Chapitre 19

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Quand j'émerge de nouveau, je suis seule allongée sur le lit de la chambre d'hôtel. Par réflexe, je me lève d'un bond et fouille la chambre de fond en combles pour m'assurer que je suis seule. Ichiro et l'autre yakuza ont disparu sans rien laisser derrière eux. Les seules traces de leur passage sont les marques violacées laissées par la main d'Ichiro sur mon cou et un bout de papier posé sur le lit.

"A très bientôt, ma reine. N'oublie pas tout ce que tu as à perdre, et qui tu as à perdre. Je compte sur toi pour être obéissante. Ichiro"

Je n'arrive pas à savoir ce qu'il veut : me récupérer, se venger, me tuer ? Peut être les trois. Ichiro est complètement timbré, ça ne m'étonnerait pas qu'il veuille tout cela. Je me laisse tomber sur le matelas, gardant la petite note dans ma main. Je me sens vide. Je ne sais pas quoi faire et même si je trouvais, je ne suis même pas sûre que cela aurait le moindre effet. J'ai perdu avant même que la partie commence. Ichiro me connaît trop bien, il connaît mes forces et surtout mes faiblesses. Il sait que je n'aspire qu'à une chose : retrouver ma liberté et il lui suffit de claquer des doigts pour me remettre une laisse. Je ne peux rien faire, techniquement je suis fichue et tout ce que j'ai essayé de bâtir à New-York me file entre les doigts.

Je n'ai même pas envie de pleurer ou de m'apitoyer sur mon sort, ça ne servirait à rien. La boule d'angoisse dans mon ventre a disparu : pourquoi avoir peur de quelque chose que l'on ne peut pas empêcher ? Il a suffit d'un rien à Ichiro pour me faire trembler de peur à nouveau. Il sait qu'il a déjà gagné, il va donc profiter du jeu tout en connaissant déjà l'issue. Un rire nerveux monte dans ma gorge, je laisse finalement tomber le morceau de papier avant de prendre ma tête dans mes mains. J'ai l'impression de voir passer devant mes yeux tous les moments où j'ai fait le mauvais choix.

Trois coups secs sont frappés à la porte de la chambre. Comme un robot, je me lève pour aller ouvrir. C'est peut être de nouveau Ichiro, ou peut être pas. Non...il ne prendrait plus la peine de frapper pour s'annoncer. Quand j'ouvre, je tombe nez à nez avec le visage impassible de Mark. Derrière lui, j'aperçois Gabriel, l'air renfrogné, les bras croisés. Les voir tous les deux me retournent l'estomac, j'ai l'impression qu'il font partie d'un monde qui m'est à tout jamais refusé.

- Mademoiselle Roy ? M Carter a demandé à nous voir tous les trois, vous...

Mes larmes de dépit, de colère, de haine, qui avait refusé de coulé quelques minutes auparavant, décident tout à coup de dévaler mes joues, coupant net à ce que Mark allait dire. Je me retrouve pitoyable, le visage dégoulinant, mon t-shirt trempé, pieds nus devant mes deux supérieurs en costards. Quelqu'un qui passerait par hasard aurait pu trouver ça original.

Les deux hommes écarquillent les yeux face au torrent qui envahi mon visage. Mark tend la main vers moi, l'air inquiet, mais Gabriel le bouscule sans ménagement pour venir me saisir doucement le bras. Je ne remarque même pas le regard haineux que Mark lance à Gabriel. Sans que je puisse en placer une, Gabriel me pousse doucement sur le canapé sur lequel je tombe plus que je ne m'assois. Il prend place à côté de moi, gardant un bras protecteur autour de mes épaules.

- Sibylle, tout va bien ? Qu'est ce que tu as ? demande Gabriel d'un ton inquiet.

Mark s'agenouille devant moi et essaye de capter mon regard. Je sens la main de Gabriel serrer plus fort mon épaule. Je sens que je ne vais pas apprécier la suite de la conversation. Les deux hommes ont déjà l'air de chercher à en faire plus que l'autre. L'idée d'être le prix de leur guéguerre stupide m'insupporte au plus haut point car là, ce n'est VRAIMENT PAS le moment.

- Est-ce que je peux faire quoi que ce soit ? demande Mark d'une voix apaisante.

J'ouvre la bouche pour répondre quand Gabriel me coupe.

Rédemption (Is It Love ? Gabriel)Where stories live. Discover now