6 - L'amante du lion

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Zéphyr.

Je ne l'avais pas vu depuis ma cérémonie ratée trois ans auparavant.

J'avais redoublé d'efforts dans mon apprentissage, ne voulant plus jamais faire honte à Anita Hoffman. Trois ans plus tard, je maitrisais le français correctement, sans y inclure le créole réunionnais, l'anglais courant, l'espagnol, des bases d'Allemands, mais également l'écriture et la lecture.

Pour ce qui était de la pratique du vaudouisme, c'était une autre histoire.

Le recueil de magie d'Anita n'était pas suffisant et je devais toujours expérimenter, quitte à m'attirer les foudres d'Hermine Hoffman. J'avais un jour réussi ma première poupée vaudou à partir d'un cheveu d'une domestique. Malheureusement la magie avait tourné et cette dernière était devenue folle jusqu'à danser tout autour d'un arbre pendant trois heures.

Ils avaient dû se mettre à cinq pour la stopper et la désensorceler.

— Et si tu me parlais un peu de toi ? m'avait demandé Thérius, un grand sourire charmeur aux lèvres.

— Tu as du temps à perdre ? Je croyais que tu étais venu pour aider Zéphyr ?

— Il est parti à Londres faire une course et puis... Il y a quelque chose chez toi qui m'intrigues.

« Toi aussi tu m'intrigues » avais-je pensé en plissant les paupières avant d'accepter la discussion. Je l'avais emmené loin dans le jardin sauvage du domaine, dans les hautes herbes et fleurs de toutes les variétés qui me servaient souvent pour ma pratique magique.

J'avais alors raconté ma « fausse histoire », que Zéphyr m'avait sauvé à la Réunion mais sans plus d'explication. Qu'il m'avait ramené ici et que j'apprenais sous la tutelle d'Anita Hoffman, actuellement elle aussi en déplacement à Londres.

Lui s'était très peu livré et m'avait seulement dit qu'il était ami depuis deux ans avec Zéphyr par l'intermédiaire de Mercutio Luz, un autre ami de Zeph que je n'avais jamais rencontré mais dont Miguel m'avait parlé comme étant son cousin.

Le passé évoqué, nous avions continué à parler de tout et de rien comme si nous avions toujours été amis. Thérius avait une facilité à rebondir sur des sujets, créer des discussions sur l'insignifiant, le rendant fascinant mais le plus captivant fut lorsque nous avons parlé de magie.

Il se revendiquait sorcier à la force surhumaine, pouvant transformer son corps en fumée noire à volonté, ce qui lui évitait d'apprendre des sortilèges à rallonge.

Et pourtant, malgré sa sincérité tout au long de la discussion, mon instinct continuait à m'alerter qu'il était dangereux et sûrement pas honnête sur sa vraie nature.

— ...Et alors je lui ai foutu un coup de poing dans le ventre qui l'a fait voler deux mètres plus loin ! J'ai le sang chaud alors quand on me vole ma bière en me prenant pour un con, il faut avoir le corps solide pour supporter mes représailles !

— Quelle idée de voler un type baraqué comme toi ? avais-je dit en me retenant de rire.

— L'être humain est stupide et avare, que veux-tu !... Ah ! Un appel de Merc ! Je vais devoir retourner au manoir.

— Attends !... Tu reviendras me voir ?

— Tu te sens déjà perdue sans moi, chérie ? plaisanta-t-il.

— Tu n'as pas idée de la souffrance qu'impose la solitude. Vraiment.

Thérius m'avait soudain regardé avec un sérieux déconcertant, comme s'il prenait compte de l'importance de mes sentiments, avant de retrouver son sourire et de me faire un clin d'œil.

The Marvelous Lightning [ÉDITÉ CHEZ HLAB]Where stories live. Discover now