu'entendait Aphrodite parvint à nos oreilles. C'était un son grave, venant de très loin mais si puissant qu'il traversait l'épaisseur couche de terre pour venir résonner dans notre crâne.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Héphaïstos.

Je haussai les épaules en jetant un œil à ma montre. 23h50. Dix minutes.

- Ça doit être les cloches de l'Olympe. Je suis sûre que Hermès est encore en train de dormir, alors Zeus veut le réveiller.

Je me mis à tourner en rond entre Arès et Aphrodite, consultant l'écran de mon portable toutes les dix secondes pour m'assurer que Papi Chronos n'avait pas décidé de nous avancer un peu.

Malheureusement, il était un peu radin en temps ces derniers siècles. Les dix minutes me parurent durer des heures. Quand enfin il fut minuit, je sautai de joie en prenant Aphrodite dans mes bras.

- Libres ! Libres ! Nous sommes libres !

- Ouiiiiiii, s'écria-t-elle en sautillant sur place et en tapant des mains.

- Est-ce qu'on est sûrs que le monde n'a pas explosé en notre absence ? Des milliards de mortels livrés à eux-mêmes pendant trente jours... Je ne donne pas cher de leur peau.

Je lachai Aphrodite pour me tourner vers Héphaïstos.

- Tu es toujours obligé d'être pessimiste, hein ?

Olympe : Confinés [Mon devoir de latin]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang