23 - Slasher

4 0 0
                                    

03.04.20

La nuit étant tombée, je visionnais un stream de Mahyar sur Twitch comme à ma bonne vieille habitude. Des autres streamers l'accompagnaient, ils jouaient à Dead By Daylight. Déçue d'avoir manqué un passage du live, j'ai préféré vaquer à une autre activité. Je m'en suis donc allée à l'appartement d'un ami à moi avec qui je passais la plus grande partie de mon temps en ce moment. J'avais fait sa connaissance quelques semaines en arrière, et même s'il était plutôt distant avec moi il présentait malgré tout une discrète affection. Nous avions une passion qui nous rapprochait : l'horreur. Nous nous étions amusés à inventer un jeu où, à la manière d'un slasher, l'un jouait le rôle d'un tueur déchaîné pendant que l'autre devenait sa victime cherchant à se défendre. Lui était l'assassin chargé de mettre fin à mes jours. Pour pouvoir prendre sa place, je devais réussir à l'en empêcher. Je n'y étais pas encore déjà arrivée. La règle restait toujours la même, seules les manières de faire se renouvelaient. Nous concevions toutes les caractéristiques et motivations du meurtrier. Toutes sortes de scénarios étaient envisageables, nous ne prévoyions jamais l'issue finale en avance. Ce n'était jamais la même chose. C'est ce qui provoquait des frissons d'inquiétude entremêlés à l'excitation de l'imprévisible. Il prenait également soin d'agencer tout un décor chez lui pour nous mettre encore plus dans l'ambiance de la frayeur. J'étais toujours étonnée de découvrir tous les curieux objets qu'il pouvait conserver. Il s'impliquait complètement dans ce jeu de rôle, je ne parvenais pas à faire preuve d'autant de créativité. Mon ami était calculateur, stratégique et organisé. Tout mon contraire. C'était probablement pour cette raison que je ne l'avais jamais vaincu. Mais ce soir-là, j'étais bien déterminée à l'emporter. L'environnement dans lequel je me trouvais étais particulièrement glauque. J'étais censée passer la nuit dans une chambre étroite dans la mezzanine. J'avais installé mon lit en hauteur parce que la faiblesse du tueur était qu'il ne pouvait pas se lever de son fauteuil roulant. Cela me laissait une bonne chance de gagner. Mon camarade devait avoir pitié de mon incompétence. Des peluches pour enfants étaient posées tout autour du matelas, comme si elles m'observaient dormir. D'habitude, je n'en avais absolument pas peur. Mais dans ce contexte, elles me mettaient dans un état très inconfortable. Surtout une. Celle à la maigre silhouette humanoïde blanche et à la texture molle de coton, avec des yeux sombres écarquillés ainsi qu'un sourire malsain. Les autres avaient l'allure de poupées et n'étaient pas plaisantes à voir non plus. Avant de me poser dans mon lit, j'ai fait attention à les inverser de position de sorte à ce qu'elles ne soient plus tournées vers moi. Cela me rassurait. Dans ma table de chevet, j'avais placé quelques couverts pour pouvoir me défendre. Ces jeux n'étaient pas censés nous faire du mal, simplement nous effrayer. Mais cette fois-ci, il avait dépassé les limites de l'interdit. Après m'être couchée, en gardant un couteau à beurre dans les mains, je l'ai entendu monter lentement. J'avais la chair de poule, même si cette menaçante situation nous divertissait. Mais j'ai vite compris que quelque chose clochait. Il n'avait pas le même comportement qu'en temps normal. Il n'était pas supposé m'attaquer pendant la nuit. Il avait monté les marches de l'escalier, alors que son personnage se déplaçait en fauteuil roulant. Il n'a pas respecté nos consignes. Cela ne lui était jamais arrivé. Je me suis dit que j'allais malgré tout tenter de renverser la situation pour l'emporter. Agrippant un couteau, je l'entendais respirer à quelques pas de moi. Puis, j'ai senti ses lourdes mains s'accrocher à mon corps. Comme pour me maintenir immobile. J'ai donc vite essayé de me relever pour le frôler avec mon arme en signe de victoire. Mais j'étais complètement paralysée. Je ne pouvais plus faire de mouvement, malgré mon envie de le pousser. Profitant de sa position de supériorité, il n'a pas hésité une seule seconde à me poignarder dans le ventre. Sans aucune once de scrupule.


– Sensations/émotions au réveil :

Mini paralysie du sommeil, sensation que quelqu'un m'accroche le corps, gros mal de ventre, sursaut avec de grandes respirations, ...

/

PS : L'image ci-dessus est une œuvre de Joakim Ericsson.

Ruines de mes songesWhere stories live. Discover now