Ordinaire (Avengers)

𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝟣𝟧

― KRYS OUVRE LA porte, s'il te plaît, la voix de Steve lui demanda de l'autre côté de la porte.

Cela faisait quelques heures que Krystal s'était enfermée dans sa chambre (et quelques jours, depuis que les deux femmes étaient de nouveau à la tour Avengers). Plus tôt dans la journée, son frère était revenu, sentant l'alcool et la drogue à plein nez. La violoniste s'était alors mise dans une colère noire, et l'avait insultée de tous les noms avant de venir s'enfermer dans sa chambre, son seul lieu de tranquillité au Monde.

Krys s'était inquiétée pour son frère pendant des mois entiers. Elle lui avait envoyé des centaines de messages, et l'avait appelé une trentaine de fois sans jamais recevoir une seule réponse ! La brune avait eu besoin de lui, après ses graves blessures quelques mois auparavant, et lui... Et lui se trouvait dans un bar miteux, à replonger dans ses anciennes addictions...

― Non. Je n'ai envie de voir personne.

Elle n'avait pas besoin de ça, surtout pas en ce moment. Son esprit en ce moment, était tel une tempête, ravageant tout sur son passage. L'ordinaire se posait de plus en plus de questions, auxquelles, bien entendu, elle n'avait aucune réponse. Pourquoi Hydra était à sa recherche ? Et s'y ajoutait également maintenant le Joker... Toute sa vie, on lui avait répété qu'elle n'avait rien de spécial, tel les pouvoirs de sa mère, de son frère, ou l'intelligence de son père... Maintenant, des gens de plus en plus dangereux tentaient de la capturer... Et son idiot de frère choisissait ce moment pour faire sa crise existentielle ? C'était peut-être égoïste, mais Krystal aurait voulu avoir son frère à ses côtés pour la soutenir déjà à l'hôpital quelques mois avant, puis lorsqu'on avait tenté de la capturer...

Au lieu de ça, son frère jouait au fantôme. Mais pourquoi est-ce que cela la surprenait ? Le monde se fichait bien des gens comme elle, des gens qui n'étaient pas surpuissant, sur-intelligent, d'une beauté à couper le souffle de n'importe qui... Krys, elle, avait eu le malheur de naître comme tout le monde. Et s'était encore plus douloureux venant d'une famille de gens extraordinaire. Depuis toujours, ces pensées négatives se frayaient un chemin lent, mais sûr en elle, tel un serpent attendant son heure. Et la mort de sa mère fut comme une fissure soudaine dans un vase, qui finit par s'effondrer, l'équilibre perdu...

― Krys... S'il te plaît, Rogers l'a supplia de l'autre côté de la porte.

La professeur l'ignora et se mit à repenser à Gabrielle, qui lui avait dit que Steve ne la détestait pas... S'était sûrement vrai, elle le réalisait maintenant...

La porte s'ouvrit brusquement, la coupant dans cette réflexion. Steven Rogers n'attendit pas son autorisation pour pénétrer dans la chambre. La porte de métal se ferma automatiquement derrière lui, et la pièce redevint sombre, contrairement au cœur de Krystal, comme à chaque fois qu'elle se trouvait en sa présence.

― Comment est-ce que tu es entrée dans ma chambre ?

― Vous m'aviez ordonné de laisser le Captain Rogers entrer quand celui-ci le voulait, mademoiselle, Jarvis répondit à la place du blond.

La Stark savait qu'elle aurait pu prétexter un oubli quelconque de sa part... Mais ce n'était pas vrai... Lui enlever cette autorisation signifiait que tout était fini. Qu'il n'y aurait plus jamais rien entre eux. Plus jamais de baisers cachés au reste du monde, d'enlacement intime... De rire, simple, et pur... La violoniste s'était dit qu'elle lui enlèverait cette autorisation plus tard... Mais, s'était encore un mensonge. Et, pour une fois en un an, cette dernière n'avait pas envie de mentir... Pas une fois de plus. D'ordinaire, elle devait tout le temps mentir : sur son état de santé, sur ce qu'elle ressentait à la fois pour le reste du monde, et pour Steven... Son masque se fissura, et laissa entrevoir la fragilité qui l'habitait depuis bien trop longtemps.