Loco d'elle(s)✅

Vivant

-       Comment peux-tu être certain que ce que tu ressens ne vient pas du fait que tu te sens redevable pour ce que...

-       Parce que la reconnaissance envers quelqu'un ne m'a encore jamais donné envie de vivre pour cette personne, dis-je sans gêne.

Abasourdie par mon aveu, elle resta un court instant en silence, ses pensées, pesant chacun de mes mots, cherchant une possible faille. Or, il n'y en avait aucune. Mon cœur avait parlé et pour la première fois de ma vie, j'avais la certitude de ne pas me tromper. Cette femme, je l'aimais et pour elle, j'avais envie de me faire opérer autant de fois que nécessaire, si cela me permettrait de me réveiller auprès d'elle, de la voir bailler, sourire et surtout, pour essuyer ses larmes.

-       Tu ne plaisantes pas, dit-elle en me regardant.

-       Je ne plaisante pas.

-       Tu m'aimes.

-       Je t'aime.

-       Je ne rêve pas.

-       Non, tu es ici avec moi.

Elle me regarda, fixa nos mains, me regarda avant de hocher la tête.

-       D'accord, je vais voir le docteur. Je devais l'avertir dès ton réveil. Je reviens.

Elle avait besoin de temps pour accepter cette nouvelle. Je comprenais. Je savais que tout cela était nouveau pour elle. La seule fois qu'elle avait été en couple, c'était avec Adam et là encore, les sentiments de ce dernier et les siens, n'étaient pas avoués ni sur la même longueur d'onde. Tout était nouveau pour elle et franchement, pour moi aussi, car après tout, l'amour était connu pour être imprévisible.

-       Mila...

Elle se redressa et arrangea sa tenue.

-       Mila...

-       Hum ? demanda-t-elle d'un air absent.

-       Viens ici, dis-je en montrant la place où elle était assise.

-       Je dois avertir le médecin.

-       Je le sais, mais viens ici deux secondes, s'il te plait.

Elle se mordit la lèvre et se rapprocha de moi.

-       Que veux-tu ? demanda-t-elle.

Je ne comprendrais jamais comment elle choisit ses moments pour être embarrassée. Bon, je savais qu'on ne choisissait pas, mais quand même, pourquoi était-elle dans cet état en ce moment ?

-       Je t'aime. Je voulais juste te le dire.

-       D'accord, Jaaziel. Peux-tu moins assumer tes sentiments ?

J'éclatai de rire, mais mon mal au bas ventre me refroidit assez vite.

-       Et toi, veux-tu les assumer un peu plus ?

Elle secoua la tête, un petit sourire naissant presque sur son visage, maintenant.

-       Je t'aime aussi, dit-elle doucement, ses yeux fuyant les miens.

-       C'est beaucoup mieux. La prochaine fois essaie de me regarder dans les yeux.

-       Je ne comprends pas. Il y a quelques jours, tu ne le savais même pas et maintenant...

-       Et maintenant que j'ai ouvert les yeux, je compte bien voir et continuer, terminai-je en embrassant son front. Allé, vas trouver le médecin qui va me piquer partout et me tripoter.