Chapitre 4

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Vendredi 14 septembre

— Passe la balle, putain ! lança Samuel.

Il rabattit les bras sur ses cuisses, l'air désespéré.

— Ton langage, Samuel ! cria le professeur de sport, à l'autre bout du terrain.

Diego se moqua de son camarade, mimant un ballon qui passait devant son nez.

— Qu'est-ce qu'il veut le mexicain ? le taquina Samuel.

Il se repositionnait à sa place, fatigué mais persévérant.

— Le football est un sport d'équipe, messieurs ! s'époumona le professeur, certain d'être entendu de tous les joueurs éparpillés. Quel mot vous ne comprenez pas dans ÉQUIPE ?

Au poste d'attaquant, Victorien observait les terminales. Ils manquaient de cohésion. En face de lui, au même poste, Leï attendait, bras croisés.

— Certains préfèrent la jouer solo, monsieur, commenta Bastian.

Ce dernier tirait sur son t-shirt pour s'éventer. L'été capricieux ne daignait pas abdiquer face à l'automne, la plupart des élèves fatiguaient sous le soleil d'après-midi.

— Chacun ses pratiques, répondit Leï du tac au tac.

Un sourire condescendant flottait sur ses lèvres. Si sa répartie fit rire Samuel à quelques mètres de lui, Bastian reçut très mal la remarque.

— Je vous laisse souffler cinq minutes et on reprend ! annonça le professeur.

Victorien tourna la tête vers Diego. Ce dernier avait visiblement décidé d'utiliser son temps libre pour effectuer des cabrioles et s'entrainer au salto.

— Alvarez, la pause n'implique pas de se rompre le crâne ! le menaça l'enseignant.

— Vous inquiétez pas, monsieur. Il a pas de cerveau ! cria Samuel.

— Mange ma banane, frérot ! répondit Diego.

Il lui renvoya un geste obscène, accueilli par les rires de ses camarades, lorsque Bastian ne put s'empêcher de rétorquer.

— C'est pas plutôt le truc de Le Roi ça ?

— Ouuuuuh....

Samuel secouait la main. Trop loin pour les entendre, le professeur profitait des quelques minutes de pause accordées pour s'abreuver.

Leï quitta son poste et s'avança vers lui. Le sourire factice qui s'étendait sur ses lèvres ne soulignait que davantage la sévérité de son regard.

— C'est une invitation ?

Bastian le jaugea de haut en bas. Par sa taille moyenne, Leï ne l'effrayait pas, mais la détermination qui émanait de lui l'impressionnait. Il tâcha de ne rien en montrer lorsqu'il répondit :

— Certainement pas. Tu me dégoutes.

— Ah ouais ? répliqua Leï du tac au tac. C'est marrant parce que tu disais pas ça quand t'as accepté que j'te pr...

— Mais ferme ta gueule, putain !

En un bond, Bastian traversa la distance qui les séparait, agrippa Leï par son chasuble qui, loin de se démonter, relevait le menton. Son sourire moqueur gagnait du terrain.

— Bah alors, Le Bars ? On assume plus ?

Alerté bien malgré lui, Victorien reporta son attention sur eux. La presque totalité des deux classes suivait l'altercation.

— Landry ! Le Bars ! Vous arrêtez tout de suite ! hurla le professeur qui revenait à petites foulées.

— J'ai rien à assumer. Tu la fermes, abruti, gronda Bastian.

La Lumière noire - (L&V) T.1 + T. 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant