Toi, Rayan Zaidi, tu détruis ma vie!

512 34 34
                                    

4 semaines se sont écoulés depuis cette fameuse journée où j'ai dû renoncer à elle.
Cette journée où elle voulait clairement ma mort, mon malheur.

Elle ne m'avait pas vraiment reparlé depuis.

J'avais pourtant bien essayé de le faire. Mais elle me repoussait à chaque fois. Et ce, de façon de plus en plus violente.

Elle m'avait demandé de l'a laisser tranquille. Qu'elle ne voulait plus avoir de lien avec moi.

"Je ne veux pas être entre ta femme et toi! Je ne veux pas être ta maîtresse! Lisa ne mérite pas ça. Assume tes choix et dégage."

C'est ce qu'elle m'a dit la dernière fois qu'on s'est parlé. Il y a à peu près une semaine.

Alors, bien que ça me faisait souffrir, j'ai décidé de respecter son envie et à contre cœur je ne lui parlai plus. Sauf bien sûr lorsqu'il s'agissait de cours.

Elle participait beaucoup moins depuis le dernier mois. Son amie, Chani, était toujours à ses côtés durant mes cours. Cette jeune fille était tellement expressive lors des débats que je démarrais. C'était toujours fascinant de voir tous ces étudiants débattre de tant de choses. J'adorais.

Et un jour, alors que tout le monde débattait sur l'Art dans les jeux vidéos, Audrey fixait le vide.

Tout le monde discutait de façon très mouvementé. Chani bougeait beaucoup pour parler à la personne derrière elle. Ils étaient 3 à être vraiment dans le débat mais toute la classe écoutait attentivement.

Tout le monde, sauf Audrey.

Elle était absente d'esprit.

Elle fixait le vide.

Elle était blanche comme un drap.

Elle avait l'air morte.

Alors que tout le monde parlait extrêmement fort derrière elle, elle ne bougeait pas. J'avais l'impression que l'immeuble pourrait être en feu, elle ne bougerait toujours pas.

Je n'arrivais pas à me concentrer à 100% sur le sujet. Je ne pouvais m'empêcher de détourner mon regard vers elle. Je voyais qu'elle allait mal. Je savais qu'elle n'était pas bien.

Mais je devais être subtile.

Et surtout, je devais être juste.

Je n'arrêtais pas de penser

"C'est une adulte Rayan et elle t'a demandé de l'a laisser tranquille! Laisse la vivre sa vie. Elle peut régler ses problèmes toute seule..."

Le ton fort d'un étudiant me sorti de mes esprits, ce qui me ramena à l'écoute du débat.

-Moi je te dis que je ne comprends pas pourquoi on considère GTA comme un art!

-Mais tu es complètement fou toi?! C'est de l'art! Tu imagines le nombre d'heures que ça a prit pour créer!

J'ai du intervenir un peu.

-Pas d'insulte je vous prie.

-D'accord! Je suis désolée! Non mais sérieux, toute création est un art.

-Et on en parle des sims?

-Les sims?

-Ça! Ca c'est un art.

Le débat continuait comme ça durant un bon 2 minutes. Ça commençait à tourner en rond. Alors j'y mis fin. Audrey n'avait pas bouger du tout. Elle fixait toujours son point. Ça faisait presque peur.

-Bon, ça suffit. Merci pour vos commentaires et votre participation. Effectivement chaque création est un art mais on doit faire attention à "Création" et à "N'importe quoi. " Mais d'un côté, ne m'écoutez pas. L'art est tellement relatif. Bon. Je vais vous donner des feuilles et...

En me retournant vers mon bureau pour ramasser les feuilles, ma phrase est coupé par un gros bruit derrière. Je me retourne rapidement pour constater ce qu'il se passe. C'est la que je vois Audrey courir vers la sortie, la main sur la bouche. Ses cahiers étaient tombés par terre. Elle avait ramassé la petite poubelle en sortant. On l'entendait vomir de la classe. On aurait dit que le démon voulait sortir de son corps.

Alors que tous les étudiants discutaient et riaient de ce qu'il se passait, je leur fit signe de se calmer avant de sortir doucement de la classe.

Audrey était à quatre pattes par terre. La tête par dessus la poubelle. Sa respiration était très forte. Je l'observais ne sachant pas trop quoi faire. Elle semblait vraiment malade. Je pouvais voir que son front était mouillé. Alors que le son de son souffle comblait uniquement le couloir. Après un petit moment d'hésitation, je prends la parole.

-Est-ce que ca va?

Elle ne répond rien. Elle ne relève même pas la tête.

-Audrey?

Elle se remet à vomir deux petits jets.

-Hey...

Elle se met à pleurer. La tête toujours au dessus de la poubelle.

-Hey...ne pleure pas. Audrey je m'inquiète pour toi.

Je m'approche d'elle pour ramasser ses cheveux afin de l'aider à ne pas les salir. Elle me repousse sauvagement avec sa main avant de se lever, me regarder avec le regard le plus horrible que j'ai vu de ma vie et me dire, la voix tremblante remplie de haine:

-Toi, Rayan Zaidi, tu détruis ma vie!

Puis elle se retourna d'un pas enragé et partie. Je la fixais, complètement sous le choc. J'étais dans un autre monde. J'aurais aimé la retenir mais j'en était incapable. Ses paroles m'avaient bloqué.

Audrey était toujours clair mais sans l'être.

Mais cette journée là, par instinct, j'ai compris le sens de ses paroles.

"Tu détruis ma vie."

"Tu"

"Détruis"

"Ma"

"Vie..."

Ça.

Cette phrase.

Cette accusation.

C'était sa façon à elle de me dire

Quelle était enceinte.

Aimer sans croire.Where stories live. Discover now