One Year - Tome 2

-36- There For You

Hurts 2B Human – Pink ft Khalid

« You can count on me, you know I'd have your back »

JUILLET

Nate

Au volant de ma voiture, je quittai Brooklyn Heights pour m'engager un peu plus profondément dans le quartier. Je n'avais pas envie de rentrer tout de suite. 

Je venais de quitter ma maison d'enfance après une visite chez ma mère. Je me rendais souvent là-bas, avec ou sans Angie, pour prendre des nouvelles de ma petite maman. J'avais besoin de savoir qu'elle allait bien, qu'elle se remettait bien, je devais le voir par mes propres yeux. Elle m'avait fait tellement peur, et maintenant je comptais bien profiter de sa présence autant que possible, encore plus qu'avant. 

Comme d'habitude, je m'inquiétais pour rien puisque ma mère était en pleine forme. Je ne l'avais jamais vu aussi en forme d'ailleurs, pas depuis des années. Cela me rassurait. Ses blessures n'étaient plus qu'un lointain souvenir et ses côtes s'étaient bien remises. Tout allait pour le mieux, et elle semblait épanouie. 

Et puis elle semblait heureuse aussi, comme elle ne l'avait plus été depuis le décès de Léo. Et je pensais connaître la raison de son bonheur. J'avais cette impression, ce pressentiment, que mon père n'y était pas pour rien. Il était encore à la maison, officiellement pour aider ma mère dans sa guérison. Mais maintenant qu'elle allait mieux, théoriquement, il n'avait plus aucune raison de rester. Il aurait déjà pu quitter la maison et rejoindre l'appartement qu'il louait depuis quelques années déjà et qu'il occupait lorsqu'il n'était pas en mission. Mais il était toujours là, et j'avais l'impression qu'il était bien installé. 

J'avais confiance en mes parents, et s'ils avaient décidé de se refaire confiance alors je n'étais pas contre. Au contraire, les épreuves de la vie les avaient séparé mais je savais qu'ils n'avaient jamais cessé de s'aimer. Ils n'avaient même pas pu se résoudre à divorcer, ce qui était bien la preuve qu'ils n'avaient jamais perdu espoir en leur relation.

Ces dernières années avaient été difficiles pour nous tous. Mais je crois que nous étions en train de nous reconstruire tout doucement pour repartir sur de bonnes bases, saines et stables, et ainsi construire un futur où il y aurait plus de sourires que de pleurs. En tout cas c'était tout ce que j'espérais, tout ce que je souhaitais de tout mon cœur.

Je tournai à gauche et me rapprochai un peu plus de ma destination finale. Comme j'étais à Brooklyn, j'avais voulu en profiter pour me rendre, encore une fois, sur cet immeuble qui représentait désormais tant pour moi. J'en avais besoin, parfois, d'aller me retrouver là-bas. C'était un lieu calme ou je pouvais réfléchir, prendre du recul sur mes problèmes, ou sur ce qui m'attendait à l'avenir. Ce simple toit qui surmontait ce vieil immeuble vétuste était devenu important pour moi.

Il n'était plus seulement l'endroit qui me rappelait mon frère, et qui me permettait souvent de me sentir à nouveau proche de lui, cet immeuble était aussi devenu le lieu où j'avais rencontré celle qui partageait ma vie, et avec qui je comptais bien finir la mienne. J'avais retrouvé ici une jeune fille paumée, suicidaire et brisée, et je la regardais désormais se reconstruire et s'épanouir de jour en jour. Même si la grossesse continuait à l'angoisser un peu plus à chaque minute. Malgré les hauts et les bas, les jours où tout était plus difficiles pour elle, je savais que le pire était derrière nous. 

Après un dernier virage, j'arrivai à destination. Je me garai juste à côté de l'immeuble mais, sans que je ne sache trop pourquoi, ma tête se tourna plutôt vers ma droite en direction de ce gymnase qui m'avait vu grandir. Je l'observai un instant avant de sortir de ma voiture et, comme poussé par une force invisible, je changeai de plan et me dirigeai vers le gymnase plutôt que vers le toit de l'immeuble.