Lunia

Chapitre 13

- C'est gigantesque ici.

- Tu t'y habitueras Anna, j'y ai bien été obligée.

- Oui mais toi, tu es forte Chloé.

Elle sourit et me regarda dans les yeux. Soudain, son visage se crispa. Elle baissa les yeux, et paraissait déboussolée.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Anna, tu ne sais pas à quel point nous avons besoin de cette guerre. Il faut sauver notre planète de cette haine qui nous plane au dessus de la tête.

- Ne t'en fais pas, ça va aller.

- Ne dis pas ça Anna. Ça n'ira plus jamais. J'ai été traitée comme un vulgaire animal par les Maîtres, et on m'a envoyé à Efosia comme esclave, mais n'obéissant pas, ils m'ont envoyé en dehors de la ville. Et me voilà, ici à Lunia, où je veux prendre ma revanche. Je vais me venger, Anna. Ils vont payer pour tout le mal qu'ils ont fait.

- Je comprends. Moi aussi, ils ont tenté de me faire du mal. Même Lucas m'a trahi.

- Lucas ? C'est pas possible...

- Il a préféré rester de leur côté pour devenir un Maître à son tour. Il m'a menacé de me tuer, puisque je voulais partir.

Je me mis à pleurer. Chloé me prit dans ses bras et me berça. J'étais dévastée. Je ne croyais toujours pas à ce qu'il se passait dans ma vie.

- Je suis là, Anna. Détends-toi s'il te plaît, tout va s'arranger. Je suis certaine que Lucas saura voir quelle femme formidable tu es, et il fera tout pour se faire pardonner.

- Merci Chloé.

- Mais tu dois savoir une chose très importante.

Son regard devint vide et obscur. Je la fixai, attendant d'écouter ce qu'elle avait à me dire. Elle marqua plusieurs secondes de silence, et elle prit une grande inspiration.

- Si Lucas se met sur notre chemin, durant la grande bataille que nous enclencherons...

Elle plongea son regard dans le mien.

- Nous serons obligés de nous battre contre lui, ou bien même de le tuer. Est-ce que tu en serais capable, s'il se trouvait devant toi ?

- Pour le moment, je ne sais pas.

- Tu vas me répondre Anna. Est-ce que tu serais capable de lui faire du mal ?

- Tu sais très bien comment je suis.

- Beaucoup trop pure. Comme la Lune.

On percevait au loin le centre de la ville, éclairé par la lumière lunaire qui l'enveloppait. Nous nous trouvions sur le toit de la maison de Trix. Elle avait accepté de m'héberger chez elle durant un temps.

- Lunia est destinée à disparaître, quand nous en aurons terminé.

C'était Trix. Elle venait de nous rejoindre.

- Qu'est-ce que vous voulez faire, au juste, avec cette guerre ?

- Nous devons tous mourir.

- Quoi ?

- Anna, écoute-la.

- Regarde, chérie. Tu te souviens du paysage que tu as vu, quand tu es sortie de ton endroit paradisiaque ?

- C'était délabré.

- Et il y avait un oxygène, qui respiré en grande quantité, aurait très bien pu te tuer si je n'avais pas été là.

- Je ne vois pas le rapport avec le fait que nous devions tous mourir.

- Nous avons déjà fait tant de mal à notre planète.

- Ce que tu essayes de m'expliquer est que nous devons sacrifier tout le monde, et nous suicider par la suite ? À quoi cela servirait-il ? Purifier la planète de ses meurtriers pour que par la suite plus personne ne puisse profiter de ce que la nature a à nous offrir ?

- Tu ne comprends pas. Tu as la même mentalité que ces crétins.

Trix se mit en colère. Je ne voulais pas me mettre en travers de leur chemin, je voulais même les aider. Mais je voulais également rester en vie, et ça plus que tout.

- Excuse-moi, Trix. Je ne voulais pas dire quoi que ce soit qui soit contre vous.

- C'est bon.

Elle partit sans demander son reste. J'observai cette ville active de nuit, et je sentais une atmosphère bien différente de celle que je connaissais auparavant. En y réfléchissant bien, je n'avais jamais réellement vu le ciel, celui d'Efosia étant artificiel. Je l'avais deviné, et ce depuis le début, que quelque chose clochait. Chloé me tapota l'épaule.

- Je sais que ça semble fou, Anna, mais une fois que nous aurons abattu les Maîtres, il ne manquera que notre suicide pour venger cette planète.

- Tu n'aurais jamais pensé ça avant de venir ici, Chloé.

- Peut-être, mais maintenant, ce sont mes convictions.

Elle me sourit, m'embrassa sur la joue, et partit. Je plongeai dans mes pensées profondes, et j'avais déjà une petite idée des évènements qui allaient se dérouler, en tout cas, pour moi. Je ne pouvais leur permettre d'éteindre la race humaine de cette planète.