Mon Incube - TOME 1 - Rendez-vous nocturnes

Chapitre 21

Mardi 19 novembre 2013

           Un bruit lancinant se mit à raisonner. Mais d'où provenait-il? Comment pouvais-je le faire taire? J'étais si bien, pourquoi fallait-il que ce son strident m'agresse et me sorte du paradis dans lequel je planais? Soudain, je compris qu'il s'agissait de la sonnerie de mon réveil. Même si je savais qu'elle signifiait qu'il était grand temps que je me lève, je n'avais aucune envie de bouger, pas même pour rétablir le silence. Après quelques minutes, je devinais d'où pouvait provenir ce bien-être profond qui me submergeait par vagues répétitives et puissantes. Les yeux encore fermés, je me mis à sourire, en repensant à la folle expérience que je venais de vivre avec mon incube. Nous avions enfin laissé s'exprimer toute la force de notre amour. Je me sentais différente maintenant que nous nous étions unis physiquement, au point que j'avais le sentiment qu'il était encore en moi. Je n'eus cependant pas le temps de m'attarder sur ce voluptueux souvenir car les enfants firent brusquement irruption dans ma chambre, intrigués sans doute que je n'ai pas encore coupé mon réveil. Dès lors, il me fallut trouver le courage de commencer cette nouvelle journée.

Heureusement, le plaisir qui se diffusait encore tout le long de mes veines me permit d'effectuer mes tâches matinales sans aucunes difficultés. Pour une fois, je prenais même du plaisir à courir à travers les quatre coins de la maison pour ne pas être en retard. Ce qui d'ailleurs, nous valut d'arriver en avance à l'école. Pendant que nous attendions l'ouverture des portes au chaud dans la voiture, je me permis par conséquent de repenser à la manière dont mon incube m'avait témoigné son amour. Je réalisais alors à quel point son attirance pour moi était forte pour qu'il parvienne à passer outre ses réticences. De toute évidence, j'étais désirable au point qu'il lui avait été impossible de me résister plus longtemps. Je dus néanmoins renoncer à m'interroger davantage sur les raisons qui l'avaient brusquement poussé à changer d'avis, lorsque les enfants se mirent à s'agiter en voyant les portes de l'école s'ouvrir. Je descendis alors de la voiture en même temps qu'eux, pour pouvoir les serrer dans mes bras avant qu'ils ne s'échappent rejoindre leurs amis devant le passage clouté. Puis, je les suivis du regard jusqu'à ce qu'ils entrent dans l'établissement avant de remonter dans ma voiture et pouvoir enfin laisser aller mes pensées là où elles voulaient m'emmener. Et il n'y avait apparemment qu'une seule idée à laquelle je voulais désormais me consacrer. C'est pourquoi, une fois de retour à la maison, je décidai de faire une petite pause pour qu'elle puisse occuper mon esprit dans sa totalité. Allongée sur le canapé, je tentai alors de me rappeler dans le moindre détail les derniers instants de la nuit que je venais de passer. Mais très vite, je m'aperçus que ma mémoire était confuse. En effet, j'étais incapable de rétablir une suite logique à la scène que je voulais absolument revivre, ne serait-ce qu'en pensées, un peu comme s'il n'avait été question que d'un rêve. J'avais beau me concentrer pour me remémorer chaque seconde de cette merveilleuse expérience, mais mon esprit semblait émettre de la résistance, ne me fournissant que des flashs plus ou moins obscurs. Je le revoyais planer au dessus de moi puis doucement redescendre pour venir s'allonger tout contre mon corps. Ensuite, je me souvenais de m'être retrouvée entièrement nue contre son corps dévêtu. Par contre, je ne me rappelais pas avoir vu la manière dont il s'y était pris pour nous débarrasser de nos vêtements. Ce qui était sans doute normal, vu que je ne connaissais pas encore toute l'étendue de ses talents surnaturels. Mais le plus intriguant, c'est qu'il m'avait fait découvrir une nouvelle partie de son anatomie qui aurait dû me laisser un souvenir particulier. Or, il ne me semblait pas avoir remarqué qu'elle était différente de celle d'un être humain. Bien que ça me gênait de penser à ce genre de chose, j'essayai d'après les sensations que j'avais ressenties à son contact, d'identifier un indice qui aurait pu m'indiquer que j'avais eu affaire à un démon reproducteur. Mais à part les émotions suscitées par cet accouplement et le plaisir indescriptible sur lequel il avait abouti, je me souvenais à peine d'avoir senti quelque chose pénétrer mon intimité. Était-ce là encore, le fait d'un don particulier pour garder la confiance des plus prudes de ses victimes? Probablement, puisque le déplaisir que pourrait causer un organe exagérément grand et outrageusement vigoureux risquait de desservir le projet d'un incube. Il n'y avait donc rien d'anormal à ce que je me souvienne uniquement du plaisir que j'avais ressenti et qu'il ait été si extraordinaire que je sois dans l'incapacité de me rappeler la manière exacte dont il m'avait été procuré. Surtout que je n'avais pas besoin de me souvenir de cette expérience pour en ressentir encore les effets, puisqu'elle semblait avoir laissé une trace indéfectible en moi. En effet, je me sentais comme possédée. Ce qui ne devait pas me surprendre puisque ça faisait aussi partie des talents d'un démon de pouvoir s'approprier l'enveloppe charnelle d'un être mortel. C'était néanmoins assez troublant de sentir que je n'étais plus seule dans mon corps. Non pas qu'il était dans ma tête comme c'était le cas durant nos échanges en clairaudience, mais je le sentais sous ma peau, au plus profond de ma chair, comme s'il accompagnait le moindre de mes gestes.