Partie 4

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La soirée pyjama. Depuis le début de notre confinement, Aphrodite avait insisté pour que nous regardions un film ensemble, même si devoir supporter l'une des romances à l'eau de rose de la déesse de l'amour ne m'enchantait guère.

— Il y a Harry Potter ce soir, nous prévint-elle en feuilletant le journal télévisé.

— Non, c'était la semaine dernière, rétorqua Arès en appuyant comme un dingue sur l'écran de son portable.

— Il y a Harry Potter ce soir, répéta Aphrodite en lui mettant la page sous les yeux. C'est le 2, le premier était la semaine dernière.

— C'est lequel le 2, déjà ? demanda Héphaïstos en faisant défiler la page d'accueil de Wikipedia sur sa tablette.

La Chambre des Secrets, répondis-je sans lever les yeux de mon IPhone.

Je tentais depuis maintenant deux heures de dépasser le niveau 1457 de Candy Crush. C'est qu'il était difficile, ce bigre !

— Brrrr, fit ironiquement Arès avec un haussement de sourcil. Ça fait peur ? Il y a du sang ?

— Si tu comptes le moment où Ginny Weasley écrit sur les murs avec de la peinture rouge non identifiée, oui, il y en a.

— Bon, soupira Aphrodite en reposant son journal. Je n'ai plus envie de le voir maintenant que tu m'as spoilé la fin.

— Ce n'est pas la fin mais le début de la fin, à vrai dire, répliquai-je.

— Si tu le dis. Donc... On a le choix entre le Big Bêtisier sur la 9 et Princesse Mila et le sorcier au cœur de pierre, sur Gulli.

— Nope, la corrigea Héphaïstos. La 9, c'est Esprits criminels. Le bêtisier est sur la 11.

Aphrodite leva les yeux au ciel.

— D'accord ! Mais on regarde quoi, du coup ?

— Il y a du sang dans Princesse Mila ?

Je faillis donner une claque à Arès. Ce qu'il était énervant, des fois !

— Non, il n'y a pas de sang parce que c'est un dessin animé pour enfants, expliquai-je d'une voix calme. Maintenant, si vous le voulez bien, je vais aller dans ma chambre pour terminer ma série et vous, regardez ce que vous voudrez.

Je me levai pour traverser le couloir. Arès remit ses Ipod et ses chiens relevèrent la tête en grognant tandis qu'Aphrodite me barrait le chemin.

— Oh non, cocotte ! Tu restes ici ! Il est hors de question que tu t'enfermes dans ta chambre ce soir. La soirée pyjama, c'est la soirée pyjama ! Si vous ne voulez pas regarder un film, on n'a qu'à faire un jeu de société, ok ?

— Tu proposes quoi, fis-je en croisant les bras. Un Monopoly ? Dobble ? Non, attends... Un Jungle Speed !

— Pourquoi pas un Uno ?

Arès et Héphaïstos hochèrent la tête de concert. Je me demandais comment le dieu de la guerre faisait pour entendre la conversation avec la musique que crachait ses écouteurs dans ses oreilles. Héphaïstos posa sa tablette et se leva. Il fouilla quelques secondes dans un tiroir du meuble télé et en sortit victorieusement une petit boîte rouge et noir.

— Venez, on va à la cuisine.

Arès bougonna tandis qu'Aphrodite et moi suivions le saint patron des forgerons. Les cabots maléfiques de notre hôte nous emboîtèrent le pas (Brrrr). M'asseyant à la table de la cuisine, j'arrachai la boîte des mains d'Héphaïstos et répandis les cartes sur la nappe à carreaux bleus et blancs. Les rassemblant en un petit tas, je me mis à battre les cartes. Arès s'affala sur sa chaise, les mains dans les poches, les yeux fixés sur un placard et ses Ipod résolument enfoncés dans ses tympans. Sa capuche rouge sombre était relevée sur sa tête ses yeux noirs brillaient d'un éclat meurtrier. Aphrodite s'assit gracieusement sur le rebord de son siège, à ma gauche, tandis qu'Héphaïstos prenait place face à moi, les bras croisés en fixant mes mains qui jouaient avec les cartes. Une fois sûre qu'elles étaient bien mélangées, je les distribuai. 7 chacun, puis je posai la pioche au milieu de la table.

Olympe : Confinés [Mon devoir de latin]Where stories live. Discover now