Chapitre 17

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Jeudi 14 novembre 2013

          Au moment où j'ouvris les yeux, je fus surprise de ne pas retrouver mon décor habituel. J'étais alors si désorientée, qu'il me fallut réfléchir plusieurs longues minutes pour reconnaître les meubles de mon salon. De là, je me rappelai pourquoi j'étais arrivée sur ce canapé, sans néanmoins me souvenir d'avoir éteint la télévision, ni d'avoir installé une couverture sur moi. Sans me poser davantage de questions, j'attrapai aussitôt mon téléphone posé sur la table basse pour consulter l'heure. Laquelle m'indiqua qu'il me restait encore vingt bonnes minutes pour émerger de ma courte nuit, mais malgré cela, je me levai immédiatement pour rejoindre la cuisine. Jamais encore, je n'avais eu aussi faim dès le réveil. Mon estomac me faisait si mal, qu'avant même de préparer ma tasse de thé, je fouillai dans le placard à gâteaux. Après avoir avalé trois brioches chocolatées d'affilée, je croyais être parvenue à me rassasier, cependant lorsque mon regard croisa le paquet de céréales posé sur le plan de travail, je ne résistai pas à l'envie de piocher plusieurs fois à l'intérieur. La folle nuit que je venais de passer dans les bras de mon incube m'avait certainement vidée de toute mon énergie. C'est pourquoi je n'hésitais pas à reprendre des forces, quitte à oublier toutes les bases d'une alimentation saine. Toutefois, je dus bientôt renoncer à me goinfrer. Non pas que je n'aurais pas été tentée d'avaler jusqu'à la dernière miette de céréale, mais l'heure qu'affichait l'horloge de mon four, m'obligea à faire de mes enfants ma seule et unique priorité. C'est alors que ma journée débuta. J'effectuais les rituels de la matinée, tâchant de nier tout ce qui pouvait m'empêcher d'être une maman dévouée et attentive; je n'accordais même pas la moindre petite escapade à mon esprit, du moins jusqu'à ce que je rentre de l'école et me retrouve seule à la maison.

En l'absence de réelles contraintes, j'eus en effet beaucoup de mal à me convaincre de vaquer à mes occupations quotidiennes. A la place, j'avais envie de retourner sur le canapé, pour m'y allonger et voir si j'étais encore capable de communiquer à distance avec mon incube. Envie à laquelle je refusais néanmoins de céder, convaincue qu'il finirait par me trouver trop envahissante si je le sollicitais à tout bout de champ. De plus, il avait certainement lui aussi des obligations à remplir, car même si je ne lui avais pas posé la question, je me doutais bien qu'il ne retournait pas parmi les siens uniquement pour se reposer. D'ailleurs avait-il seulement besoin de dormir? Un être aussi fantastique dont les fonctions vitales étaient très éloignées des nôtres, n'avait sans doute pas besoin de sommeil. C'est alors que je commençai à m'interroger sur la manière dont il devait occuper ses journées. Peut-être que chaque matin, Lilith rassemblait tous ses serviteurs pour qu'ils fassent ensemble, un point sur la nuit qui venait de se dérouler. Ensuite, elle leur donnait sans doute les directives à suivre pour la virée nocturne à venir, mais après, que pouvait bien faire tout ce petit monde agglutiné au fin fond d'une caverne? Alors que je tentais d'imaginer l'emploi du temps diurne de mon incube, le téléphone fixe de la maison se mit à sonner. J'abandonnai alors les coussins que j'étais en train de retaper sur le canapé, pour voir qui pouvait avoir envie de me parler si tôt le matin. Il ne pouvait s'agir de ma mère, étant donné qu'elle avait pour habitude de me joindre sur mon téléphone portable. Mais dans le doute, j'allais vérifier le numéro qui s'affichait sur le combiné. En voyant qu'il m'était inconnu, j'hésitai avant de décrocher, certaine qu'il ne pouvait s'agir que d'un démarcheur, qui voulait me proposer de faire des économies de bouts de chandelle sur mes prochaines factures. A vrai dire, j'hésitai tellement que le téléphone cessa de sonner. Mais à peine avais-je tourné le dos au bureau sur lequel était posé le combiné, que celui-ci se remit à sonner. Constatant qu'il s'agissait toujours du même numéro, je décidai finalement de décrocher, de peur que cet appel soit en réalité plus important que ce que je le pensais.

Mon Incube - TOME 1 - Rendez-vous nocturnesKde žijí příběhy. Začni objevovat