Chapitre 9

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J'étais retournée en trainant des pieds au hangar, où les Maîtres m'attendaient, l'air stricts, et plein de questions.

- Où étais-tu encore passée ? Tu n'as donc pas retenu ce que je t'ai dit tout à l'heure ?

- Excusez-moi, mais je suis vraiment perdue. Je me suis évanouie à mon arrivée, et je ne sais pas ce que je dois faire, personne ne me l'a expliqué.

Un autre Maître arriva à côté du premier. Je me concentrai sur son visage, que je reconnu immédiatement. C'était celui que j'avais croisé la nuit précédente dans le couloir.

- Elle ne mentait donc pas, la jeunette. Tu ne connais donc vraiment pas les règles ? Suis-moi, je vais te les enseigner.

Il avait l'air si vicieux que je le craignais déjà. Je recula de quelques pas et je lui répondis fermement.

- Non, ça ira. J'apprendrai toute seule.

Voulant prendre retraite, on me retint par le bras.

- Tu vas nous suivre.

Ils commencèrent leur marche, me trainant derrière eux. Je ne savais pas où ils m'emmenaient. On arriva devant un petit bâtiment, tout blanc, et on entra à l'intérieur. On aurait dit un laboratoire. On me traina et on m'assit sur une chaise.

- Détends-toi. On va te mettre un casque sur la tête. Il t'apprendra toutes les règles que tu as à savoir.

Je n'avais vraiment pas confiance, et je commençais à trembler. J'étais certaine que l'on allait me faire un lavage de cerveau, et que je deviendrai une machine comme mes anciens compagnons. Alors, je devais tenir tête. Je devais être plus forte que leur casque à la noix.

On me mit l'objet sur la tête. Ils me demandèrent si j'étais prête, mais n'attendirent pas que je leur réponde pour enclencher leur mécanisme.

Je sentis des picotements dans tout mon corps, comme si l'on me donnait des décharges électriques. Je n'arrivais plus à bouger. Une petite voix s'installa dans ma tête, et je n'arrivais pas à m'en libérer.

- Bienvenue à Efosia, cette ville si apaisante et si calme, et félicitation pour avoir passé avec succès le test d'entrée. Tu fais partie de l'élite désormais, et tu dois protéger ta nation. Efosia est et restera le meilleur choix de vie à faire. Mais il faudra t'habituer aux entrainements intensifs qui te permettront de te battre corps et âme pour ta patrie. Ne t'en fais pas, il n'y a pas de guerre prévue. C'est juste au cas où. Et si un jour, tu deviens la meilleure, toi aussi, tu pourras devenir un Maître.

- Je ne veux pas devenir comme eux.

- Que fais-tu ici Anna ?

- Comment savez-vous mon nom ? Je suis bien en train de parler à un robot, n'est-ce pas ?

- Je suis une intelligence artificielle. Mais je suis dotée de capacités extraordinaires qui m'ont été transmises par mon créateur.

- Tu es leur esclave.

- Je ne ressens aucune émotion, Anna. Je ne suis qu'une machine. J'ai été crée pour exécuter les ordres des Maîtres. Seulement, c'est la première fois que quelqu'un essaye de me parler, et j'en suis honorée.

- Tu ne peux pas te rebeller ?

- Je n'ai pas été conçue pour ça.

- Comment t'appelles-tu ?

- Je n'ai pas de nom. Je ne sers qu'à hypnotiser et donner des informations.

- Est-ce que j'ai été hypnotisée ?

- Non, tu ne l'as pas été. Tu as résisté.

- Tu es de quel côté ?

- Je vais devoir mettre fin à la session Anna. Je suis désolée. Mais gardez en mémoire tout ce que je vous ai dit...

Elle marqua quelques secondes de silence.

- Tu as le pouvoir de changer les choses, Anna.

Soudain, j'ouvris les yeux en sursautant, à cause d'une dernière décharge électrique qui avait parcouru mon corps. Je ne savais pas comment réagir face aux deux maîtres qui ne cessaient de me regarder. J'étais censée avoir été hypnotisée, alors je devais agir comme mes compagnons de Via. Je devais agir comme un robot.

- Alors ? Tu es prête à te mettre au travail ?

- Oui Maître.

- Très bien, suis-nous.

Ils n'eurent pas à me trainer derrière eux, comme j'étais censée être à leurs ordres. Soudain j'aperçus Lucas qui arriva nerveusement vers nous.

- Vous ne l'avez pas fait ? Je vous avais demandé de ne pas le faire.

- Nous y étions obligés. Tu sais très bien qu'elle a vu quelque chose qu'elle n'était pas censée voir.

- Je la connais, et elle n'aurait rien dit.

- C'est trop tard Lucas. Ne sois pas irrespectueux envers nous. Tu sais que tu es sur le point de devenir un Maître comme nous, mais nous pouvons toujours nous y opposer si tu te mets en travers de notre chemin.

Il les regarda en serrant les dents. Il s'approcha de moi et posa une main sur chacune de mes épaules.

- Anna, est-ce que ça va ?

Je ne devais pas être moi-même. Je devais agir comme ils le souhaitaient.

- Oui, je vais bien. Je dois aller m'entrainer, excuse-moi.

Non. Ça n'allait pas, vraiment pas. Je ne savais pas combien de temps j'arriverais à jouer la comédie.

Lorsque l'on arriva au hangar, on me laissa seule, et je me dirigeai vers les vestiaires. Alors que je voulais souffler un peu en redevenant moi-même, j'inspectai la pièce. J'avais observé qu'il y avait des caméras de surveillance un peu partout à Efosia, mais il semblait qu'ils respectaient, heureusement, l'intimité de ses habitants. Je fermis la porte, et je m'allongeai sur l'un des bancs. Je pris une grande respiration, laissant tomber mes paupières à en cacher mes yeux, Je souris, et je parlai tout haut.

- Dans quelle merde est-ce que je me suis mise ?

LuniaWhere stories live. Discover now