Chapitre 9 : Doux-amer

2.6K 212 475
                                    

- Maître Fû persiste à dire que la tempête de la semaine dernière n'était pas naturelle.

Ladybug balançait pensivement ses jambes dans le vide. Debout à côté, Chat noir était immobile. Il laissait ses bras tomber le long du corps et s'offrait à une contemplation mélancolique de l'horizon, avec la triste marque d'une résignation inscrite dans ses yeux verts, que le masque noir faisait singulièrement ressortir.

- Il dit que la cause est artificielle. Ça vient de quelque chose dans Paris.

Chat noir passa une main dans ses boucles blondes décoiffées, méditatif à propos des déclarations de sa coéquipière.

Aucun des deux n'avait été en retard à ce rendez-vous fixé ce jeudi matin, sur l'un des milliers de toits parisiens sur lesquels les deux super-héros de Paris alternaient chaque jour leurs retrouvailles. Le peu de matinée qui s'était écoulé avait présenté un jeudi sans soleil, secondé par cette sorte de nuages noirs qui appuient sur le ciel et le mettent à notre hauteur.

Au fond, Chat noir n'était pas vraiment étonné d'apprendre que la nature n'y était pour rien dans les événements de la semaine passée et que l'intempérie suivait finalement la loi d'une causalité logique. Une tempête d'une telle ampleur ne survient pas sans que personne, au XXIème siècle, ne sache en détecter les signes et les racines.

- Je comprends bien, dit-il alors, mais on a déjà débattu sur le fait que le Papillon n'avait rien à voir avec cette histoire. Il a lui-même déclaré être complètement innocent pendant l'akumatisation d'hier. On a d'autres pistes, à part lui ?

- Non. Le maître ne sait pas très bien lui-même. Il m'a juste dit qu'il était possible d'envisager que... l'équilibre de quelque chose d'important a été fêlé, finit-elle en baissant la voix. Et qu'ainsi les éléments se sont déchaînés.

Un lourd silence se mit à encombrer la distance mise entre eux. Cette ligne était de moins d'un mètre, mais semblait les séparer comme s'il y en avait dix.

- L'équilibre de quelque chose... C'est en rapport avec les Miraculous, tu penses ?

- Je ne sais pas, répondit Ladybug. Peut-être que oui. Les forces de la nature sont intimement liées avec certains des bijoux, donc peut-être.

- Je vois... J'imagine que Maître Fû nous demande d'agir si c'est amené à se reproduire, pas vrai, Ladybug ?

Ladybug serra douloureusement les poings.

Il aurait dû dire « ma Lady ».

Elle avait beau essayer, elle n'arrivait pas à s'habituer à la froideur maussade que mettait désormais Chat noir dans ses paroles lorsqu'ils étaient tous les deux. Depuis qu'ils s'étaient revus après la déclaration du garçon, cette attitude impassible avait été instaurée. Celle-ci ne procurait rien de bon à la jeune fille. Cela baissait ses sourcils, brouillait ses yeux, ajoutait une douleur supplémentaire à son cœur meurtri et enlevait son bonheur d'enfiler le costume qu'elle aimait tant.

Tout était devenu terne. Eux qui avaient été si proches, ils ne se parlaient plus par surnoms, par complicité ou par taquinerie : ils parlaient à présent, comme le voulait Chat noir, par titres, par respect et par devoir. Ladybug ne pouvait pas s'y opposer. Ils ne pouvaient plus avoir leur complicité d'avant. Sinon, c'était injuste et douloureux.

- Peut-être que... ça pourrait ne pas être l'œuvre du Papillon en lui-même, mais de son Miraculous qui dysfonctionne, supposa l'alter-ego d'Adrien en mettant une main au menton. A force d'être trop mal utilisée, sa broche a peut-être perdu son équilibre manichéen et c'est ça qui a déclenché la tempête ? Qu'est-ce que tu en penses ?

Dans la langue de Mozart - Lukadrien (MLB)Where stories live. Discover now