CHAPITRE 15 : seconde chance.

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- Menteur ! s'offusqua Alix. Je t'ai vu, avec ton petit sourire. Comment il s'appelle ?

- Ce n'est pas... hésita Ambroise. C'est rien de sérieux, juste un site de rencontre.

Les deux filles échangèrent un regard entendu et Ange fut persuadé qu'elles avaient deviné bien avant ses aveux.

- Il y en a des sympas ? demanda la blonde aux mèches turquoise.

- Ça va. À vrai dire, pour le moment, ce n'est pas ce qui m'intéresse. Je ne veux rien de sérieux.

- Oh, le cachottier ! Dis-nous tout.

Ange tâta les poches de son jean pour trouver son téléphone. Il n'était pas certain de vouloir entendre parler des conquêtes d'un soir de son ami. Son désespoir de ne pas le dénicher augmenta alors que le brun commençait à parler du mec « le mieux foutu qu'il avait vu de toute sa vie ».

- Je crois que j'ai oublié mon téléphone dans ma veste, marmonna-t-il.

Il se leva et quitta le salon avant d'entendre les détails salaces. Il remonta le couloir, ouvrit la porte de la chambre et se figea dans l'embrasure en voyant Marin et Simon assis sur le lit. Le premier avait le visage enfoui dans ses mains et ses épaules tressautaient légèrement, alors que son meilleur ami avait une main posée sur son épaule.

- Marin ? appela le blond d'une voix inquiète. Qu'est-ce qui se passe ?

L'appelé sursauta et releva la tête, une main plaquée sur sa paupière pour cacher son œil abîmé. Ange sentit son cœur se serrer en voyant les traces de larmes sur ses joues, son iris rougi et la détresse au fond de son regard. Sans réfléchir, il avança vers lui. Tout ce qu'il voulait, c'était faire disparaître cette vision. Voir Marin dans cet état le mettait à mal, il le trouvait presque effrayant. Pourtant, il se figea lorsqu'il vit sa peine se changer en colère, en une seconde à peine.

- Putain, Ange ! gronda le châtain. Qu'est-ce que tu fous là ?

L'étudiant écarquilla les yeux devant l'animosité directe que lui portait Marin. Une boule se forma dans sa gorge et il se tassa sur lui-même sous son regard brûlant. Il détourna les yeux, incapable de le soutenir, et attrapa sa veste.

- Je voulais juste prendre ça, se justifia-t-il.

- Ben tu l'as, dégage maintenant ! ordonna le soigneur animalier en désignant la porte de sa main libre.

- Marin ! le réprimanda Simon.

Choqué par ses paroles, Ange ne réagit pas immédiatement. Il resta figé sur place en se disant que ce ne pouvait être qu'une autre de ses blagues. Pourtant, sa colère était bien réelle. Rassemblant ses idées, le blond parvint à quitter la chambre, mais il resta planté quelques instants dans le couloir, complètement chamboulé. Il ne pensait pas qu'un tel rejet pouvait faire aussi mal. Son cœur balançait entre l'inquiétude et la douleur. Il ne comprenait pas cette violence gratuite, pas après s'être senti si bien entre ses bras. Les paroles du châtain tournaient en boucle dans sa tête, avec son timbre de voix sévère. Dégage.

Ange fit un premier pas incertain et jeta un coup d'œil au salon, où les discussions allaient toujours de bon train. Silencieux, il se réfugia dans l'entrée et quitta l'appartement sans réfléchir. Il se sentait incapable de faire face à ses amis, de faire semblant. L'idée de recroiser Marin lui donner mal au ventre. Il avait beau chercher, il ne comprenait pas ce qu'il avait pu faire pour mériter une telle ire.

Le vent frais de la nuit le fit frissonner et il enfila sa veste pour s'en protéger. Ses mains tremblantes trouvèrent refuge dans ses poches. Le blond jeta un coup d'œil derrière lui, hésitant, mais un sentiment de rejet lui broya le cœur. C'était trop pour lui. Il marcha jusqu'à l'arrêt de transport en commun le plus proche et se laissa tomber sur le banc après avoir consulté les horaires. Le prochain bus de nuit ne passait que dans quarante minutes. Ange inspira profondément dans l'espoir de soulager sa poitrine douloureuse, en vain. La gorge nouée, il s'interdisait de craquer à l'extérieur. Pourtant, il était hanté par l'éclat de colère qu'il avait vu dans l'iris vert. Ce même iris qui l'avait contemplé avec toute la douceur du monde quelques heures plus tôt.

Entre ciel et merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant