Chapitre 10

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Après m'être entrainée comme les autres, nous nous regroupâmes tous ensemble, pour le bilan des Maîtres.

On devait se tenir d'aplomb, le regard vide droit devant nous, en répondant présent à leur appel. Le Maître que j'avais croisé la nuit dans le couloir ne cessait de m'observer, avec un sourire au coin des lèvres qui ne me plaisait guère. Il me faisait peur. Je le vis s'approcha de moi, et il attrapa mon menton. Je me retins pour ne pas le frapper et je gardai le plus grand calme possible. Il approcha son visage du mien, et approcha sa bouche de mon oreille afin de me chuchoter une chose qui me fit frissonner.

- Eh bien, tu fais moins la maline n'est-ce pas ?

Je le regardai s'éloigner de moi, à mon grand soulagement, et on nous permit de nous en aller rejoindre nos chambres.

Arrivée dans la mienne, je me rendis compte qu'il n'y avait pas de caméra non plus dans cette pièce. Je soupirai d'apaisement et je m'avachis sur mon lit. Je pouvais enfin respirer. Je me demandai si toutes mes journées allaient se passer ainsi, ce que je n'espérais pas. Je me mis en tête que tout ce cinéma ne durerait pas longtemps, et que je devais agir, pour retrouver Chloé. Je serrai un oreiller dans mes bras pour soulager ma peine d'avoir perdu ma seule amie.

J'entendis alors une sirène signifiant qu'il était l'heure de l'extinction des feux, et soudain, je vis la poignée de ma porte se tourner. Je commençai de nouveau à angoisser, jusqu'à ce que je vu Lucas. Avant qu'il ne referme la porte derrière lui, je vis un mystérieux homme passer dans le couloir, habillé d'un uniforme que je ne connaissais pas.

- C'est le Maître en chef de Acua.

- Comment ?

- J'ai vu comment tu l'as regardé. Oui il n'est pas d'ici, et il est là pour affaire.

Devais-je continuer de jouer la comédie devant lui ? Il allait bientôt faire partie des Maîtres, et je ne savais pas si je pouvais continuer de lui faire confiance.

Il s'assit sur un tabouret qui se trouvait devant mon lit, et me fixa.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Anna, est-ce que tu es toi-même ?

Je ne répondis pas et je détournai le regard.

- Je le savais. Tu as résisté à l'hypnose. Je suis soulagé...

- Je...

- Je ne dirai rien. Comment est-ce que tu as fait ?

- Je ne sais pas.

- Ne leur dis rien. Ils pourraient te tuer s'ils le savaient.

- Mais c'est quoi votre problème à la fin ? Je venais pour vivre une vie paisible et voilà que je me transforme en machine de guerre Lucas !

- C'est compliqué. Mais on fait ça pour le bien de notre monde. Un jour tu nous comprendras.

- Je ne compte pas rester ici Lucas. Je veux partir.

- Anna tu ne comprends vraiment pas. Tu ne peux pas partir d'ici.

- Comment Chloé est-elle partie alors ?

- Tu as vu Chloé ? Où ça ?

- Dans la forêt.

Il me regarda, un peu perdu.

- Je ne connais pas encore les plans des Maîtres, alors je ne sais pas où est Chloé. Je t'en prie Anna, ne fais pas de bêtises, tu pourrais devenir un Maître avec moi, et nous pourrions, grâce à Efosia, rendre le monde meilleur.

- Non Lucas. Ma place est auprès de ma meilleure amie, et pas ici où on nous fait des lavages de cerveaux.

Il ne me répondit pas, et resta planté là, à regarder la moquette.

- Je suppose que tu ne changeras pas d'avis ?

- Non.

- Je ne veux pas me battre contre toi Anna.

- S'il le faut tu le devras.

Il soupira et me prit dans ses bras. Je le serrai très fort, avec un pincement au cœur. Mais je ne me sentais pas à ma place ici, et j'avais peur. Je ne voulais pas jouer au robot toutes les journées de ce qu'il restait de ma vie.

Il me lâcha, et il partit sans dire autre mot. Alors, discrètement, je suis allée retenir la porte pour sortir de la pièce, et je sortis, marchant jusqu'au bout de ce couloir dé métal qui n'en finissait pas. J'arrivai devant une porte gigantesque, mal fermée et entre-ouverte, et j'entendis la voix très grave d'un homme, posée, en pleine discussion. Je jetai un coup d'œil par la fente de la porte, et sur une table disposée près de l'entrée était posée une carte, qui me rappela étrangement cet objet qu'avait utilisé l'homme qui avait emmené Chloé dans la forêt. J'écoutai alors leur conversation, tentant de ne faire aucun bruit.

- Si seulement vous acceptiez ma proposition, vous pourriez devenir maître de ce monde à mes côtés.

- Fluva ne nous a rien fait.

- Ce ne sont que de misérables microbes. Nous ne perdrions pas grand-chose pour la grande bataille.

- Ce sont toujours des hommes forts, alors si, nous perdrions de très bons combattants.

- Ce ne sont que des racailles. Nous ne savons même pas s'ils accepteront de capituler pour attaquer les rebelles.

- Est-ce que vous avez besoin de quelque chose d'autre, Richard ? Ou est-ce que je peux rentrer à Acua ?

- Vous pouvez vous en aller. Mais vous ne savez pas ce que vous perdez en refusant mon offre. Revenez à Efosia si vous changez d'avis, qui sait, quelque chose pourrait peut-être vous faire changer d'avis ?

Alors qu'ils terminaient leur conversation, j'essayai d'attraper avec discrétion la carte toute proche de moi. Cependant, en me penchant trop, j'eus le malheur de faire bouger la porte, ce qui fit retentir un grincement strident.

- Qui est-ce ? Qui est là ?

Je pris peur et je partis en courant jusqu'à ma chambre, m'enfermant à clé de l'intérieur. Je me réfugiais dans mon lit bien trop grand pour moi, et je tentai tant bien que mal de m'endormir. Au final, la fatigue prit le dessus sur mes tourments, et je plongeai aussitôt dans le monde des rêves, seul endroit où je pouvais me sentir en sécurité.

LuniaWhere stories live. Discover now