Chapitre 3.

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Quelques heures après la conversation qu'elle avait eue avec Ayden, Alix se trouvait le séjour du manoir de son oncle. Les yeux vides, elle jouait avec une petite boite ronde dans laquelle se trouvait un onguent qu'elle avait appliqué plus tôt sur sa marque. Grâce à ce remède, le sceau ne lui causait plus la moindre douleur.

Rongée par le remords, Alix songeait aux Mac'Laggen. Si Claire et Charly n'avaient pas fait l'erreur de la recueillir, alors il n'y aurait jamais eu d'incendie. Par-dessus tout, elle regrettait la mort de sa précieuse petite sœur. Elle n'avait été qu'à l'aube de sa vie. L'adolescente revoyait l'image de son sourire innocent dans son esprit. Une page de son histoire avait été arrachée et brûlée par l'homme qui l'avait abandonnée seize ans plus tôt.

Elle reprit ses esprits lorsqu'elle sentit une main se poser sur son épaule. Alix abaissa ses yeux gris sur celle-ci, contemplant la brume aubergine qui en émanait. Elle plissa légèrement ses paupières, encore surprise par l'utilisation de la magie. Alix remarqua une chevalière d'argent sur laquelle était gravée la rose noire aux pétales gelés. Elle releva doucement ses prunelles jusqu'à découvrir le visage d'Andreï. Il était doux et souriant.

— Oh... Vous êtes là. Je ne vous avais pas vu ce matin... Bonjour, commença-t-elle, d'une petite voix.

— J'avais quelques affaires à régler à Cynthorès. Comment vas-tu ?

— Un peu mieux qu'hier, répondit-elle en déviant son regard sur la cheminée.

— Tu as dû faire face à beaucoup d'événements. Je suis conscient que changer de monde n'est pas une simple affaire... J'ai compris que tu ne m'avais pas cru sur parole et sache que j'aurais très bien pu t'arrêter lorsque tu es partie. Je me disais qu'en réalisant par toi-même, peut-être que tu comprendrais mieux.. Je suis sincèrement désolé de ce que tu as pu vivre à Cynthorès. Mon fils m'a raconté dans quel état il t'a trouvé. J'aurais dû t'empêcher de partir, quitte à ce que tu continues de me prendre pour un fou.

L'image de la tête de l'ivrogne virevoltant dans les airs revint assaillir les pensées de l'adolescente, mais Alix ne laissa pas son visage se transformer à cause du dégoût et de l'horreur. Silencieusement, elle esquissa un petit sourire reconnaissant qui surprit l'Aêrth.

— Je vous en suis reconnaissante. Si vous m'aviez arrêté, je vivrais dans le déni total. Je le sais ; je me connais. Me retrouver face à la mort m'a fait comprendre certaines choses.

— Tu as tellement de choses à comprendre, encore, soupira-t-il d'un air compatissant.

— Je me suis livrée à Ayden ce matin. Il m'a tout raconté. Je vous remercie de m'avoir sauvé de cet incendie, mais aussi de m'avoir ramené à Oranëa. Je menais une existence sans but. Désormais, j'en ai un, assura Alix d'un ton déterminé.

Andreï resserra légèrement ses doigts sur l'épaule de sa nièce. Dans ses yeux gris, pourtant glaciaux, brillait la lueur d'une flamme ardente. Ils étaient perçants, empreints d'un profond désir de vengeance. L'Aêrth n'en pouvait détourner son propre regard.

— Puis-je te demander quel est ce nouvel objectif ?

— Tuer Alekseï Jin Gorakov, rétorqua-t-elle d'un ton sec.

Andreï haussa un sourcil avant d'étendre ses lèvres en un sourire plus large, comme amusé par les mots de sa nièce.

— Même en retirant les hommes à son service, ses alliés ainsi que ses trois fils, mon frère est un homme extrêmement puissant. Tu as beau être sa fille, tu n'as pas un mauvais fond. Je ne te pense pas capable de commettre un tel acte. Tu parles sous le joug de la colère.

Dathräkins [EN PAUSE.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant