21.

66 8 0
                                    

Le sol était gelé, le paysage brumeux, rien ne bougeait, rien ne vivait. Les plantes s'étaient recroquevillées sous le froid mordant du gel, et les oiseaux s'étaient envolés pour les pays chauds du sud. Les carrosseries des voitures scintillaient sous la fine couche du givre d'hiver et donnaient l'impression de voir des petits diamants incrustés à l'intérieur.

Il y avait peu de passants. Il faisait trop froid. Les voitures qui traversaient la rue se faisaient de plus en plus rares et Changkyun était bien content de rester à l'intérieur. Tout ce qu'il pouvait voir à travers cette fenêtre était triste et monotone. Le monde autour semblait décoloré et terni, comme si toute lueur de vie d'autrefois s'était éteinte.
C'était un triste paysage.

Changkyun ne savait pas si sa perception des choses avait été affectée par son état d'esprit, ou si le paysage d'hiver était réellement emplit de cette mélancolie mortelle, mais en tout cas jamais il n'avait autant détesté l'hiver qu'en ce moment. Il lui faisait décidément trop penser à sa vie.

Il soupira et détourna le regard de la fenêtre. Sa chambre était aussi grisâtre et sombre que le monde extérieur, et ça en devenait lassant. Il n'avait pas pris le temps d'allumer la lumière et avait laissé la pièce dans l'ombre où le soleil, voilé par les nuages, ne passaient pas.

Tout semblait aller si mal en ce moment... Sa vie entière ne faisait que de se foutre de sa gueule. À quoi bon se battre pour réussir si on échouait à chaque fois ?

Il ne se sentait plus lui même. Il ne s'était jamais sentit lui même de toute façon. Il vivait sans se connaître, sans rien savoir de sa propre personne et jusqu'ici ça ne lui avait posé aucun problème, mais depuis la naissance de ses flash et des aperçus de son ancienne vie où tout semblait aller si bien, Changkyun avait commencé à regretter, à désirer retourner dans le temps, abuser de sa capacité à contrôler ses flash et revivre ses souvenirs, mais ce n'était pas la solution. Se voiler la face et vivre dans le passé ne lui apporterait qu'une fausse sérénité temporaire, il le savait, et pourtant il ne pouvait s'empêcher de rêver de cette vie parfaite qui avait été la sienne dans un temps lointain et qui désormais ne l'était plus. Il avait essayé de faire de sa vie actuelle une existence quelque peu semblable à celle de ses souvenirs mais, comme vous l'aurez sûrement compris, ce fut un véritable échec.

Changkyun, assis sur le rebord de la fenêtre, ramena ses jambes contre sa poitrine. Il n'avait plus personne. Il n'avait plus de chez-lui. Et c'était de sa faute. Combien de temps lui restait-il avant que tout ses souvenirs s'effacent à nouveau ? Si cela se produisait, il ne s'en rendra très probablement même pas compte et continuera sa vie dans l'ignorance.

Il se sentait atrocement vide, sans aucune identité, sans histoire, mais ça, il ne pouvait le partager à personne. Pour ses proches, ce serait trop douloureux à entendre et il ne voulait pas leur faire de la peine.

Malheureusement, en ce moment précis, Changkyun désirait sentir la présence de quelqu'un à ses côtés or, il était seul, complètement seul. Jooheon était en cours, c'est pourquoi il n'avait pas pu le ramener en voiture et le brun avait été contraint de prendre le bus. Il s'était d'ailleurs trompé cinq fois de station et avait prit le mauvais bus car ils avaient la même couleur. En arrivant, Mère-Grand avait déjà été mise au courant et l'attendait de pied ferme. Elle n'avait pas trouvé d'autre moyen pour calmer ses nerfs que d'aller faire les courses et partir le plus loin possible de lui. Elle avait sûrement préféré s'éloigner plutôt que de rester à lui hurler des choses qu'elle regretterait plus tard et qui ne solutionneraient rien. C'est ainsi qu'il s'était donc retrouvé seul dans cette grande maison. Sans Jooheon, sans Mère-Grand, sans Kihyun...

𝐑𝐞𝐦𝐞𝐦𝐛𝐞𝐫 𝐌𝐞Where stories live. Discover now