Lunia

Chapitre 8

Je sortis de cette forêt qui désormais me donnait des centaines de frissons. Je levai les yeux un peu plus en hauteur, et regardai au dessus des feuillages immenses. Je me demandai ce qu'il pouvait bien se trouver derrière la montagne gigantesque au loin, là où j'étais tombée sur Chloé et cet homme qui semblait ne lui vouloir que du mal.

Je m'avançai. Vers la base où je me rendais, un Maître se tenait droit, les bras croisé et l'air sévère, en me regardant arriver. Je baissai les yeux, et je m'excusai d'être arrivée en retard, mon excursion ayant pris plus de temps que prévu. Il fut clément avec moi et me pardonna, m'expliquant qu'il ne tolèrerait plus aucun retard de ma part.

Je commençais très mal ma nouvelle vie. D'abord, j'ai perdu la trace de ma meilleure amie. Ensuite, je me suis évanouie. Et enfin, pensant avoir retrouvé Chloé, elle disparaissait de nouveau, transférée dans un endroit qui m'était encore inconnu. Quelque chose ne tournait pas rond dans cette ville, et il fallait que je découvre ce qu'il se tramait ici.

Je rejoignis ceux de ma promotion dans un hangar. Ils étaient tous en train de s'entrainer, l'un à donner des coups dans un sac de frappe, l'autre à grimper à une corde, et certains utilisaient les appareils de musculation le regard vide. Je les regardai dubitative et pendant une longue minute. Pourquoi s'entrainaient-ils ? On ne m'avait pourtant rien dit. Je me souvins alors que j'avais manqué plusieurs explications et que j'étais en retard sur les autres. Je savais bien que les choses ne viendraient pas à moi seules, alors je me mis en tête d'aller demander de plus amples informations aux Maîtres qui étaient chargés de s'occuper de nous.

Je ressortis alors de cet endroit qui ne sentait qu'effort et transpiration. Je décidai tout d'abord, malgré ce qu'il s'était passé plus tôt dans la journée, d'aller demander des informations à Lucas. Je m'approchai de son adresse, scrutant les rues où les trottoirs étaient ornés de bouleaux et les murs des appartements recouverts de lierres. Il n'y avait pas ce que l'on pouvait appeler « voiture ». Il y avait des vélos à disposition, comme ceux que l'on pouvait emprunter à Via. Mais j'étais proche de chez Lucas, alors je n'en avais pas besoin.

J'arrivai sur le pas de sa porte, et je crois bien qu'il n'était pas chez lui. Je tentai tout de même de sonner, mais je n'eus aucune réponse en retour. Soupirant, et faisant marche arrière je l'aperçus devant moi, en train de me regarder.

- Qu'est-ce que tu veux Anna ?

Je le regardai silencieusement en me rapprochant de Lucas. Arrivée face à lui, je levai la tête pour le regarder droit dans ses yeux noirs.

- Tu voudrais bien m'aider ?

- T'aider à quoi ? À espionner tes supérieurs dans les bois ?

- Je suis tombée sur eux par hasard.

- Tiens-toi bien loin de là-bas, je ne veux pas t'y revoir.

- Je suis venue pour que tu m'aides à comprendre ce que je fais ici, ou en tout cas ce que je dois y faire.

- Efosia veut tout simplement construire un monde encore meilleur.

- Et je dois m'entrainer et devenir une machine de guerre pour y arriver ?

- Pourquoi tu ne peux pas juste être normale et faire tout comme les autres pour une fois ?

- Je ne suis pas un mouton. Et je ne veux pas être utilisée comme un objet par les Maîtres.

- C'est toi qui as choisi d'être ici. Et tu as fait le bon choix.

- Si je pouvais revenir en arrière, je changerais de voie.

- Tu ne me rejoindrais pas ?

- Avec la façon dont tu me traites ? Non merci je préfère rentrer à Via.

- Tu ne peux pas y retourner. Tu es coincée ici. Et personne ne veut aller à Lu...

- Lu ?

- Rien. Va t'entraîner. Sinon, les Maîtres devront te donner leur punition.

Il partit à la direction inverse de là où je devais partir, et il avait l'air angoissé à l'idée d'avoir pu dire quelque chose qu'il ne fallait pas dire.