Amitiés et Rivalités

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Je m'affale dans mon lit, désemparée et en pleurant. Je n'ai pas réussi à avouer le chantage dont je suis victime aux filles. En effet je suis rentrée à Chicago. J'ai réussi à le fuir. Mais je me suis endormie en pensant à lui. Vers 16h j'ai été réveillé par des cris de joie. C'était elles... Je me suis vite levée pour courir dans leurs bras, après de longues embrassades on s'est toutes affalées sur le canapé.
«  Alors commença Sandy comment se sont passés vos vacances ?
- Super bien pour ma part dit Ambre Los Angeles est encore plus beau que ce que l'on avait imaginé les filles c'est un truc de dingue, des restaurants et boîtes de nuit à chaque coin de rue en plus ma cousine possède une villa, elle ne m'en avait pas parlé c'était une surprise. Jamais même dans mes rêves les plus fous je n'aurai pu imaginer ça...
- Une villa ! Mais non ce n'est pas possible, je suis jalouse là. Moi j'étais au Texas, seule dans ma campagne chez ma grand-mère alors au début c'était drôle de jouer les fermières mais pendant 1mois, j'étais à bout de force alors j'ai commencé à sortir et je me suis fait pas mal d'amis, c'était une fin de vacances mouvementée...dit Cécé avec une grimace
- Amis avec un « i » ? L'interrompais-je en écarquillant les yeux.
- Heu oui avoua-t-elle le feu aux joues.
- KOI ? Nous nous exclamons toutes en même temps.
- Mais repris-je quand as-tu rompu avec Kurtys ? »
Kurtys depuis le départ de Luka était devenu un très bon ami, protecteur...Il avait toujours été là pour moi et avec Cécé à mes yeux ils représentaient le couple parfait.
« Jamais me répondit-elle, on était en pause mais je ne voulais pas vous ennuyer avec mes histoires de couple alors que pour vous tout roule dit-elle en faisant la moue.
- Mais tu ne nous ennuies pas ! répliqua Sandy
- J'avoue c'est quoi ces sottises ? Ajouta Ambre
- Tiens nous au courant on est là pour ça... dis-je
- Oui et puis il n'y a pas de secrets entre nous ! Dit Sandy
- Oui aucuns secrets entre nous dirent-elles en cœur »
Elles se tournèrent vers moi en m'interrogeant du regard car je n'avais pas répéter avec elles cette phrase qui rendait le poids de ma culpabilité encore plus lourd et douloureux.
«  Qu'est-ce qu'il se passe Nao ? Tu nous racontes même pas tes vacances demanda Cécile en haussant un sourcil.
- Hum... J'attendais que Sandy raconte les siennes...dis-je nerveusement.
- Tu n'attends jamais personne d'habitude tu es la première a raconté tes vacances, en plus tu as réalisé ton rêve de gosse... Je te comprends pas ajouta brutalement Ambre. »
Avec Ambre notre relation était fragile, au début on se détestait, nos deux caractères faisaient souvent des étincelles même si au fond on s'aime beaucoup.
« Oui je sais Ambrou...Pour tout vous dire c'était tellement magique, j'ai fait énormément de shopping, j'ai rencontré Ana et son papa Gabriel comme vous le savez puis la semaine est passée vite et c'était déjà le carnaval. J'ai...Hum...dansé beaucoup et puis j'ai tellement bu que je ne me souviens de rien après minuit. »
Elles me regardent, choquées car elles savent que je mens. Jamais je ne toucherai à une bouteille d'alcool, ma religion le déconseille et je compte m'y tenir. Mais elles font semblant et c'est le pire. J'aurai préféré qu'elles me crient dessus, qu'elles m'assomment de question, qu'elles fassent en sorte de me faire cracher la vérité mais non. Alors pendant que Sandy raconte l'époustouflant safari qu'elle a fait au Mali, je me lève pour aller dans la cuisine nous préparer du thé aux fruits rouges. Mais notre cuisine américaine ne me permet pas de rester cacher bien longtemps et je me force à revenir. Un silence palpable accueil mon arrivée et je nous sers en tremblant un peu des mains. Elles me remercient toutes et recommencent à discuter de tout et de rien. A 21h34 je monte dans ma chambre. Voilà comment je me retrouve, le soir de nos retrouvailles, expulsée en sachant que mon procès aura lieu ce soir dans le salon. Il est presque 3heures du matin quand j'entends la vibration de mon téléphone : message du Maître-Chanteur. Il me donne rendez-vous à 14h20 à Loyola Park, le lieu où les deux gangs s'affrontent, ce qu'ils appellent Le Bijou mais demain on est samedi il y a entraînement pour les deux gangs donc le parc pourra retrouver un peu de sa tranquillité. Je soupire fortement et éteins mon téléphone. Pas besoin de lui répondre, il sait que je vais venir, cette enflure. Je m'endors presque paisiblement en redoutant l'approche de la rentrée et mon rendez-vous de demain.
Le lendemain je me réveille avec une migraine atroce alors je vais me préparer mon éternel thé vert en traînant des pieds. Pendant que mon thé infuse je me prépare deux tartines de Nutella et j'entends des pas derrière moi, je n'ai pas besoin de me retourner pour reconnaître le pas traînant, identique au mien de Sandy. Cela me fait sourire, je me retourne pour lui faire la bise et elle me sourit ! Miracle ? Je fonds en larmes dans ses bras car je m'attendais à ce qu'elle ne me parle plus pendant au moins une semaine. Elle profite de ma faiblesse pour m'emmener dans sa chambre, elle me berce et me demande de lui dire ce qui ne va pas. Alors avant de tout lui raconter je lui demande de prendre mon infusion et mes tartines, elle en profite pour s'en faire aussi, remonte, s'installe sur mon lit et je commence mon récit :
«  Tu ne peux pas garder ça pour toi Naolya, tu ne peux pas faire ça à Mike qui t'aime sincèrement, à tes amis qui s'inquiètent pour toi...Tu te rends comptes que Seb ne t'adresseras plus jamais la parole Nao ?
- Oui je sais San mais je n'ai pas le choix tu comprends ? Il veut vous tuer, tu n'aurais pas fait la même chose à ma place ? Je te demande qu'une faveur : de rester mon amie quand tout le monde m'abandonneras. Tu seras mon pilier et puis je mettrais aussi Luka dans la confidence je sais qu'il m'aidera lui. »
Ah Luka !... On est meilleurs amis depuis seulement deux ans mais c'est comme si l'on se connaissait depuis toujours, il y a un an on s'est promis de toujours se soutenir l'un et l'autre même lorsqu'on a tort...C'est le moment pour lui de me montrer sa loyauté. Mais je vois que Sandy ne m'a rien répondu et me fixe l'air grave en se mordant la lèvre, signe de nervosité très fréquent chez elle.
«  Qu'est-ce qu'il y a San ?
- Nao...je ne sais pas trop comment te le dire, on devait t'en informer hier soir mais avec ton mensonge ça nous ait sorti de la tête mais il y a quelques jours Erwan m'a appelé pour me prévenir qu'on a plus de nouvelles de Luka... »
Je sens que la pièce commence à tourner mais je reste impassible et demande à Sandy de continuer.
«  Il est parti en Irak pour raisons personnelles tu te souviens ?
- Comment ça « raisons personnelles » ? Je suis sa meilleure amie, j'ai le droit de savoir pourquoi il est parti quand même ! M'exclamais-je
- Je n'en sais pas plus Naolya c'est classé top secret... »
Il est parti sans rien dire, même pas un au revoir, du jour au lendemain. On a parlé il n'y a pas longtemps et il ne m'a rien dit. Je sentais qu'il se forçait à être joyeux mais je ne comprenais pas pourquoi alors j'ai laissé tomber. Je l'ai laissé tomber. Je ferme les yeux très fort inspire fortement mais cela ne fonctionne pas, toujours ce même poids de culpabilité au plus profond de mon cœur...je me sens tellement mal, je cours dans les toilettes et malgré les tartines évacuées je me sens toujours aussi mal. Cécile et Ambre me rejoigne dans les toilettes et me demande si je suis enceinte ce qui a pour résultat de me refaire vomir. Sympa les copines...Je me réfugie dans ma chambre et me roule en boule sur mon lit. Quelques instants après Sandy m'amène un calmant avec un verre d'eau et je m'endors. Je suis réveillée par la sonnerie de mon téléphone, pourtant je n'ai mis aucun réveil, je suis certaine que c'est Sandy mais pourquoi veut-elle que je me réveille ? Je regarde l'heure : ​14h05 ! Je bondis de mon lit, catastrophée et fonce dans la salle de bain.
