Will be more | z.m

Tenth

7 JANVIER 2015

Onze jours plus tard, 15:12

Elle avait recommencé les cours après ces vacances de Noël. C'était mercredi, elle avait terminé sa journée de cours un petit peu avant midi et avait profiter de tout ce temps libre pour rentrer chez elle et supplier Zayn d'aller faire les magasins avec elle. Elle avait trouvé quelque chose pour qu'il fasse toujours ce qu'elle voulait, il suffisait de faire sa jolie petite moue adorable devant laquelle fondait le métis. Il fondait tout le temps face à cette tête, mais il ne lui montrait jamais. Tout ce qu'elle voulait elle, c'était se rapprocher un peu de lui, elle en avait marre du fait qu'il l'héberge et la nourrisse. Elle l'aimait quand même un minimum depuis les quarante-cinq jours qu'elle vivait avec lui.

- Sérieusement, tu veux qu'on me reconnaisse, c'est ça? fit-il, bonnet, capuche et lunette de soleil sur le visage.
- Mais non, je te l'ai déjà dit, soupira-t-elle buvant son café qu'elle avait acheté quelques minutes plus tôt. Tu me râles encore dessus à cause de tes parents.
- Je t'ai dit qu'ils avaient bien compris le pourquoi de cette adoption.
- Et à cause de June?
- Arrête avec ça, j'ai qu'à m'abstenir de baiser pendant le temps que t'es là, dans un mois et neuf jours tu te casses de toute façon, fit-il en haussant les épaules.

Peut-être qu'ils n'avaient pas vécu énormément de choses tous les deux, qu'il n'y avait pas réellement eu une nette amélioration de leur relation amicale mais ils avaient désormais l'habitude de se voir, l'habitude de se parler, ce n'était plus quelque chose d'exceptionnel à l'heure d'aujourd'hui. C'était clair que pour elle, il prenait tout doucement place dans son cœur, au même niveau que les quatre autres qu'elle voyait moins souvent étant donné ses journées qu'elle passait exclusivement avec Zayn. Mais elle était arrivée à un stade où elle avait elle aussi besoin de ressentir qu'elle était dans son cœur à lui aussi, et qu'il ne la lâcherait pas comme ses propres parents avaient pu le faire à sa naissance.

- J'aime pas quand tu fais cette tête là, Jessica, fit-il en enlevant ses lunettes de soleil.
- Ah...

Elle ne faisait pas exprès d'avoir cet air interrogé, pensif et dépité. Elle voulait lui dire ce qu'elle pensait de cette relation. Mais elle savait qu'à chaque fois qu'elle essayait d'entrer dans ce sujet, il l'évitait d'une façon ou d'une autre. Ce n'était pourtant pas un sujet si embarrassant que ça, elle se posait seulement des questions. Et puis, de toute façon, il fallait qu'elle s'attende à un comportement du gars non intéressé par la situation. Elle l'avait choisi pour ça d'ailleurs. Elle avait choisi un gars qui se ficherait suffisamment d'elle pour la laisser faire ce qu'elle voulait. Elle avait choisi Zayn et elle en supportait les conséquences maintenant.

- Il y a quoi ? lui demanda-t-il en tournant la tête vers elle.
- Rien.
- Attends, c'est encore ce moment-là du mois, c'est ça? sourit-il.

Il la faisait sourire bêtement, et elle lui tapa le bras. Elle ne savait pas si il faisait semblant de s'intéresser à elle là maintenant, ou si il le faisait seulement parce qu'il voulait jouer son rôle de père. Elle ne savait pas car en réalité, elle ne le connaissait pas. Elle ne savait pas grand chose de lui.

- Tu vas prendre la robe que j'avais vue l'autre fois? Elle était super belle la rouge, fit-il en rentrant dans la boutique.

Peut-être à part sa couleur préférée, sa date de naissance, son style de fille aussi. Son style de fille qui était apparemment comme June, la fille de Noël comme l'appelait Jessica lorsqu'elle reparlait de cette histoire. Elle était pas forcément grande et brune. Elle ne savait rien d'autre de lui, et c'était peut-être mieux comme ça, vu qu'il avait hâte qu'elle parte de chez lui.

- Je sais pas trop, elle était un peu trop voyante, non?
- Tu t'en fiches, tu la prends et tu la mettrais quand tu viendras à nos concerts ou l'autre, sourit-il.

Elle hocha la tête.

- T'as pas l'impression qu'on a manqué plein de choses pendant ces quatre ans?demanda-t-elle, hésitante.
- Qu'est-ce que tu veux encore dire?

Elle haussa les épaules, et soupira par la suite.

- On s'entend bien, je trouve ça nul qu'on se soit toujours ignorés.
- Je pense comme toi, Jessica.

C'était déjà une bonne chose.

- En fait, à cause de ça, dit-elle en allant prendre la robe qu'ils avaient vue la fois passée, j'ai toujours l'impression que tu te fous de moi, que tu me trouves ennuyante, chiante, gamine... je sais que ça peut paraître con mais je crois que je m'habituerai jamais au fait qu'on se parle, maintenant, comparé à ce même jour de l'année passée par exemple.

Il l'écoutait attentivement, ne sachant pas forcément quoi lui répondre. Elle venait de lui tendre son café qu'il termina, comme à chaque fois qu'ils prenaient un géant. C'était vrai qu'il se fichait d'elle, mais pas au point de ne plus jamais la revoir. Il avait toujours été la voir avec les autres car elle l'intriguait, elle lui faisait quelque chose d'indescriptible qui n'était pas une attirance, autre chose encore. Il ne la détestait évidemment pas, et il comprenait qu'aujourd'hui, elle avait besoin d'en parler sérieusement.

- Je t'ai déjà dit que si tu étais partie loin d'ici, ça m'aurait rien fait, parce que je savais de toute façon qu'on se serait revu un jour ou l'autre. Tu sais, te revoir c'était tout ce qui m'importait. C'est pas que je me fiche de toi, mais il faut au moins que je te vois une fois au bout d'un temps pour que je me sente bien en fait, il faut pas croire que t'es rien pour moi, Jessica. Je sais que c'est l'impression que je donne à tout le monde mais c'est pas vrai.
- Ton comportement et tes paroles ne sont vraiment pas cohérents en tout cas, sourit-elle, heureuse de ce qu'il venait de lui dire.
- Quoi, j'aurais dû te prendre dans mes bras à chaque fois? Je fais pas ça, moi.
- Non mais la bise, ça aurait été cool quand même, et même parlé quelques fois, ou me regarder.
- Mademoiselle voulait que je la regarde? fit-il avec un sourire dans le coin de ses lèvres tout en partant vers la caisse. Déjà que tu étais jalouse de June, rigola-t-il en lui faisant un coup de coude.

Elle tombait des nues. Il racontait n'importe quoi et il savait à quel point elle détestait ça, elle leva les yeux au ciel tout en payant avec la carte du pakistanais et en repartant ensuite dans la galerie commerciale avec un paquet de plus à la main.

- Rigole un peu, sourit-il en jetant le gobelet de café dans une poubelle.
- Mais ce que tu dis fais pas rire, ce soir-là, j'avais failli y passer moi aussi.
- T'es bête, jamais je l'aurais fait, rit-il.

Encore ce fameux soir d'il y a exactement dix jours. Ils en reparlaient quelques fois, toujours sous la rigolade mais pourquoi ils en parlaient finalement? C'était pourtant une scène délicate lorsqu'on prenait en compte ce que chacun avait ressenti. Elle repensa à son corps collé contre le sien, ses bras l'ayant entourée durant seulement une dizaine de seconde et ses lèvres s'étant promenées sur une petite partie sensible de sa peau.

- Je te crois, fit-elle, sérieusement.
- Tu sais, le jour où les garçons sont venus à la maison et qu'ils ne savaient pas que je t'avais adoptée, Harry m'a demandé pourquoi on ne s'était jamais parlés. Et je lui ai répondu que je ne savais pas pourquoi, raconta-t-il.
- Intéressant, rigola-t-elle.

Ils continuaient de marcher ensemble, tous les deux dans la galerie, prêts à rejoindre la voiture dehors. Ils profitaient d'être ensemble d'ailleurs, ils s'appréciaient et aimaient la compagnie qu'il recevait de l'un et de l'autre. Une fois à l'extérieur, ils partirent vers le parking, rejoignant la voiture dans le silence jusqu'à ce que le chanteur prenne la parole, faisant tourner la tête de la brune vers lui.

- Je crois que c'était parce qu'en fait, j'étais jaloux du contact fort et facile qu'ils avaient tous eu avec toi le premier jour alors que le courant n'est pas très bien passé entre nous. Je trouve ça con.
- Tu n'avais pas été là le premier jour, Zayn, fit-elle en baissant la tête.
- Ouais, à croire que j'aurai dû, haussa-t-il les épaules.