Chapitre 7

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Lundi 4 novembre 2013

          L'alarme de mon téléphone portable se mit à retentir. Dormant désormais trop peu pour pouvoir me passer de cette horrible sonnerie, je regrettais le temps où je pouvais compter uniquement sur mon horloge interne pour mettre fin à ma nuit. En effet, c'était tellement douloureux d'être arrachée brusquement à son sommeil que j'en arrivais à me lamenter d'avoir encore veillé aussi longtemps. Du moins, jusqu'à ce que je trouve la force de couper ce maudit réveil, et que mon ouïe cessant d'être agressée, permit à mes autres sens de se mettre en éveil. Progressivement me revint alors le souvenir de l'extraordinaire nuit que je venais encore de passer aux côtés de mon incube, seulement je ne m'autorisai pas à rêvasser trop longtemps, consciente que j'avais programmé mon téléphone de telle sorte, à me laisser tout juste le temps de préparer les enfants pour l'école. Ainsi, je m'obligeai très vite à sortir de mon lit. Je rejoignis ensuite la salle de bain, et bien qu'une douche m'aurait sans doute été nécessaire pour retrouver un semblant d'énergie, j'y renonçai tant par paresse que par peur de manquer de temps. Par conséquent, je me contentai de passer un peu d'eau froide sur mon visage avant d'enfiler les vêtements que j'avais portés la veille, puis j'entrepris d'aller préparer le petit déjeuner. Comme il était quasiment impossible d'emprunter l'escalier sans faire craquer le bois des marches, je ne fus pas surprise que mes enfants se réveillent et viennent me rejoindre presque aussitôt dans la cuisine, seulement je n'étais pas prête pour autant, à avoir de la compagnie. En effet, déjà très loquaces, ils commencèrent à me raconter tout un tas de choses. Non pas que le bruit m'était encore pénible, mais j'avais beaucoup de mal à me concentrer sur ce qu'ils disaient, d'autant plus qu'ils parlaient en même temps, rivalisant d'efforts pour essayer de capter mon intention. Mon cerveau tout juste éveillé, s'avérant finalement incapable de supporter cette surcharge d'informations, je n'eus d'autre choix que de leur ordonner de se taire. J'étais peinée d'avoir réprimé ainsi leur énergie, mais heureusement, après avoir avalé ma tasse de thé, je me sentis enfin apte à leur donner toute l'attention qu'ils réclamaient. Je pris alors le temps de m'occuper d'eux chacun leur tour, pour être sûre de pouvoir répondre parfaitement à leurs attentes. En effet, ce premier jour de la semaine impliquait que nous allions être séparés pendant plusieurs heures, par conséquent je ne voulais pas qu'ils partent à l'école avec une ombre sur leur cœur que je n'aurais su dissiper avant de les quitter. Surtout en sachant que la fin des vacances, même si celles-ci n'avait duré que quinze jours, était toujours une étape difficile à franchir pour eux, mais aussi pour moi. Ce que d'ailleurs j'exprimai, par un besoin irrésistible de les serrer très fort dans mes bras avant de les autoriser à rejoindre leurs camarades dans la cour de l'école. Certes, ça faisait partie des rituels précédents chacune de nos séparations, aussi brèves soient-elles, mais cette fois-ci, je mis dans ces étreintes plus d'ardeur que de coutume, tant j'avais du mal à les laisser s'en aller loin de moi. Mon comportement pouvait bien évidemment s'expliquer par le fait que j'étais triste qu'il leur faille de nouveau compter davantage sur eux-mêmes pour régler les désagréments qu'occasionne la vie; mais en toute honnêteté, ce n'était pas la seule raison. En réalité, je crois bien que je me sentais coupable vis-à-vis d'eux, du temps que je passais en compagnie d'un autre homme que leur père. Non pas que j'avais le sentiment de les trahir en vivant cette expérience fantastique, étant donné que celle-ci ne pouvait remettre en question notre schéma familiale, mais je m'en voulais d'avoir un nouveau centre d'intérêt qui parasitait autant mes préoccupations de maman. Surtout maintenant que je commençais à ressentir des sentiments totalement inappropriés pour un démon, et que ça me perturbait au point de ne penser qu'à ça. Le pire, c'est qu'il n'y avait pas que mes spéculations constantes qui me rendaient moins disponible pour mes enfants puisque de toute évidence, mes activités nocturnes m'épuisaient désormais à un point, que j'étais dans l'incapacité de répondre à tous leurs besoins. Du moins, il me fallait davantage de temps; ce qui pouvait amener à des situations douloureuses, comme ce matin lorsque j'avais refusé qu'ils m'assaillent au saut du lit, de toutes les considérations qui leur passaient par la tête. Il était donc indéniable que j'abusais de mes forces et que je ne pouvais continuer à vivre une double vie, sans risquer d'en faire sérieusement pâtir les gens que j'aimais.

Mon Incube - TOME 1 - Rendez-vous nocturnesWhere stories live. Discover now