«  Tu vas être en retard ma belle, me crie Sandy
- Merci pour le réveil San lui répondis-je
- De rien c'est normal dit-elle en me rejoignant dans la salle de bain, tu veux que je te coiffe ?
- Heu...San je ne vais pas me faire belle pour lui dis-je ne levant les yeux au ciel »   
Je finis de me préparer et sors de l'appartement à 14h10 sous les regards surpris de Cécile et Ambre.
Je marche vite dans les rues ensoleillées de Chicago sans profiter du beau temps et sans regarder les vitrines alléchantes...Mon cœur se serre d'angoisse au fur et à mesure que je m'approche du lieu. Je le vois, je m'approche, il n'a pas changé sa silhouette musclée se détache des autres. Il porte un t-shirt gris avec un pantalon noir. Des frissons me parcourent tout le corps, il se retourne et m'observe.
«  Tu es en retard chérie.
- Ne m'appelle pas comme ça Enzo, quand on se retrouvera seuls dorénavant je serai la même inconnue que j'étais pour toi au Brésil lui répondis-je »
Il ricane.
« A qui tu veux prouver que tu es forte Nao ? Moi je sais que tu es faible, aucun gang ne t'a accepté...
- Tais-toi ! Tu ne sais pas ce que tu dis, tu ne sais pas ce que j'ai vécu, on ne se connaît même pas l'interrompais-je
- Oh excuse moi je ne voulais pas te vexer dit-il en s'esclaffant »
Il est vrai que je vous ai caché certaines informations, mais c'est une honte pour moi et j'ai tout fait pour l'oublier : il y a 2 ans j'ai postulé pour intégrer un gang mais ma candidature a été refusé à cause de mon profil peu sportif et la raison pour laquelle j'ai déménagé à Chicago est que j'étais victime d'harcèlement et Luka m'a aidé, je lui dois la vie. Mais à ce moment toute la tristesse, la haine, toutes les émotions non-évacuées que j'avais mises de côté me revienne à cet instant et sans même lui demander comment il est au courant, je le gifle. Il reste abasourdi mais son regard change et je vois toute la méchanceté dont il est capable. Il m'attrape le poignet et me dit :
« Tu n'as pas intérêt à recommencer. Compris ? De même que ta fuite, plus jamais tu ne feras ça.
- A qui penses-tu faire peur Enzo ? Lui-demandais-je en essayant de masquer mon effarement.
- Tu ne peux pas jouer à ça avec moi, un coup de fil et je peux faire de ta vie un cauchemar ne l'oublie pas. »
Les larmes me montèrent aux yeux mais je me détourne à temps pour les lui cacher. Je reste un moment dos à lui, ne sachant si je devais partir en courant ou m'effondrer par terre devant tout le monde. J'en étais là dans mes interrogations quand je sentis des bras m'entourer :
«  Qu'est-ce que tu fais ? Demandais-je surprise
- Je ne veux pas faire couler tes larmes » me dit-il avec gêne ? Non ce n'est pas possible, lui qui a fait tuer tellement de personnes à son âge, sans pitié, sans compassion ?
Je ricane à mon tour et fais demi-tour pour rentrer chez moi. Il me laisse m'en aller et c'est le cœur plus léger que je rentre dans notre appartement. Sandy m'accueille sur le pas de la porte :
« Alors, raconte-moi comment ça c'est passer ?...
- Allons dans ma chambre et je te dis tout »
Après avoir préparé deux tasses de thé à la camomille et pris un paquet de galettes bretonnes ont filent dans ma chambre et je lui raconte tout. Une bonne histoire se raconte dans de bonnes conditions, en l'occurrence ici autour d'un bon thé accompagné de biscuits.
