Chapitre 2

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Le lendemain, les deux jeunes filles s'étaient retrouvées en cours.
Maëlle n'avait pas tenu rigueur du départ précipité de son amie. Il faut dire qu'elle avait toujours des réactions quelque peu excessives puis le bal occupait suffisamment ses pensées pour qu'elle s'encombre d'une dispute.

Le bal. Il devait avoir lieu d'ici une semaine. Le lundi qui allait arriver plus précisément. Il ne lui restait donc plus que quatre jours pour décider de qui l'accompagnerait. En effet, Maëlle avait toujours eu de nombreux prétendants; alors lorsqu'il fallait en choisir un, cela devenait vite difficile.

En revanche, il s'agissait de l'exact opposé pour Orphée qui n'avait jamais apprécié la compagnie d'autrui. Mais bizarrement, elle avait comme l'impression de devoir aller au bal. C'était une sorte de sentiment de culpabilité mélangé à une mélancolie précoce. Elle ne pouvait pas rater le dernier grand événement de sa vie scolaire.

Perdue dans ses réflexions sur sa venue ou non à la fameuse soirée, elle ne se rendit pas compte de la masse qui s'étala sur le banc à son côté.

- Tu penses à quoi ? demanda Maëlle.
- Je crois que je vais venir au bal finalement.

La brune se leva brusquement et hurla dans toute la cantine :

- Oh mon dieu !! C'est vrai ?!
- Oui. Rassois-toi maintenant.

Maëlle tendit les bras et poussa un cri de victoire avant de daigner reposer ses fesses sur le banc.
Les élèves les fixaient étrangement et Orphée ne s'était pas sentie aussi mal à l'aise depuis un bon moment.

- T'es vraiment bête ma parole, soupira-t-elle.
- On doit te trouver une robe.

Voilà, encore une fois elle avait détourné le sujet vers quelque chose qui l'intéressait plus. Malgré les apparences, Maëlle était quelqu'un d'égocentrique. Elle aimait quand tout tournait autour de sa personne. Alors savoir que sa meilleure amie allait finalement faire comme elle, la rendait particulièrement heureuse.

- Ce soir, après les cours.
- Comment ça ?
- Toi, moi, après les cours.

Et elle partit.
La rousse avait beau être intelligente, elle resta pensive. Que voulait-elle bien dire ? Elle allait bientôt le savoir de toute façon.

Il ne restait maintenant plus que deux heures de cours. L'heure de la récréation avait sonné. D'habitude, Orphée restait en classe à lire. Cependant, aujourd'hui elle se sentait étrange. Elle avait comme un besoin de s'aérer l'esprit et entreprit donc de descendre dans la cour quelques minutes.

Elle arpenta les couloirs, passant de classes en classes, lorsque son regard accrocha un papier noir. Comment pouvait-on l'ignorer étant donné la blancheur du mur auquel il était accroché.

Elle s'approcha doucement, et observa l'affiche :

« J'aime et j'aime celle que j'aime, et qui m'aimera, car je l'aime comme nul autre ne saura, et pourquoi ne m'aimerait-elle pas, celle qui peut d'amour aimer un crapaud, et elle m'aimera, m'aimera, m'aimera.
En bref, au bal accompagne moi. »

Cohen. Voilà qui la surprenait.

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