Dathräkins [EN PAUSE.]

Chapitre 7.

Filtrés par les rideaux pastel, quelques rayons de soleil pénétraient dans la chambre coquette. Le petit lit dans lequel elle s'était reposée demeurait bien moins confortable que celui du manoir de son oncle, mais elle avait su s'en accommoder. Malgré toutes les horreurs qu'elle avait pu voir la veille, l'épuisement lui avait permis de trouver le sommeil au beau milieu de la nuit. Elle n'avait dormi que quelques heures, par fragments. À cause de nombreux cauchemars, elle s'était réveillée à plusieurs reprises.

De gros cernes violets, presque noirs, soulignaient ses yeux dont les paupières étaient à demi closes. Elle se demandait quand elle pourrait rentrer au manoir sans pouvoir éveiller le moindre soupçon — la ville étant surveillée par les Tsunns, sans ignorer la présence du Tsanéka. Quand ce monstre repartirait-il pour la capitale ? Alix soupira. Elle espérait bien ne plus jamais avoir à croiser son chemin.

Après un bon quart d'heure à ressasser les événements de la veille, elle se redressa et vint s'asseoir sur le rebord du lit. Elle posa ses pieds nus sur le tapis rond qui recouvrait les planches grinçantes du sol. Un long bâillement s'échappa alors de sa bouche avant qu'elle n'étire son dos ainsi que ses bras. Finalement, elle se leva.

Sur la petite commode de bois étaient pliés une chemise blanche ainsi qu'un pantalon de toile couleur terre — des vêtements bien trop grands pour elle — mais l'adolescente n'avait guère d'autres choix que de les porter. Ici, elle n'avait aucun change. Elle enfila les habits que Thanaël lui avait prêtés tout en contemplant la cape verte qui était posée à côté.

Ylidrizz. À ses yeux, ces personnes étaient des gens bien. Elle se demandait ce que son sauveur était devenu, et espérait qu'il n'avait pas été fait prisonnier. À cause de la peur, Alix n'avait pas fait attention à eux et n'avait donc pas pu se rendre compte qu'il avait été arrêté.

La jeune fille inspira profondément avant de se décider à ouvrir la porte de sa petite chambre. Elle se retrouva dans un minuscule couloir dans lequel elle s'aventura jusqu'aux étroits escaliers. Elle descendit les marches grinçantes qui donnaient l'impression qu'elles allaient céder sous son poids. Enfin, Alix posa le pied dans la taverne, juste à côté du comptoir.

Les yeux écarquillés, elle se laissa surprendre par l'affluence. Le lieu était bondé. Du regard, la jeune fille chercha Thanaël et son grand-père dans la foule. Ils étaient un peu plus loin, courant d'une table à une autre pour servir les commandes.

Pour éviter de se faire bousculer, l'adolescente se décala légèrement et se retrouva derrière le bar. Soudain, les nombreux clients qui attendaient là se mirent à interpeller Alix. La jeune fille leva les mains d'un air gêné, en tentant de leur expliquer qu'elle ne travaillait pas ici et qu'elle ne savait pas comment les servir. Mais, à cause du brouhaha, les hommes ne comprenaient pas pourquoi elle restait immobile et ne s'exécutait pas.

Heureusement pour elle, Thanaël arriva en trombe derrière le bar. Il saisit trois pintes de bois tout en écoutant les prochaines commandes des clients. Vivement, il se baissa à côté d'Alix, en ne lui adressant qu'un rapide sourire. Il attrapa un tonneau de bière dont il fit sauter le bouchon avant de servir les boissons.

Le blondinet indiqua, du regard, à Alix où se rangeaient les récipients. Il lui demanda d'en sortir cinq autres pour les clients qui attendaient au comptoir. La jeune fille s'exécuta aussitôt et les posa devant lui. Ainsi, Thanaël versa davantage de cervoise dans les pintes avant de les donner aux hommes.

Il se grandit habilement avant d'attraper un plateau de bois qu'il posa sur le bar. Il y plaça les trois boissons restantes pour les apporter à ses clients puis fit glisser le plat sur sa main.

Alix n'avait pas eu le temps de dire un seul mot ; il s'en était déjà allé. Elle demeurait stupéfaite par la rapidité du jeune homme. Il courait partout comme si c'était facile et naturel, le sourire aux lèvres.