«  Mais pourquoi il t'a pris dans ses bras ? J'ai du mal à le cerner, ce type... Il te fait des menaces, il essaie de te frapper puis il te fait un câlin me dit San »
Je la regarde avec tristesse car je me suis posée les mêmes questions durant tout le trajet jusqu'à l'appartement. Comme elle voit que je ne réponds rien elle me prend dans ses bras tout simplement. Après ce douloureux épisode j'essaie de me changer les idées pour mes derniers jours de vacances...Mais le fait de m'être confiée à Sandy à augmenter notre complicité et notre amitié, dans l'appartement l'harmonie d'autre fois s'est envolée...aussi fragile qu'un coquelicot.  Alors je me suis réfugiée dans l'écriture et j'écris, j'écris sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir ce que j'écris, juste pour oublier. Ou simplement ne pas trop y penser je suppose. Car malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à penser à autre chose, les premiers jours qui ont suivi mon appel avec Mike il m'a harcelé de messages ; ne comprenant certainement pas la situation et se demandant sans doute ce qu'il avait fait de mal, alors qu'au fond, de tout cela, il n'y était pour rien. Tout est de ma faute, ma stupide faiblesse, je ne me suis pas défendue face à Enzo, je l'ai laissé prendre une emprise évidente sur moi...Et bien-sûr je n'ai aucune nouvelles de Luka...il ne me répond pas et dès que j'essaie d'aborder le sujet avec Seb, il le dévie. Que faire ? Je ne sais pas. Mon meilleur ami, mon double, mon pilier celui à qui je confie tout, il n'est plus là... Mais pourquoi partir en Irak ? A part la guerre qu'est-ce qu'il y a ? Comme tout va mal je continue à écrire, j'écris mes peines et pas mes joies car elles sont éphémères apparemment. On reprend bientôt les cours, je ne compte pas me laisser abattre, alors je me dirige vers le salon, déterminée à arranger les choses avec Cécile et Ambre :
« Salut...
- Hum me marmonne Cécile, signe d'énervement extrême ce qui me perturbe légèrement
- Heu...Je voulais vous proposer de faire une journée entre filles...
- C'est déjà ce que l'on fait tous les jours Naolya rétorqua Ambre, mais tu ne l'as sans doute pas remarqué tellement tu restes dans ton cocon tous le temps et que tu ne sors de ta case que pour manger et boire.
- Je...Ce n'est pas ce que je voulais dire dis-je sans me démonter et avec une fermeté inhabituelle, ce qui oblige Ambre à poser ses yeux sur moi. Je vous propose donc une journée shopping, avec une pause au Heartland Cafe et une surprise aux alentours de 16heures. »
Il faut savoir que je réunissais dans une même phrases tous les arguments susceptibles de les convaincre de venir avec moi car :
- Sandy aime énormément les surprises
- Ambre aime énormément manger (sans prendre 1kg, je la hais)
- Cécile aime énormément le shopping
Et le Heartland Cafe était notre cafétéria préférée, Ambre et Cécile se consultèrent du regard mais je connaissais déjà leur réponse.
«  - Non, en tout cas pour moi c'est impossible dis Cécile.
- Quoi ? Mais pourquoi ? M'exclamais-je en redoutant la réponse
- Depuis que je suis revenue de vacances je n'ai pas reparlé à Kurtys... et vous savez très bien ce qu'il s'est passé au Texas alors... »
Effectivement Kurtys travaille en tant que saisonnier pour le Heartland Cafe tous les étés c'est comme cela qu'ils se sont rencontrés avec Cécile...et vous devez vous souvenir que Cécile a trompé Kurtys cet été mais revenons. Il s'agit d'un code rouge et il fallait trouver une solution. Mais après tout un tas d'idées plus farfelues les unes que les autres je décidais en tant que meilleure amie d'encourager Cécile à s'expliquer avec lui, et que ce serait une bonne occasion pour elle de savoir où elle en est. Sur ces arguments incontestables nous sommes allées nous préparer pour sortir se balader dans les rues de Chicago en cette magnifique journée d'août. A l'université on nous a collé une étiquette, nous sommes vues comme des filles populaires, j'ai l'impression d'être au lycée...c'est fictif tout cela, nous sommes juste des filles comme les autres dont les amis et petits-amis sont connus. C'est vrai que dis comme cela je peux comprendre leur point de vu. Cette étiquette est devenue plus au moins une partie de nous-mêmes et pour tenir ce rang il faut toujours être bien vu. Cela explique