22- Le lien.

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Shanks ne fit pas vraiment attention à être suivi ou pas. Il voulait juste passer un moment avec sa fille. C'était son occasion et si le blondin osait s'interposer, il ne répondrait plus de son état.

Il la trouva dans sa chambre face à sa coiffeuse. Elle avait détaché ses cheveux mais semblait incapable de saisir sa brosse. Il s'approcha et toqua doucement. Elle ne se retourna même pas. Elle caressait ses pointes brûlées comme hypnotisée. Shanks se rapprocha, inquiet de ne pas la voir s'enfuir ou lui jeter à nouveau cette fichue lampe à la figure.

Les larmes qui roulaient silencieusement sur les joues de sa fille lui firent terriblement mal au cœur. Il attrapa un coin de sa cape et se baissa à sa gauche. Il se remémora la petite fille qu'il avait accueilli sur son bateau quinze ans auparavant et la manière dont il l'avait habillée à l'époque. Il avait vraiment des goûts terribles. Il repensa à sa propre tenue soupira. Avec sa dégaine il n'aurait jamais pu l'habiller décemment. Il aurait toujours voulu la voir en robe. De jolies petites robes au genou avec un col simple. Bleues ou vertes, rouilles quand elle aurait un peu grandi. Des couleurs qui vont bien aux rousses.

En prenant le coin de son manteau, il essuya tout doucement ses larmes. Alice ne réagit presque pas. A peine tourna-t-elle la tête vers lui. Au moins elle ne lui hurla pas de partir. Il prit sur la coiffeuse un mouchoir en coton et chercha du regard n'importe quelle lotion ou chose liquide pour la peau ou les yeux. Au bout de quelques secondes il repéra une bouteille marquée eau micellaire et en versa sur le coin du tissu. Il essuya tout doucement ses yeux et ses joues.

Alice tourna la tête vers lui et se mordit la lèvre en essayant de retenir ses larmes.

Ne t'arrêtes surtout pas de pleurer. Il faut que tu laisse couler toutes ces larmes. Je m'occupe de les faire disparaître. Dit Shanks à mi-voix en essuyant tout doucement son visage.

Alice renifla et le Roux lui tendis un mouchoir. Elle se moucha et retoucha les pointes brûlées de ses cheveux. Aussitôt de nouvelles larmes affluèrent. Shanks se permit alors de prendre une mèche dans ses doigts.

Quand tu es venue sur mon navire pour la première fois, j'ai passé une heure à te coiffer. J'ai dû te faire terriblement mal ce jour là, pourtant tu ne t'es pas plainte et tu m'as lancé ce sourire... Je n'avais jamais coiffé de cheveux longs avant toi. Je ne l'ai jamais refait d'ailleurs.

Alice continuait de ne rien dire et Shanks prit les choses en main. Il l'invita à se lever et à aller dans la salle de bain. La jeune fille tremblait de tout ses membres et le Roux l'invita à s'appuyer sur lui. Il y avait placé une chaise en face du lavabo et passa près de quarante minutes à essayer de sauver les cheveux de sa fille. Laver une telle épaisseur à une main était particulièrement ardu. Pourtant il s'appliquait comme jamais. Une fois ses cheveux lavés, huilés, brossés et rincés, le résultat fût sans appel. Il fallait couper. Les cheveux roussis étaient pour la plupart tombés durant le lavage ou le brossage mais rien ne pourrait sauver sa longueur. Shanks les avait d'ailleurs jetés petit à petit pour ne pas qu'Alice voit le nombre de mèches disparues. Ses cheveux lui arrivaient en bas des fesses avant le grand combat et après le lavage, ils étaient à présent longs jusqu'au bas de son dos. Et il faudrait encore couper.

Grand-mère adorait mes cheveux. Elle me coiffait et me faisait mes tresses pour les entraînements. Elle n'aimait pas que je les coupes.

Shanks sourit.

C'est de ma faute. Lorsque je t'ai laissé... Je lui ai dit que la seule chose de belle que je ne pourrais jamais te transmettre, ce serait cette couleur.

La fille du RouxWhere stories live. Discover now