Je restais là, à la fixer. Elle s'éloignait d'un pas rapide. J'étais complètement bloqué. Mon corps entier était figé. J'étais incapable de faire le moindre mouvement. Même le plus petit. J'avais chaud. Très chaud. Trop chaud. Mes yeux ne clignaient pas. Mon cœur battait si rapidement.
Elle était enceinte.
Je le savais.
Je le sentais.
Et c'était une horrible nouvelle.
-Monsieur?
Chani était venu me rejoindre, l'air inquiet. Grâce à son intervention, j'ai pu me sortir de ma possession et enfin bouger. Bouger avec mal, mais bouger.
-Ça va? Elle est ou Audrey?
-Je...Euh. Oui. Tout va bien. Elle est rentrée chez elle je crois. Hum...
Je pris la poubelle remplie de vomi dans mes mains et étrangement, je n'ai pas pu m'empêcher de fixer la substance liquide.
-Hm...Monsieur?
-Hm. Désolé. Eh...
J'ai soupiré et je suis rentré dans la classe la poubelle à la main et je l'ai déposé à sa place, encore visiblement sous le choc.
-Hm...Le cours est terminé. Merci de votre participation. Bonne journée.
-Mais monsieur! Il reste 20 mi...
-Je sais mais...je ne me sens pas très bien moi non plus.
-Vous allez vomir vous aussi monsieur?
-Non, non...
J'ai chuchoté.
-Mais je vais mourir...
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Je suis rentrée chez moi 3 heures après. Je devais prendre l'air. Je devais réfléchir. Je m'étais posé dans un parc et j'ai écrit un message à Audrey. Un message que j'avais recommencé au moins 15 fois.
-Audrey...Tu es enceinte, n'est-ce pas? Je t'en supplie. Réponds moi.
-Oui. Et alors? Qu'est-ce que ça peut te faire?
-Ce que ça peut me faire? Tu es sérieuse? Audrey, je t'en supplie. Je t'aime. Je suis fou amoureux de toi. Et je veux être présent dans la vie de cet enfant. Il a besoin d'un père. J'ai changé d'idée! Je vais l'a quitter. Je vais le faire! Laisse moi être dans sa vie. Laisse moi être dans VOS vies! Tu dois seulement me laisser un peu de temps. Je dois préparer le terrain. M'assurer qu'elle ne manque de rien. Qu'elle ira bien. Ensuite, on emménagera ensemble. On restera le plus subtile possible. Tu vas voir, on va être heureux. Nous 3, ensemble, nous serons enfin heureux...Je t'aime. Je l'aime. Je vous aime! Pardonne moi, et accepte moi.
J'attends...Elle ne répond pas. Je fini donc par rentrer. Je suis restée figé un bon 2 minutes devant ma porte, a essayer de changer l'expression crispé de mon visage. Je n'étais pas prêt. Après avoir pris une grande respiration, je suis enfin rentré.
-Salut, je suis rentré.
-Salut!
Lisa était assise devant l'ordinateur. C'était étrange car elle était habillé. Je l'a dévisage un peu en enlevant mes souliers et je m'approche d'elle, essayant le plus possible d'être normal.
-Tu es sorti?
-Non. Pourquoi?
-Je me demandais. Tu es habillé alors...
-Ah ouais. J'avais envie de m'habiller c'est tout.
-Ah bon? C'est...surprenant.
-Toujours aussi agréables tes commentaires mon amour.
-C'est bon, désolé. Juste...non laisse tomber.
Je me suis retourné rapidement car je sentais les larmes montées. C'était plus fort que moi. J'étais terriblement triste et effrayé. Alors que j'étais dos à elle, je crispa mon visage pour retenir toutes les émotions. Alors que je cherchais une excuse pour partir, Lisa m'adressa encore la parole.
-Rayan...? Je peux te parler?
Je n'ai pas eu le choix de me contrôler et tout ravaler avant de me retourner vers elle. Elle avait détourné son regard de l'écran pour me fixer.
-Oui?
-Non mais...je veux te parler sérieusement.
J'ai levé un sourcil. Depuis 3 ans, elle ne m'avait jamais parlé sérieusement. Du moins, pas intentionnellement. Sauf pour les engueulades. Je me suis assis sur le canapé devant elle et je l'ai regardé intensément. J'ai penché mon corps vers elle, me concentrant à ne pas penser à Audrey et sa grossesse. Ne pas penser au fait que j'allais être père. Ne pas penser au fait que j'avais été assez stupide pour ne pas me protéger. Ne pas penser à rien d'autre qu'à Lisa.
-Raconte moi.
Lisa semblait mal à l'aise. Comme si elle avait peur de me parler. Je dois avouer que c'était blessant. Avant, on se disait tout. Absolument tout. Et nous n'avions pas peur de le faire.
-Tu sais, la psy m'a dit qu'une des meilleures façons de se sortir d'une dépression, est d'avoir un projet. Ça fait un moment qu'elle m'en a parlé mais bon...je ne savais pas trop quoi faire. Mais en réparant la voiture de Chaymae, j'ai eu une idée. Et j'ai fait des recherches. Mais j'aimerais avoir ton avis...
-Et...? De quoi il s'agit?
-J'aimerais éventuellement m'ouvrir un garage.
-Un garage?
-Oui. Tu sais, mon garage à moi. J'aurai des employés et tout.
-D'accord...et avec quel argent?
-Hm, eh bien, je sais que ça sera pas pour tout de suite. On a le temps d'économiser et...
-On?
-Bah oui, Enfin...est-ce que je peux compter sur ton aide?
-Mais Lisa...de quoi ''on''? Plutôt moi non?
-Pardon...?
-Tu ne travailles plus depuis 3 ans et...
-Oui mais je suis quand même payé!
-Oui, de 50% de ton salaire. On va pas chier loin avec ça.
-Mais c'est quoi ton problème?
-J'ai pas de problème Lisa. Seulement il faut que tu comprennes que c'est un gros projet et que ça va coûter cher! Et qu'on y arrivera pas si je suis le seul à travailler! Je suis enseignant, pas médecin! Et si tu recommençais à travailler un peu?
-Je suis pas prête.
-T'es pas prête à travailler mais tu veux t'ouvrir un garage et gérer des employés? Tu es complètement illogique.
-Ferme ta gueule putain! Je fous rien, tu te plain, je m'habille, tu dis des commentaires de merdes, je me trouve un but dans la vie, tu me rabaisse! Fuck! Tu peux pas juste être heureux et m'encourager pour une fois?! J'essaie de m'en sortir! J'essaie d'être heureuse! Je te parle de mon avenir, de notre avenir! Et tu m'envoie chier! Je te demande pas de ramasser tout l'argent! Juste de m'aider! C'est un projet que je vais réaliser petit à petit pour aller mieux! Putain! Va te faire voir!
Elle s'était levé sous le coup de la colère. Chose que je fit aussi.
-Lisa, Je suis désolé, c'est pas ce que je voulais dire! Je...écoute, je suis certain que tu as la capacité d'y arriver. Ce que je crains, c'est ton niveau de volonté. Je...Bon. Oui tu peux compter sur mon aide mais à une seule condition: retournes sur le marché du travail. Je te dis pas de d'y aller à temps plein. Mais y aller petit à petit. 10 heures par semaines par exemple. Non? En plus tu aimes ton travail! Ça peut juste te faire du bien! Lisa, je ne veux pas être le seul à participer à ça. Ce n'est pas ma passion.C'est la tienne.
Lisa ne semblait vraiment pas chaude à l'idée mais elle réfléchissait. Elle fini par souffler et répondre.
-Je vais demander l'avis du médecin.Je dois avoir sa permission avant de retourner travailler...
-Juste ça, ça me donne déjà plus envie de t'aider.
-Hm...Merci...
-De rien...C'est un beau projet. Maintenant excuse moi, je dois aller aux toilettes.
En me dirigeant vers la salle de bain, je senti mon téléphone vibré. Je venais de recevoir un texto. J'ouvris le message et ce que je lu me brisa le peu de bonheur que j'avais cette journée là.
-Wow. Tu es complètement malade. Écoute moi bien Rayan, je t'interdis de quitter ta femme pour moi. Et même si tu le fais, saches que je ne reviendrai pas vers toi. Je ne veux pas de toi. Je t'interdis de t'approcher de moi. Et surtout, SURTOUT, reste loin de MON enfant. Tu es flippant. Tu es un débile. Restes à ta place. J'ai pas besoin de toi. Ni de personne. Au revoir.
Je lu le message 3 fois afin d'être certain d'avoir bien lu. La je n'avais pas le choix. Je devais pleurer. Je lança d'une voix tremblante mais contrôlée à Lisa que j'allais sous la douche et c'est ce que j'ai fait.
À ce moment là, j'étais pris au piège.
Entre ma femme, mon étudiante, et un fœtus.