sans doute pourquoi nos virées shopping sont aussi clichées alors qu'il s'agit d'un réel plaisir. En tout cas une balade à Chicago ne se fait pas habiller de n'importe quelle façon. Cécile a opté pour une robe légère aux imprimés fleuris bleu et gris sur un fond blanc, tennis aux pieds avec son léger bronzage, le contraste est sublime. Avec ses lunettes Cartier elle symbolise l'élégance et la simplicité. Tout le contraire de San, avec son look décalé : jean baggy vert kaki et un croc top blanc et de grosses créoles à ses oreilles elle me fait penser aux femmes des années 1980 mais elle est vintage donc moderne. Quand à Ambre elle porte une jupe grise évasée avec un débardeur violet où on peut lire la description : Don't worry girl will save the world en blanc. Et moi pour finir assez classique, jean slim avec un haut jaune légèrement décolleté et mon sac Guess bleu marine, mon préféré. Nous voilà donc toutes les quatre déambulant dans les rues de Rogers Park. On passe à côté du parc où j'ai eu ma discussion avec Enzo et un frisson me parcourt dans la chaleur moite d'août. San me lance un regard et glisse sa main dans la mienne, signe d'encouragement. Après 2h30 passées à jeter notre argent par les fenêtres nous décidons qu'il est temps pour nous de se diriger vers le Heartland Cafe. Je regarde Cécile du coin de l'œil et je vois des gouttes de sueur perlées à son front alors je lui tends un mouchoir et lui prends la main avec compassion. «  Merci » me souffle-t-elle. Je lui adresse un grand sourire tandis que nous pénétrons dans la cafétéria climatisée et remplie d'étudiants....Kurtys se tient debout derrière le comptoir en plein encaissement. Nous sommes dans la file d'attente et donnons nos derniers conseils à Cécé :
«  Okay, oublie pas : faute avouée à jamais pardonnée la rassure San »
Et je ne peux m'empêcher d'exploser de rire devant le lapsus de Sandy, ce qui attire l'attention de Kurtys, il se tourne vers nous et son regard s'assombrit lorsqu'il croise les yeux noisette de Cécile. Cela n'augure rien de bon...Je lui fais une grimace d'excuse quand elle se tourne vers moi pour me foudroyer du regard...Mais trop tard c'est notre tour.
« Vous prendrez sur place ou à emporter ? » demande sur un ton glacial Kurtys
Je déglutis avec peine et aucune de nous ne prend la parole. Alors Kurtys répète sa question.
«  Sur place » réponds une voix familière, sans même me retourner je sens que je me liquéfie sur place. Kurtys lève enfin les yeux pour dévisager l'étranger et son regard bleu passe de lui à Cécile et il sort. Mais que fait-il là, il nous a suivi ou quoi ? San me jette un regard interrogateur et je hausse les épaules répondant à sa question muette.
« 3muffins au Nutella pour Mesdames, un au spéculoos pour Nao et un café pour moi merci »
Les filles et moi restons bouches bée mais c'est finalement San qui nous entraine sur une table isolée où Enzo nous suit.
« Que nous vaut le plaisir Enzo ? Le Brésil n'avait pas assez de place pour enterrer tes crimes ? Demande Ambre avec son tact habituel...
- Nao ne vous a pas dit ? Chérie je devrais me faire du souci ? Parce que une fille qui ne parle pas de son copain à ses meilleures amies, c'est étonnant ? »  Me demande - t-il avec son détestable, haïssable et son éternel magnifique sourire remplie d'hypocrisie.
Les filles me fixent dans l'attente de ma réponse mais je ne sais pas quoi dire. Mais si je tiens à elles, à Seb et surtout à Luka je dois jouer le jeu peu importe ce qui en découlera.
«  Non tu n'as aucun soucis à te faire mais comme je te l'ai dit, je ne savais pas comment l'annoncer aux filles mais tu m'as devancé...
- Pardon ? Tu rigoles j'espère, il y a encore 3jours tu étais folle amoureuse de Mike et tu oses nous faire croire un bobard pareil ? Et ce sera quoi après ? Tu vas intégrer les Blood ? Naolya, t'es une traître, tu me dégoûtes hurle Ambre.
- Je l'aime mentis-je et ma voix explose en sanglots tandis que je continue : c'est le chef des Blood, l'ennemi juré de Seb, de Kurtys, d'Erwan et tous nos amis je le sais mais Ambre je l'aime essaie de me comprendre, Ambre s'il te plaît »
Mais elle est déjà partie en courant. Je fonds en larmes devant tous les clients. Et ce ne sont pas des larmes de tristesses mais de rage.

DestinéeWhere stories live. Discover now