7 août (Avec mot enfant)

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La contrainte est: le chapitre doit contenir le mot enfant.

Londres, le métro passe et repasse, transportant son lot de passagers épuisés, parfois hagards.

1H du matin, le trafic s'arrête. Les roulements mécaniques et les bruits de grincement des freins se sont tus.

Dans les souterrains, l'eau immonde dégouline. Les rats font la fête. Les acteurs de la nuit se mettent en mouvement. Ici, un corps remue sous une couverture sale et mitée. Là, un individu squelettique allume sa clope, peut-être la dernière. Les pauvres hères commencent à se rassembler. Un brouhaha discret naît lentement. Des bruits de timbales et de casseroles font écho dans ce tunnel désaffecté où grouillent la misère humaine, les exclus de la société de la surface. Ici, c'est la communauté, l'entraide. Un enfant pleure. Sa mère a disparu en quête de nourriture. Si l'on descend plus bas, ce ne sont plus que des fantômes errant sans but précis qui attendent la fin. Un lieu repoussant par ses odeurs et ses détritus. Le crime a rendez-vous bien plus souvent qu'on ne le croit ici. Cela se fait sans témoin, en toute impunité, c'est la loi de la jungle.

Neverman regarde sa montre. Il est bientôt temps de faire le tour de ces êtres perdus et abandonnés qui n'ont plus d'identité. Dans son bunker qu'il a aménagé avec un relatif confort, il choisit avec soin sa tenue. Ce soir, il va sortir le grand jeu, une cape drapée et une coiffe seigneuriale. N'est-il pas après tout le maître qui règne sur ce monde? Sa tunique lui enserre le thorax et cache son secret. Son cœur flotte dans l'aquarium entouré par des poissons-ventouse qui aspirent les mucosités. Le miroir lui renvoie une image qui satisfait son orgueil. Ses pupilles étrécies comme des pointes d'aiguille étincellent d'obscurité. Il s'apprête à descendre faire régner sa loi dans ce domaine qui autrefois appartenait à un autre. Le congélateur de son repaire renferme un cadavre dépecé dont il consomme chaque jour un morceau. L'âme du mort a été domptée et capturée. Elle vit à travers ses propres yeux.

Neverman initie son défilé, palpe et pique du bout de son glaive ceux qui ne se lèvent pas pour le saluer ou lui rendre hommage. Il laisse derrière lui un mince filet rougeâtre en une traînée sur le sol bétonné. La rigole rougeoie, ses pupilles se dilatent. L'animal a faim et soif. Quelle sera sa prochaine proie?

Au loin, on entend toujours les pleurs de l'enfant, un cri déchirant dans la nuit de tous les cauchemars.

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