Le temps des héritiers 6 (Rose)

Depuis le début
                                    

Une nouvelle fois leur rire résonnèrent dans le couloir vide. Je ne m'étais jamais senti aussi mal de ma vie.

Soudain, je me fis bousculer.

- Espèce de connard.

Je vis la tignasse frisée de Noah passer devant moi et se jeter sur Grégoire. Je hoquetais de surprise et reculais d'un pas.

Apparement Noah avait une nouvelle fois trouvé bon de se mêler de mes affaires, depuis quand était-il là? Qu'avait-il entendu? Assez apparement pour mettre son poing dans la figure de mon harceleur.

Tétanisée, je regardais sans réagir les quatre adolescents se battre juste devant mes yeux. Je poussais un cri lorsque le poing de Noah fit craquer de façon sonore le nez de Grégoire. Ce bruit ne laissait aucun doute sur la nature de la blessure.

Et puis une porte claqua. Un pion, puis un second, s'interposèrent pour mettre fin à la bagarre. Les deux surveillants trop occupés à gérer les cinq adolescents ne firent pas attention à moi, j'en profitais donc pour m'éclipser.

Le souffle court, la démarche rapide et les yeux embuées par mes larmes, je dévalais les escaliers du bâtiment et traversais les ruelles qui me menèrent jusqu'à chez moi.

Comment en étais-je arrivée là? Comment cela avait il pu arriver?

Oui j'avais été assez stupide pour croire que Raphaël avait eu des sentiments pour moi. Oui je lui avais envoyé des photos de moi en sous-vêtement quand il m'avait demandé de le faire. Mais c'était un jeu de séduction et j'avais eu confiance en lui. Oui c'est vrai du jour au lendemain, il ne m'avait plus adressé. Oui ça m'avait blessé, oui je m'étais senti salie.

MAIS, quelles étaient les chances que Raphaël et Grégoire se connaissent?

Ma vie était merdique. Pourquoi moi? Qu'est ce que j'avais fait pour mériter ça? Pourquoi le sort s'acharnait sur moi?

Demain tout le collège verrait ses photos, les gens allaient parler sur moi. Et ma soeur allait voir ses photos, qu'est ce qu'elle allait penser de moi. Elle n'aurait jamais été assez stupide pour faire ce genre de chose. Et encore moins pour faire confiance à un gars comme Raphaël.

Et mes parents , mes frères, s'ils apprenaient par le savoir... La honte.

J'avais tellement honte.

En pleurs, je rentrais chez moi. J'aurais tellement voulu que quelqu'un soit là, même si je ne voulais pas parler, juste des bras pour me réconforter aurait été d'une grande aide.

Encore une fois livrée à moi même, je fis la seule chose qui me soulageait un peu. Peut être que ce n'était pas la solution, mais quand je me coupais j'arrivais à reporter ma douleur et mes pensés sur autre chose. La douleur physique apaisait un peu la douleur morale.

Mais cette fois si la douleur dans mon corps était tellement forte qu'une seule coupure n'eut pas l'effet escompté. Je tentais de faire une seconde coupure mais mes ciseaux n'étaient pas aussi efficace que je l'aurais voulu. Agacée, je les balançais sur le sol de ma chambre et me précipitais dans la salle de bain de Sacha. J'ouvris tous les tiroirs et trouvais enfin ce que je voulais.

Assise sur le sol de la salle de bain, une lame entre les mains, je m'infligeais une seconde coupure sur mon avant bras, puis une troisième, plus bas.

Mon coeur et ma tête étaient en ébullition, tellement de sensation se bousculé dans mon coeur. La panique rendait tout si irrationnel. Mes idées n'étaient plus très claires, mais je continuais à me couper pensant que ça me permettrait d'évacuer toute la douleur.

C'est lorsque je fis la sixième coupures et que mon bras commençait à se recouvrir de sang que je paniquais.

D'habitude ça ne saignait pas autant. Je laissais tomber la lame sur le carrelage et tentais de compresser mon bras avec mon autre main. Mais le sang continuais à couler.

- Oh non. Murmurais-je.

J'observais horrifiée, le sang commençait à tâcher mon jean. Je tentais de calmer ma respiration qui s'accélérait. En vain, la panique me gagnait peu à peu.

Ma gorge se serrait, ma cage thoracique me brulait et j'avais de plus en plus de mal à respirer.

Je ne voulais pas mourir.

Lorsque j'observais une nouvelle fois mon bras, mes pleurs redoublèrent. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de me couper autant.

Les événements de la journée m'avait dépassés et j'avais perdu le contrôle pendant de longues minutes. La panique et la tristesse m'avaient embrouillé l'esprit.

En pleur, j'attrapais tremblante une serviette de toilette et la pressais contre mon bras. Le sang rouge qui recouvrit la serviette ne m'aida pas à calmer mon angoisse.

Le souffle court je reposais ma tête contre le mur, priant Dieu pour que le sang cesse de couler.

- Je ne veux pas mourir. Murmurais-je en espérant que Dieu m'entende.

Et je crois qu'il m'avait entendu car deux secondes plus tard, j'entendis des pas dans le couloir, puis un rire que je connaissais bien.

- Sacha. Appelais-je entre deux sanglots.

Ma gorge serrée m'avait empêché de parler assez fort. Je fermais les yeux, éclaircis ma gorge et appelais une seconde fois mon frère.

Cinq secondes plus tard, la porte de la salle de bain s'ouvrit. Je relevais les yeux vers mon frère. Lorsqu'il me vit son sourire s'effaça aussitôt. Et une expression horrifiée prit place sur son visage.

Son inquiétude accentua ma panique.

Je crois que la situation était assez grave. J'éclatais une nouvelle fois en sanglots alors que je peinais à reprendre mon souffle.

- Putain mais Rose qu'est-ce que tu as fait?

LimpideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant