Suite du chapitre 22

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« J'ai un petit souci avec ma voiture. Elle refuse de démarrer. »

« Et alors, qu'est-ce que tu veux que j'y fasse? Je ne suis pas mécanicien que je sache. »

Je tentais d'être aussi dure que je le pouvais pour lui montrer que sa gifle ne m'avait aucunement intimidée. A vrai dire, j'avais soudain tellement de hargne contre lui, que même si son geste m'avait conduite tout droit sur un lit d'hôpital, j'aurais trouvé la force de me lever pour l'affronter.

« Le problème, c'est que la nuit tombe et qu'il m'est impossible dans ces conditions de voir ce qu'il ne va pas. Je sais que c'est beaucoup te demander après ce qui s'est passé ce matin, mais accepterais-tu que je passe encore une nuit ici? »                                                                                                Mais comment osait-il me demander une telle faveur? Il n'y avait donc rien qui puisse le dissuader de s'éterniser auprès de moi! A ce moment-même, je pensais sérieusement à appeler mon incube pour qu'il le projette à l'autre bout du pays. Mais bizarrement, je sentais que je n'étais pas capable de communiquer avec lui par le biais de la clairaudience, je m'étonnai même que cette rage violente qui émanait désormais de mon cœur ne le pousse pas à pénétrer mon esprit de sa propre initiative. Consciente néanmoins que si j'hésitais ne serait-ce qu'une seconde avant de répondre à mon compagnon, il pourrait croire qu'il avait une chance de m'amadouer, je ne tardai pas à réagir violemment.

«Je t'arrête tout de suite. Si c'est encore un moyen pour essayer de m'attendrir, sache que tout ce qui peut t'arriver désormais me laisse totalement indifférente. De plus, je ne vois pas ce que ça changerait que tu passes la nuit ici, étant donné que même en plein jour, tu serais incapable de trouver d'où vient cette soi-disant panne. Alors maintenant au lieu de perdre ton temps à essayer de me convaincre de faire encore preuve d'indulgence vis-à-vis de toi, tu ferais mieux d'appeler, je ne sais pas moi, une assistance dépannage ou mieux encore, un copain. Vu le nombre que tu en possèdes, tu dois bien en connaître un, qui s'y connaît en mécanique. Et si ce n'est pas le cas, tu peux toujours téléphoner à celui qui a eu la gentillesse de t'héberger, pour qu'il t'emmène toi et tes foutus cartons. Il sera certainement ravi de pouvoir encore te rendre service. »

« Tu me croiras si tu veux, mais je ne tiens plus à faire de mes copains une priorité dans ma vie. D'ailleurs, je n'ai pas l'intention de squatter chez l'un d'entre eux, comme tu sembles le croire. Aujourd'hui, j'ai contacté l'agence immobilière qui se trouve près de mon bureau et par chance, elle m'a proposé une petite maison à louer. Elle ne correspond pas vraiment à mes attentes mais l'avantage, c'est qu'elle est libre de suite. Enfin, plus maintenant, puisque qu'après l'avoir visitée lors de ma pause-déjeuner, j'ai aussitôt signé le bail. Si je te demande de bien vouloir m'héberger encore cette nuit, c'est simplement parce que j'aimerais trouver un moyen de réparer ma voiture à moindre coût. Tu dois comprendre qu'avec tous les frais qui m'attendent pour emménager décemment dans mon nouveau logement, je ne peux me permettre de faire appel à une dépanneuse. »

« Je comprends parfaitement que tu veuilles faire attention à tes dépenses, quoique tu ne m'aies pas habituée à te montrer aussi raisonnable. Seulement, j'ai du mal à comprendre pourquoi tu ne peux pas aller dormir chez toi. Tu n'es tout de même pas attaché à ta voiture au point de refuser de t'en séparer durant une nuit! Tu as peur de quoi? Que quelqu'un te la vole! Si c'est parce qu'elle est chargée que tu t'inquiètes, je t'autorise à remettre tes cartons dans la buanderie. Par contre, il est hors de question que tu passes une nouvelle nuit chez moi. Tu m'entends? Hors de question. »

« Quand je te disais que ce logement ne correspondait pas vraiment à mes attentes, c'est entre autres, parce qu'il se situe en pleine campagne, à une vingtaine de kilomètres d'ici. Ce qui fait un sacré bout de chemin, si je devais y retourner à pieds. Je suis conscient que la solution serait que j'appelle quelqu'un pour m'y accompagner en voiture, mais si je pouvais éviter de faire part de ma vie privée à mon entourage, ça m'arrangerait. Le mieux par conséquent serait que j'emprunte ta voiture! »                                                                                                                                              Même si cette solution était sans doute la meilleure pour qu'il me débarrasse immédiatement le plancher, je ne pouvais me résoudre à lui faciliter la tâche. Il fallait qu'il comprenne que désormais, il ne pouvait compter que sur lui-même, voilà pourquoi je refusai de faire la moindre concession.

Mon Incube - TOME 1 - Rendez-vous nocturnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant