Chapitre 2

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Septembre 2013

           Que durant la première semaine, je n'ai pu trouver du temps pour me reposer un peu, me semblait logique étant donné les différentes formalités que j'avais à accomplir pour cette nouvelle rentrée scolaire; mais qu'après la première quinzaine du mois, je ne sois toujours pas parvenue à trouver une heure dans l'après-midi pour m'allonger, commençait à me frustrer véritablement. En effet, entre le moment où j'emmenais les enfants à l'école et le moment où j'allais les récupérer, je ne faisais que courir. Les virées au supermarché, la maison à ranger et le tas de paperasse que j'avais à gérer en cette période de l'année, ne me permettaient pas de faire ces petites pauses, qui pourtant devenaient de plus en plus nécessaires. En effet, plus les nuits défilaient, moins j'arrivais à trouver le sommeil. Ce qui transformait la moindre tâche que j'avais à accomplir durant la journée en une corvée insurmontable. Moi qui avais toujours été comblée de prendre soin de ma famille, je commençais à culpabiliser du manque d'enthousiasme que j'éprouvais à tenir mon rôle de mère au foyer. Comment était-il possible que subitement, je sois tentée de replonger dans mon enfance pour pouvoir penser un peu plus à moi? Sans doute parce que je savais que le seul réconfort dont j'avais besoin en ce moment, se trouvait auprès de ma mère. En effet, ayant perdu mon père très jeune, j'avais développé un amour inconditionnel pour ma maman. C'est pourquoi dès que mon rôle de mère me le permettait, j'en profitais pour me réfugier dans le cocon familial. Malheureusement avec le manque de sommeil et les diverses tâches que j'avais à effectuer pour que mes enfants reprennent l'école dans les meilleures conditions possibles, il ne me restait plus que le week-end pour me ressourcer auprès de ma maman. Ce qui vraisemblablement était trop peu pour m'aider à retrouver un bon moral. Désespérée d'être privée aussi longtemps de l'amour et des attentions d'un autre adulte, je me contentais par conséquent de rêver. Pour cela, rien ne m'obligeait à régler mes problèmes d'insomnie, puisque depuis toute petite, j'avais pris l'habitude de laisser mon esprit m'emporter loin de la réalité. Toute éveillée, j'arrivais facilement à me propulser dans une vie imaginaire où il m'était possible de connaître des expériences nouvelles. A vrai dire, comme le père de mes enfants était loin de répondre à mes attentes, j'avais tendance depuis quelques années, à inventer des situations dans lesquelles je pouvais de nouveau connaître le grand frisson. Cependant j'avais un sens moral tellement exacerbé que je préférais replonger à l'époque où mon compagnon me vouait un amour sans faille, plutôt que de m'imaginer dans les bras d'un autre homme. J'arrivais ainsi à réinventer notre relation pour la faire correspondre à l'idéal que je me faisais d'une vie de couple. Certes, lorsque le père de mes enfants m'apportait de nouvelles preuves de son égoïsme, cela ne faisait qu'accroître ma déception, mais bizarrement ces petites escapades dans la vie que je rêvais d'avoir, parvenait à m'apporter la dose de bonheur suffisante pour m'aider à supporter les tracas de mon quotidien.

Le moment du coucher était habituellement propice à ces petites divagations de mon imagination, mais le malaise que je ressentais à chaque fois que je me glissais dans mon lit, m'empêchait de me concentrer sur autre chose que cette sensation étrange d'être observée. Ce qui par conséquent, me gênait pour être véritablement opérationnelle au cours de la journée puisque malgré moi, j'accomplissais mes tâches tout en rêvassant. J'étais d'autant plus distraite, maintenant que j'étais décidée à comprendre l'origine des phénomènes qui perturbaient mes nuits. En effet, même si je commençais à m'habituer à cette présence et qu'elle m'effrayait de moins en moins, les interrogations qu'elle suscitait, se multipliaient dans mon esprit. Néanmoins mon goût prononcé pour la littérature et le cinéma fantastique m'orienta très vite vers une explication paranormale. A part une manifestation surnaturelle, je ne trouvais de toute façon aucune autre raison qui puisse rendre compte des sensations inédites que j'éprouvais. D'ailleurs la conclusion la plus évidente que je tirais de la situation que j'étais en train de vivre, c'était qu'un esprit, vraisemblablement bienveillant, puisqu'il ne m'avait fait aucun mal jusqu'à présent, errait dans ma chambre. Cette explication était parfaitement plausible étant donné que la maison datait du XIXème siècle. En effet, celle-ci m'avait été léguée par ma grand-mère maternelle après sa mort, qui elle-même, en avait hérité de ses parents. J'avais probablement affaire à un de mes aïeuls, ce qui expliquait notamment qu'il ne soit pas agressif avec moi. L'idée qu'un ange gardien veillait peut-être sur moi me vint finalement à l'esprit. Si ce n'était pas mes grands-parents où mes arrières grands-parents, il pouvait très bien s'agir de mon père. De là où il était, il s'était sans doute aperçu que je n'étais pas vraiment heureuse. Il s'inquiétait peut-être pour moi, c'est pourquoi il venait chaque soir, vérifier comment j'allais. Comblée par cette explication, je commençais à apprécier cette présence, qui au lieu de m'effrayer, se mit à m'apaiser. Certaine désormais qu'un être céleste avait pour but de me réconforter, je parvenais à m'endormir beaucoup plus facilement. Du moins jusqu'au jour où le père de mes enfants m'informa qu'il devait s'absenter tout un week-end en raison d'un tournoi de poker qui avait lieu en région parisienne.

Mon Incube - TOME 1 - Rendez-vous nocturnesWhere stories live. Discover now